Grimper

L’ATTENTION PORTÉE SUR L’INTENTION

- PAR NICO PELORSON

Quand on parle d’une intention dans le sport, il s’agit d’un ou plusieurs mots très précis que l’on va rendre conscients à un moment clef de notre performanc­e. Parmi ces mots, on peut retrouver par exemple « grand », « haut », « loin », « gainer », « respirer », « serrer très fort », « compresser », « pousser sur les jambes ». C’est en réalité à chacun de trouver l’intention qui lui convient compte tenu de sa diff iculté dans son problème.

Ces intentions vont servir à mettre l’accent sur une action en particulie­r dans notre mouvement pour en augmenter son intensité. Pour comprendre cela, prenons l’exemple d’un grimpeur qui n’arrive pas à réaliser un jeté à un bras sur une prise. Pour le réaliser beaucoup d’actions vont être nécessaire­s. Si on simplifie, ce grimpeur va devoir 1) Pousser sur ses jambes et se propulser avec ses bras pour s’élever 2) Viser la prise d’arrivée pour arriver avec tous les doigts dessus 3) Gainer son corps pour tenir le balancier une fois la prise attrapée.

Bien évidemment, il est impossible de penser de manière consciente à tout cela en même temps. En pratique toutes ces actions se réalisent plus ou moins d’ellemême sans qu’on ait à y penser.

L’enjeu de ce concept de l’intention va être de réussir à trouver l’action la moins bien réalisée par ce grimpeur lors de ce jeté et de rendre consciente cette action. Il faudra ensuite la retranscri­re sous la forme d’une intention (quelques mots simples). Imaginons que ce grimpeur n’arrive jamais à atteindre la prise d’arrivée du jeté. L’action qui doit être améliorée se trouve donc la phase de propulsion. Ainsi, le grimpeur pourra, avant de faire son jeté, penser consciemme­nt à « pousser fort sur les jambes ». Cette intention va lui permettre d’augmenter l’intensité de la force de sa poussée de jambes et donc d’augmenter son élévation.

Lorsque l’on utilise plusieurs fois de suite une même intention, celle-ci va être intégrée par le cerveau et va devenir automatiqu­e. L’effort conscient d’y penser ne servira alors plus à grand-chose. Reprenons l’exemple de notre grimpeur qui veut réaliser son jeté. Au bout de 10 essais à se concentrer à pousser très fort sur ses jambes, cette action va devenir automatiqu­e. En effet, le cerveau va avoir intégré le fait que pour faire ce jeté, il faut pousser fort sur les jambes. Il ne servira alors plus à grand-chose d’avoir cette intention consciente puisqu’elle se sera automatisé­e.

Alors, ce grimpeur devra se trouver une nouvelle intention. Par exemple, s’il arrive maintenant à atteindre la prise mais ne tient pas le balancier d’arrivé, on peut imaginer que sa nouvelle intention sera « contracter fort les abdos » lors de l’arrivée de la main sur la prise.

En somme, dès lors que notre première intention s’est automatisé­e, il nous faut en penser à une nouvelle qui sera automatisé­e à son tour et ainsi de suite jusqu’à réalisatio­n de notre problème.

Les intentions en pratique

Voici deux conseils du tonton Nico pour que vous puissiez vous aussi mettre en place ce formidable outil qui vous aidera à performer.

Premièreme­nt, commencez par des intentions simples et globales pour aller sur des choses plus précises ensuite. Par exemple, une intention universell­e qui est efficace dans presque toutes les situations en escalade est celle de « respirer fort ». Une fois cette intention automatisé­e, essayez de vous focaliser sur une autre intention un peu plus précise. On peut imaginer par exemple « clipper rapidement » pour économiser de l’énergie.

Deuxièmeme­nt, posez-vous systématiq­uement la question« pourquoi suis-je tombé ?» après un échec. La réponse à cette question sera l’intention que vous devrez avoir lors de votre prochain essai.

Si vous ne comprenez pas ce qui vous a fait tomber, regardez des grimpeurs plus fort qui réussissen­t le problème et essayez d’analyser les choses qu’ils font et que vous ne faites pas. Transcrive­z ensuite ces choses en intentions.

 ?? © Fanny Allayaud ?? Contracte ton mollet ! Qu’il se dit dans le mouvement clef de Big Island (8B+).
© Fanny Allayaud Contracte ton mollet ! Qu’il se dit dans le mouvement clef de Big Island (8B+).

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