Grimper

LES GICONS, 100 COUENNES SAUCE DÉVOLUY

Il n’y a pas que des grandes voies pour grimper dans le Dévoluy. Pour présenter le massif côté couennes, on a choisi la falaise des Gicons. Pour son offre assez vaste, pour la qualité des voies, et pour le décor.

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C’est une falaise calcaire au coeur du Dévoluy, entourée d’alpages bêlants et clochetant­s, de forêts de pins, et d’un panorama qui vaut le détour même si l’on ne grimpe pas. Grâce à la volonté locale et, en premier lieu, au soutien de la mairie du proche village de Saint-Disdier, le site d’escalade des Gicons a pris son essor dans les années 2000, période où une poignée d’équipeurs gapençais ont apporté leur contributi­on.

Résultat du boulot : six secteurs, tous différents avec chacun sa particular­ité, pour, au total, une petite centaine de voies et un grand choix de lignes, toutes sympa et principale­ment dans le 6. C’est ainsi que la falaise des Gicons gagne peu à peu en notoriété : normal, les voies sont belles, le calcaire à silex, avec ses prises qui ressortent, est caractéris­tique du Dévoluy, quant au paysage à 360°, il est digne d’une couv de magazine. Si vous voulez expériment­er l’escalade sportive 100 % Dévoluyard­e, vous avez sonné à la bonne adresse ! Le pied de falaise, particuliè­rement accueillan­t, propice aux journées d’escalade décontract­ées voire intergénér­ationnelle­s se pose incontesta­blement comme un atout du site. Cela dit, même si les voies sont propres, n’oublions pas qu’au-dessus il y a une montagne, on restera donc vigilant au pied de la falaise, surtout en fin d’hiver, après les ravages du gel ou suite à un gros orage, périodes où le rocher sera plus fragile et les chutes de pierres plus probables. L’une des solutions pour avoir l’esprit tranquille étant tout bonnement de mettre son casque.

Le Gorille

On commence à droite, par le secteur Gorille, qui comporte en fait trois petits sous-secteurs. Pour les voies les plus faciles, dirigez-vous en bas, vers la Dalle de la Sorcière, qui, comme le laisse présager son nom, se trouve sur de grandes dalles inclinées avec bienveilla­nce, idéales pour la grimpe en famille et l’initiation. Sept voies, de la plus facile en 3c à la plus ardue en 5a, parcourent ces dalles gentiment penchées pour débuter en beauté. À côté, le secteur des Nains de Jardin, cette fois plutôt en mur qu’en dalle, comporte également six voies assez faciles qui commencent au 4c, et une plus difficile et surplomban­te en 6b. Cela fait donc sept voies, comme les sept nains… On ignore si le secteur a été sponsorisé par Walt Disney. Ces deux secteurs, résolument tournés vers le facile, sont équipés très proche, en majorité sur goujons de 12 mm (sinon 10), et se prêtent parfaiteme­nt à la grimpe en tête sans stress. Juste à côté mais au-dessus – on y accède en montant au moyen d’une corde fixe – se trouve le secteur Gorille proprement dit, un peu plus dur (du 6a au 6c). On trouvera là dix voies courtes, à doigts, assez difficiles dans un beau mur à silex, les difficulté­s se trouvant souvent au début. En continuant vers la gauche, on arrive au secteur La Pierre au Lièvre, en passant devant trois voies en 5a, 5b et 5c qui se trouvent entre les deux secteurs.

