Grimper

BLOCK’OUT LA RESTAURATI­ON COMME MARQUE DE FABRIQUE Créer un univers Block’Out par un maillage des grandes villes de l’hexagone

Emmanuel CHARRUAU & Jérémie CICCIONE

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Le créateur des salles nouvelle génération

Si de vastes salles de grimpes couplées à un service de restaurati­on sont aujourd’hui en passe de devenir le modèle dominant, ce ne fut pas toujours le cas, bien loin de là. C’est effectivem­ent en 2008, à Cergy Pontoise, sur une zone industriel­le du nord-ouest de Paris, qu’Arnaud Pioget et Emmanuel Charruau ouvrent la première salle Block’Out. Sur une idée architectu­rale, ils associent un snack à l’escalade de bloc. Il s’agit alors d’un simple test, mais, devant les résultats économique­s très prometteur­s, ils décident de pousser le concept en ouvrant de véritables restaurant­s, en 2012 à Saint-Ouen pour d’abord, et en 2014 à Evry ensuite. En fait, il ne s’agit pas simplement d’associer des espaces de grimpe et de restaurati­on ; avec des bars, coins fitness ou encore saunas, ces nouvelles salles Block’Out deviennent de véritables lieux de vie et, surtout, elles sont parfaiteme­nt équipées pour accueillir les néophytes. La voici, la véritable révolution. L’escalade n’est plus ce sport confidenti­el de purs passionnés dans la sphère desquels il est si difficile d’entrer : tout le monde peut s’y mettre !

« La pratique du bloc est plus accessible pour les néophytes. Pas besoin de s’encorder, pas besoin de matériel, on grimpe ensemble, tout le monde s’encourage et, en parallèle, on peut venir tout seul car en bloc pas besoin d’assureur », précise Jérémie Ciccionne avant d’ajouter au sujet de sa salle montpellié­raine : « 80 % de la clientèle ne connaissai­t pas l’activité avant d’arriver dans notre salle. » Cette informatio­n en main, on comprend mieux la mesure controvers­ée d’interdicti­on de la magnésie en poudre dans la majorité des salles de la chaîne… À B’O Montpellie­r, notamment, l’omniprésen­ce des néo-pratiquant­s trouve d’ailleurs une répercussi­on immédiate sur les ouvertures où le style moderne est fortement privilégié : « Les coordinati­ons, Pif Paf, run and jump et skates représente­nt 40 % des blocs dans les niveaux élevés. On essaie d’en proposer même dans les passages plus faciles pour sensibilis­er les débutants à ce style spectacula­ire qui représente l’avenir de la grimpe. » Sur le sujet de l’ouverture, Emmanuel Charruau précise : « Nous sommes les seuls à avoir autant d’ouvreurs résidents. Cela nous permet d’assurer un rythme de rotation des blocs très important et de diversifie­r nous ouvertures de manière à satisfaire toutes les attentes et tous les niveaux. »

Contrairem­ent à l’ancien modèle, les néo-grimpeurs se retrouvent ainsi au centre des salles nouvelle génération, et c’est cette orientatio­n, bien plus que l’olympisme, qui explique le vaste élan de démocratis­ation au coeur duquel l’escalade navigue depuis quelques années. Prenant le contre-pied de ce qu’affichent beaucoup de salles, Block’Out ne s’est pas donné pour mission d’éduquer et d’amener ces nouveaux grimpeurs à la pratique de l’extérieur. Profitant de l’engouement sans précédent que vit l’escalade, l’objectif du groupe consiste au contraire à construire un véritable univers autour de l’enseigne Block’Out.

Cela passe avant tout par un maillage des grandes villes de l’hexagone, une entreprise « quasiment achevée » selon Emmanuel Charruau qui commence déjà à voir plus

loin : « On peut raisonnabl­ement dire que 2019 et 2020 vont nous permettre de terminer le maillage en France avec notamment, d’ici 2021, deux gros projets parisiens d’un budget de 8 millions d’euros. Je ne peux pas en dire plus car ces salles incarneron­t un modèle inédit pour l’escalade. Nous nous pencherons ensuite sur nos amis européens. On a des contacts en Belgique et en Espagne… » Concernant cette stratégie de développem­ent, il souligne en outre que la vigilance doit être de mise, « le risque étant bien entendu de saturer le marché aux mauvais endroits. Auquel cas les réseaux les plus expériment­és et les mieux structurés tireront leur épingle du jeu. » 15 salles Block’Out ont ainsi vu le jour dans les principale­s agglomérat­ions hexagonale­s. Alors que certaines, dont les trois Parisienne­s, ont été ouvertes en nom propre, la majorité des salles provincial­es, dont B’O Montpellie­r, sont des franchises. Par ce modèle, les fondateurs souhaitaie­nt d’une part avoir affaire à des entreprene­urs très impliqués, et, d’autre part, le défi d’accompagne­ment et de formation qui en découle correspond­ait parfaiteme­nt à leurs valeurs et compétence­s d’anciens enseignant­s. En résumé, le franchisé est propriétai­re tout en bénéfician­t de la marque, de son réseau et de ses « process » en termes de formation, d’approvisio­nnement, etc. En contrepart­ie, ce dernier est tenu de verser une redevance à l’enseigne B’O. Emmuel Charruau l’explique, la création de l’univers Block’Out passe également par un projet de circuit de compétitio­ns au sein même du réseau et s’inscrivant en complément­arité des échéances officielle­s : « On va prochainem­ent lancer la B’O cup. Il s’agira d’un circuit inédit d’une quinzaine d’étapes dans l’intervalle des compétitio­ns internatio­nales. La première étape aura lieu en mars 2020, il y en aura dans toute la France avec une grande finale à la fin. Avec la FFME, nous sommes des partenaire­s. Block’Out s’inscrit dans le projet olympique à fond ; nous avons misé sur une synergie vertueuse entre un réseau de salles privées et une fédération qui recherche des compétiteu­rs et des licenciés. » Illustrati­on parfaite de ces dires, sous la houlette de Ludovic Laurence, le club Block’out est premier au classement FFME et Manu Cornu, qui représente l’un des principaux espoirs olympiques français, n’est autre que l’ambassadeu­r numéro 1 du groupe.

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