BLOC SESSION
LE GRAND RÉSEAU DES PETITES SALLES
Jean-François Schreiber et Matthieu Lupo sont les deux associés à la tête de ce groupe avec un développement résolument tourné vers une simplification de la pratique via des salles sobres et sans fioritures. Le concept repose donc sur de petites et moyennes salles, exclusivement de bloc, implantées en périphérie de grosses villes comme Marseille, Toulon ou Montpellier ou dans des agglomérations plus modestes telles que Gap ou La Ciotat. Une idée qui se développe à contre-courant mais qui semble porter ses fruits avec une firme qui est parvenue à construire neuf salles d’escalade en quatre ans, et qui projette déjà d’en ouvrir une dixième pour s’étendre vers le nord de la France. « Notre but, ce n’est pas de manger ou de dominer le marché, mais de le compléter. Le modèle que l’on développe est plus agile et nous permet de nous implanter partout très rapidement, même dans de petites agglomérations. Beaucoup de grimpeurs cherchent des salles à taille humaine, plus familiales et plus conviviales, mais sans compromis sur la partie grimpe. Nous sommes, je crois, le bon intermédiaire » défend Jean-François Schreiber lorsque nous avons pu l’interroger au sujet de ses salles.
Un développement sans folie des grandeurs
Même si cette affirmation peut prêter à sourire à la vue d’un réseau déjà bien implanté et développé, les surfaces des salles Bloc Session n’ont rien à voir avec les gros groupes d’escalade qui se disputent le leadership sur le marché en France. Par exemple, la première salle privée de l’île de beauté, Bloc Session Ajaccio, propose 350 m² grimpable pour 450 m² au sol. Cette offre, montée en partenariat avec des insulaires, colle à la demande d’Ajaccio, tant sur l’esprit que sur la taille d’une agglomération de 50 000 personnes. « Le modèle des grosses salles standardisées ne peut pas fonctionner partout. » Jean-François Schreiber admet aussi que les deux modèles sont complémentaires et ont chacun leur place sur le marché. Hormis la surface des salles, c’est aussi tout le concept qui se veut recentré sur l’escalade : pas d’espace de restauration, de gros équipements de musculation ou de sauna, juste un espace bar convivial et systématiquement une école d’escalade et des activités outdoor en partenariat avec les communautés de l’escalade locales. Dans une salle, il faut compter en moyenne deux employés, toujours spécialistes de l’escalade. Ce modèle simplifié se répercute aussi sur le prix de l’entrée qui est affiché en moyenne à 40 % moins cher que la concurrence. « Chez nous on ne chill pas, on grimpe entre amis… » plaisante-t-il.
La force des franchisés
« Nous n’avons pas vocation à investir majoritairement dans toutes les salles. Dans 90 % des cas, les franchises sont des salles gérées par des indépendants locaux amoureux de l’escalade, mais qui ont peu d’expérience ou d’appétence pour la partie gestion et administrative d’une petite entreprise, ou simplement qui ne veulent pas réinventer un modèle qui fonctionne. Nous sommes alors présents pour apporter un réel support, notre expérience, nos designs aussi, et des outils pour aider ces nouveaux entrepreneurs. » Ici, Jean-François Schreiber insiste sur la confiance et l’entre-aide entre un franchiseur et son franchisé dans le but de démocratiser l’escalade avec des passionnés qui connaissent une communauté, une région, une culture de la grimpe. Le franchiseur apporte des solutions techniques, informatiques et humaines et des processus à l’indépendant qui peut alors se focaliser sur l’escalade dans sa salle et sur l’accueil de ses clients. Le fondateur précise « Fort de notre expérience et nos outils, nous sommes capables d’accompagner ou de monter une salle en quatre mois. » Un modèle économique simple et efficace, permettant un retour sur investissement rapide, attractif pour les banques, et donc adapté à une expansion dynamique tout conservant l’indépendance sur le plan capitalistique.
Un marché ouvert à tous
Quel est l’avenir des salles d’escalade ? C’est à cette question que Jean-François Schreiber a tenté de répondre. Selon lui, deux tendances vont se développer en parallèle. La première est l’escalade moderne, 2.0, qui est « certainement plus ludique et assez séduisante pour les jeunes urbains. Les populations des villes et centres-villes aiment cette escalade qui se rapproche de la gymnastique, et un peu moins du rocher… c’est dans l’air du temps, avec ou sans les JO d’ailleurs. » La deuxième tendance des salles d’escalade est une vision différente mais pas opposée, plutôt complémentaire : « C’est une escalade avec une gestuelle plus proche de la grimpe d’origine : celle de la falaise ou du bloc naturel et que développent les salles originellement implantées proche des sites extérieurs. On espère voir les indépendants se fédérer pour continuer à développer cette escalade, sans se faire nécessairement happer par le bulldozer des gros groupes surinvestis. Il y a une demande croissante pour les deux et on pense pouvoir cohabiter sereinement dans les années à venir. » Voici, en quelques phrases, une vision emplie d’espoir et d’optimisme concernant le futur de l’escalade en salle, Bloc Session souhaite bien sûr participer à cette évolution, et continuer son développement.