Grimper

2017, UN ÉTÉ EN OR POUR ROMAIN DESGRANGES

(L’HOMME QUI NE SE DÉCOURAGEA­IT JAMAIS)

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Elle a pourtant mal démarré, cette saison 2017, avec une amère troisième place au Championna­t de France à Valence, laissant la gloire à Manu Romain, absent pourtant pendant trois ans du circuit ! Mais ne pas se décourager, Romain sait faire. D’ailleurs, depuis longtemps il sait aussi comment gagner. Et cette année, il l’a bien prouvé. Retour sur ce dé-blocage poly-victorieux.

Champion d’Europe à Campitello devant Adam Ondra, vainqueur de la Coupe du monde à Villars, et de nouveau à Briançon, ça fait trois médailles d’or en un mois. Ça va, tu es toujours sur ton nuage ? Non, je suis retourné à l’entraîneme­nt ! Il le faut bien, pour préparer la fin de la saison, et voir plus loin. Sinon, ça peut faire des mauvaises surprises… On est à mi-chemin, il reste encore quatre étapes de Coupe du monde, et pour garder ma première place au classement général, il vaut mieux que je redescende de mon nuage ! C’est ta quinzième saison en Coupe du monde. Et c’est la meilleure. Comment expliques-tu que le succès ait mis si longtemps à être enfin au rendez-vous après toutes ces années décevantes ? Tu as changé un truc ? L’an dernier déjà, j’avais fait une bonne saison. J’étais 3e du général, avec une médaille d’or à Arco, et l’argent à Briançon. Donc cette année, en effet, c’est encore mieux ! Il n’y a pas vraiment une raison, c’est un mélange de plein de trucs. Moi, je n’ai pas un don pour l’escalade. Il faut que je travaille plus que d’autres, chez qui il y a une part d’inné, pour arriver au même point. Donc ça peut prendre plus de temps. Par contre, j’ai un don pour l’entraîneme­nt, pour bosser comme un stakhano, pour serrer les dents et trouver la volonté d’y retourner toujours, malgré les déceptions. Tu as un mental infaillibl­e pour t’entraîner comme un forcené, mais en compétitio­n, quand tu chutes, c’est toujours la tête qui n’a pas tenu. C’est pas un peu contradict­oire ? En fait ce n’est pas le même volet psychologi­que dans les deux cas. Je sais très bien revenir d’une compète déçu et me dire allez, retournes-y, il faut que tu t’entraînes encore plus. Mais par contre, je ne suis pas un compétiteu­r né. Arriver avec les dents qui rayent le parquet, je ne savais pas faire. Moi j’avais la pression, j’avais peur. Il fallait que j’apprenne ça. J’ai été longtemps plus fort à l’entraîneme­nt qu’en compétitio­n. Il y a trois ans, c’était vraiment révélateur : si les compétitio­ns s’étaient arrêtées aux demi-finales, j’aurais tout gagné haut la main ! Mais je n’arrivais pas à aller jusqu’au bout. Il fallait que je m’entraîne davantage encore sur ce volet mental, et que je continue à muscler la tête, à apprendre à gérer mes émotions, à déjouer les moments de panique. On dirait que tu arrives beaucoup mieux à aller jusqu’au bout ! Tu es enfin lancé ? Oui, ça commence à se voir et à se sentir ! Cette année, il y a eu des compètes où j’étais premier du début jusqu’à la fin, où j’ai dû gérer cette position de favori, et où j’ai gagné quand même. C’est donc bien que ça progresse !

Quel est ton état d’esprit en ce matin de miseptembr­e ? J’ai des courbature­s de partout, mais je vais pas tarder à aller m’entraîner ! Il faut prendre les bonnes nouvelles aussi bien que les mauvaises. Si j’avais eu un mauvais début de saison, je serais retourné m’entraîner avec toute la hargne de la déception. Là, j’ai eu un début de saison merveilleu­x, au-delà de mes attentes. Et bien, c’est pareil ! Je ne vais pas m’endormir pour autant, au contraire, je dois retourner au travail pour pouvoir aller chercher encore des moments comme ça. Surtout que les autres, eux, sont rentrés chez eux pour s’entraîner en se disant, il faut battre Romain Desgranges ! Et à mi-chemin de la saison, tout est encore possible. Le pire, comme le meilleur.

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 ??  ?? Sous les feux de la rampe, Romain Desgranges s’apprête à topper la voie de f inale de la Coupe du Monde de Chamonix, le 13 juillet 2017. Malgré une prestation impeccable, il reste au pied du podium ce soir-là, et devra se contenter d’une standing...
Sous les feux de la rampe, Romain Desgranges s’apprête à topper la voie de f inale de la Coupe du Monde de Chamonix, le 13 juillet 2017. Malgré une prestation impeccable, il reste au pied du podium ce soir-là, et devra se contenter d’une standing...

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