CORTIGRIMPE
Hervé Chappaz DE LA MONTAGNE À LA RÉSINE, IL N’Y A QU’UN PAS
Cortigrimpe, c’est la salle de bloc du Savoyard. Du fait de sa position géographique, la firme est étroitement liée à la Montagne avec un grand « M ». D’abord implanté à Annecy depuis l’automne 2015, puis à Chambéry en décembre 2018, le groupe prévoit d’ouvrir une troisième salle dans l’Ain, à Saint-Genis-Pouilly près de Genève pour fin 2019. Nous avons recueilli les propos de l’ancien guide de haute montagne et désormais fondateur et gérant de Cortigrimpe, Hervé Chappaz, associé à son ami « montagnard mais pas grimpeur », Joël Lansard, qui s’occupe de la partie restauration. Ils se sont associés avec « quelques copains venus prêter main-forte », mais restent tous deux majoritaires dans la société. Hervé Chappaz indique qu’il « n’a pas la dimension d’un entrepreneur qui veut ouvrir 25 salles. Mais on veut faire des partenariats, rencontrer des gens et créer un réseau local. » Dans la boucle, nous pouvons ajouter Luc Blanchet, ami des associés et P.-D.G. de la firme Botanic qui aident le projet financièrement en construisant les locaux des salles Cortigrimpe. La force de l’équipe est de connaître l’escalade et montagne aussi qu’ils pratiquent en tant que guides de haute montagne.
Côté investissement, lorsqu’Hervé Chappaz se souvient s’être lancé dans l’aventure, il admet avoir eu besoin de rassurer les banques sur ce projet. « Il y a 4 ans, les banques et les comptables ne savaient pas ce qu’était l’escalade. » L’outil adéquat pour solidifier et rentabiliser un tel projet était d’intégrer une partie restauration au projet, élément tangible et chiffrable pour les banquiers. L’initiateur de l’idée reconnaît après coup que « l’atmosphère d’un restaurant, d’un repas et d’une bière c’est avant tout chaleureux, c’est du partage, c’est l’esprit de la grimpe » mais qu’« aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on pourrait tourner sans le restaurant. »
« Pour l’aventure de Chambéry c’est un de nos anciens clients d’Annecy qui voulait changer de boulot. Il souhaitait ouvrir une salle d’escalade et bosser avec nous, alors nous lui avons fait confiance et on s’est lancé avec eux dans l’aventure ! » Une communauté solide, tellement que des grimpeurs historiques de la salle d’Annecy ont souhaité ouvrir une salle à Chambéry sous le nom de Cortigrimpe. Une franchise gratuite pour l’instant et pour un euro symbolique révèle Hervé Chappaz. « On lui facture les heures d’ouvertures de nos ouvreurs, du travail et l’aide qu’on peut lui procurer sur les différents processus. C’est une expérience, une collaboration, un échange de services. C’est formellement sous forme de franchise, mais concrètement plus dans un esprit collaboratif. » Ce début d’expansion est, comme le dit le fondateur, « un réel atout de pouvoir profiter de plusieurs salles relativement proches les unes des autres. C’est un réseau qui correspond aux grimpeurs du coin, qui bossent, qui prennent la voiture et qui sont coincés dans les bouchons. » Le but étant de pouvoir trouver une salle Cortigrimpe non loin de chez soi, de son lieu de travail ou même de son embouteillage !
« Une bonne moitié de ma clientèle [...] grimpe au-delà de la salle ! »
Principalement orientées bloc, les salles Cortigrimpe proposent également un petit mur de corde à Annecy, de 10 m de haut. Prochainement, près de Genève, ce sera un mur de 12 m avec des voies en 7a/b max. Hervé Chappaz admet que « le bloc c’est une gestion simplifiée et c’est moins de tracas. » Malgré un positionnement en Savoie et Haute Savoie historiquement plus axé sur la voie, et Hervé Chappaz l’explique facilement, sa clientèle n’est pas novice : « La plupart de nos grimpeurs vont en falaise, ils connaissent la grimpe. C’est aussi pour ça, à la demande de nos clients, que
l’on a fait un petit espace corde. » Il précise cependant que le bloc est plus propice aux rencontres et à la convivialité. « Il y a aussi plus d’échanges sur ce genre de structure, l’ambiance change, il faut que ça bouge et que ça discute. » Autre avantage de la salle de bloc : « la réalité du foncier fait que les infrastructures pour du bloc ou de la voie n’ont pas le même coût. Les proportions des bâtiments dédiés au bloc restent raisonnables. »
La communauté s’anime autour de passions communes que sont l’escalade et la montagne en général. Néanmoins, là où certains seraient inquiets de la dépendance à la météo d’une salle située au pied des falaises. Le gérant lui est confiant et content de ce rythme équilibré entre les jours de pluie et de beau temps : « Quand il fait beau, personne n’est à la salle et tout le monde part dans les montagnes. Le lundi soir après le boulot, les discussions tournent autour des randonnées ou des via-ferrata du week-end » narre le gérant. Il ajoute que « tout ce microcosme s’entretient, on crée des espaces avec bibliothèques, des topos, des cartes de la région mais aussi des livres sur la culture grimpe. »
Loin de la compétition, plus proche de la nature
« C’est sûr que je ne peux pas voir l’Olympisme d’un oeil négatif pour le business mais ma clientèle n’est pas trop compétition. » Hervé Chappaz reconnaît regarder toutes ces compétitions d’un oeil curieux mais « trouve simplement dommage d’avoir une désaffection du milieu naturel par la fédération. C’est vraiment dommage de délaisser la nature vis-à-vis des évènements en salle. » Pour remédier à cela, la dernière idée de Cortigrimpe est de se rapprocher du bureau des guides d’Annecy. Ils s’aperçoivent que la population dans les salles d’escalade utilise cette discipline pour avoir une approche en douceur de la montagne, de la falaise, des grandes voies mais aussi de l’alpinisme. « Nous sommes la première vitrine pour les gens qui veulent pratiquer ce genre d’activité en montagne. On a beaucoup de questions de gens qui veulent se former. » L’idée était d’accompagner les novices avec un groupe de professionnel dont c’est le métier. « Nous nous devons d’être force proposition pour ces nouveaux grimpeurs, de leur faire découvrir les merveilles de la montagne et de la grimpe en extérieur. »