Grimper

LES JO, LE TQO, LE COMBINÉ ? PARI GAGNANT

- LUCIEN MARTINEZ

Pour engager l’escalade sur un format, le combiné, ouvertemen­t décrié par les athlètes et dont personne n’avait rien à faire avant qu’il soit question d’olympisme, il fallait assurément de l’audace. Les tout(e)s meilleur(e)s auraient facilement pu, prenant comme un manque de respect l’obligation de redevenir débutants en vitesse, refuser de se prêter aux Jeux. Le combiné, jamais mis à l’épreuve au moment de son élection, aurait tout à fait pu se révéler d’un intérêt médiocre pour le spectateur, d’autant que l’évidente absurdité sportive du classement multiplica­tif rendait à première vue difficile la prise au sérieux de ces compétitio­ns. En outre, il n’était pas impossible que les nouveaux défis d’ouverture proposés aient causé de gros problèmes au déroulemen­t et au développem­ent de ce nouveau modèle.

Mais salades que tout ceci : après deux échéances test, les championna­ts du monde à Hachioji et le TQO de Tournefeui­lle, force est de constater que ces risques ont été déjoués. Non seulement tous les meilleurs grimpeurs du circuit, Adam Ondra en tête, ont baissé les oreilles et mis la queue entre les jambes pour se plier aux exigences olympiques, mais des compétiteu­rs moins acharnés, comme Alex Megos ou certains Américains, en ont en plus profité pour rejoindre le troupeau ; point de brebis galeuses, les stars seront de la partie à Tokyo !

Nous l’avons encore observé à Tournefeui­lle, le classement multiplica­tif (multiplica­tion des classement­s dans les 3 discipline­s pour déterminer le nombre de points de chaque athlète) s’avère être un très gros producteur de suspense et donc plutôt bénéfique pour tenir les spectateur­s en haleine. Quant aux ouvreurs, on peut toujours critiquer, mais ils ont fait grosso modo le job à Hachioji, ils ont fait grosso modo le job à Tournefeui­lle ; aucune raison qu’ils ne le fassent pas à Tokyo l’été prochain…

Enfin, avant même leur déroulemen­t, on peut presque considérer que les JO sont déjà un succès pour la grimpe, en effet, on a appris cette année qu’il y aurait deux médailles de plus - une pour les hommes et une pour les femmes - à Paris 2024.

Pour l’escalade, donc, le défi olympique semble lancé sur de très bons rails : les retombées médiatique­s, financière­s et populaires espérées se font déjà sentir et tout porte à croire qu’elles seront encore amplifiées à la rentrée de septembre 2020. Le temps de la critique viendra, mais pour l’instant, et dans une optique de maximisati­on de la « croissance » de l’activité, il faut bien admettre que pari des anneaux risque d’être payant.

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© Julia Cassou Bassa Mawem a fait vibrer la foule sur l’épreuve de vitesse au Tournoi de Qualif ication Olympique de Tournefeui­lle.

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