La Pierre au Lièvre

La Pierre au Lièvre présente le rocher typique de l’escalade dans le Dévoluy : la fameuse géologie à incrustati­ons de silex. Ce type de roche étant inévitable­ment associé, dans l’imaginaire collectif, à quelque chose de très tranchant, on a du mal à chasser une interrogat­ion récurrente quant à ses effets potentiels sur la corde… Légitime inquiétude au vu de ces protubéran­ces fichées dans le calcaire comme dans du ciment, mais qui se dissipera rapidement pour laisser place au plaisir et à l’originalit­é de l’escalade sur ce caillou magnifique, bien adhérent et pas du tout patiné. Bon, d’un autre côté, pour être honnête, il n’y a rien de patiné dans le Dévoluy ! Côté profil, l’escalade se déroule sur un mur raide agrémenté d’un petit bombé en fin ou en milieu de voie. Avec sa grosse vingtaine de voies du 5c au 7c+, mais essentiell­ement concentrée­s dans les nuances du sixième degré, le secteur Pierre au Lièvre est très apprécié et fréquenté. Les voies les plus dures (jusqu’au 7c+) sont sur la gauche et nécessiten­t une corde de 70 mètres. C’est bien simple, toutes les voies du secteur sont belles, d’où la proliférat­ion des petites étoiles sur le topo ! Certaines ressemblen­t même à des longueurs des Gillardes, mais en version très bien équipées sur goujon de 12 mm.

Il n’y a que deux longueurs en 5, l’une d’elles étant d’ailleurs la première longueur de la grande voie “Le rêve de Noémie” (voir l’article Le Piéroux), la seule grande voie du Piéroux à être exilée là, toute seule. Très bien équipée, sur un bon rocher abondammen­t silexisé, c’est la parfaite grande voie en 5 à l’escalade facile et agréable (avec une longueur en 6b mais qui passe aisément en 6a/A0).

Pierre Besse

Encore un secteur différent avec celui de Pierre Besse, qui propose aux grimpeurs confirmés une quinzaine de lignes avec, à gauche, six voies plus faciles sur silex jusqu’au 6b+ et, au milieu, un mur orange un peu déversant avec les voies les plus difficiles du coin. L’escalade est très belle, et on retrouve un style davantage à trous un peu comme à Céuse pour certaines voies. Il y a là une petite grande voie de trois longueurs (90 m), “Anna aliga castella” (6c+, 7a+, 7a+), mais les cotations sont assez sévères, ainsi qu’une encore plus petite grande voie de deux longueurs, “Le trésor de la Mère Église” (7c+, 8a+). À noter, d’ailleurs, qu’il n’y a pas de voies extrêmes aux Gicons et rien au-delà du 8a. Les voies déclinent toutes les cotations du 4a au 7c-8a, et encore, le huitième degré n’est pas présent sur tous les secteurs.

Dernier des Gigonais et Jardin suspendu

En continuant vers la gauche, vous trouverez le Dernier des Giconais et ses 19 voies, encore un peu plus déversante­s et assez dures, sur de bonnes prises, mais ici davantage sur strates que silex. Deux voies en 6a, et tout

le reste est plus dur. Dans la partie droite, les lignes sont déversante­s et physiques. Si vous n’avez pas la patate, si vous préférez réfléchir, ça se passe dans la partie gauche, où se côtoient 7 voies dans un mur à silex moins dévers, mais en revanche très technique.

On finit ce tour du propriétai­re en montant un peu au-dessus du Dernier des Giconais pour trouver le Jardin suspendu, un secteur de voies très intéressan­tes et tellement techniques qu’on y perd son latin… Les amateurs de grimpe athlétique risquent de se voir ici totalement désarçonné­s devant les aptitudes requises, à savoir l’habileté à saisir et valoriser des prises un peu inclinées sur des strates et l’art de grimper sur les pieds. L’avantage, c’est que ça repose les bras : si vous êtes allés les farcir ailleurs, vous pouvez finir ici, vous en aurez moins besoin que de votre technique. Il y a 23 voies au choix, dont certaines ressemblen­t aux belles longueurs de la falaise des Gillardes (toute proche à vol d’oiseau). À noter que le Piéroux (partie gauche de la falaise où se trouvent les grandes voies) comporte aussi un secteur de couennes qui a été équipé par Martin Hurtaj, à gauche de “Y a-t-il des vers dans le reilip”, de part et d’autre d’une fissure où se trouve une ancienne voie sur spits de 8. Vous trouverez là une petite dizaine de voies d’une longueur du 6b au 7a+, équipées sur goujons de 10, parfaites pour occuper une bonne journée. Que vous pourrez choisir estivale, le spot étant à l’ombre jusqu’à 14 heures, et toujours aéré par une petite brise.

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Nicolas MUSSON dans la deuxième partie du “Trésor de la Mère Église”, 8a+ au secteur Pierre Besse
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