CÉÜSE, ENJEUX DE GESTION ET INFORMATIONS PRATIQUES
TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR SI VOUS DÉCIDEZ DE GRIMPER LA REINE DES FALAISES ! Céüse, le bon élève du déconventionnement
Nous avons beaucoup évoqué, dans les pages de ce magazine et en particulier dans le numéro 205, tous les dangers que représente le fameux déconventionnement pour la pérennité de l’escalade en site naturel. Le classement d’une falaise en « escalade sportive » lui confère une attractivité particulière : les possibilités d’encadrement, et théoriquement les garanties d’entretien et de sécurisation, sont plus importantes. En revanche cela signifie aussi, depuis la jurisprudence de Vingrau, qu’en cas d’accident il a un risque pour le gestionnaire de condamnation à de lourdes indemnités… Raison de plus pour ce dernier de ne pas prendre les questions de qualité de l’équipement à la légère ! Depuis 2017, la FFME a passé le flambeau de l’entretien de Céüse à la Communauté d’agglomération de Gap-Tallard-Durance. Des conventions ont aussi été passées avec l’ONF pour les chemins d’accès, où les questions de responsabilité en cas d’accident sont également préoccupantes. Enfin, le Département des Hautes-Alpes, avec la Communauté de communes du Buëch-Dévoluy, s’est emparé du sujet avec le récent conventionnement de toute la partie gauche de la falaise. En effet, la gestion de la barre calcaire qui s’étend sur quatre kilomètres est répartie entre deux communautés de communes et trois communes. Ce que cela implique ? Chaque année, l’ensemble de la falaise est inspecté, les équipements vieillissants sont remplacés, les rochers qui le nécessitent sont purgés, les sentiers d’accès sont entretenus, etc.
Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut se déresponsabiliser, car les accidents de grimpe sont en majorité dus à des erreurs humaines.
Aussi, il faut savoir que les « nouvelles plaquettes rassurantes » qui permettent de profiter pleinement (du niveau 4 au 9) du majestueux site de Céüse existent grâce aux investissements des communautés d’agglomération, à l’entretien des accès par l’ONF, aux équipeurs qui finalisent le travail ainsi qu’à tous ceux qui permettent de faire remonter l’information sur l’état de l’équipement (une convention a ainsi été passée avec le CAF afin que les grimpeurs informent les élus dès qu’une voie doit être entretenue ou rééquipée). Ce système est bien rodé et parfaitement fonctionnel, ce qui permet de grimper à Céüse dans les meilleures conditions, mais contribue aussi à rendre la plus belle falaise du monde accessible au plus grand nombre (du débutant au professionnel). C’est ce que l’on appelle agir dans l’intérêt général.
Les problèmes de surfréquentation
La falaise, avec quelque 800 longueurs (pour plus de 600 voies) étalées sur plusieurs kilomètres, n’est jamais saturée. Les parkings en revanche le sont parfois. La quantité de détritus accumulés en fin de saison peut en témoigner.
Cela signifie-t-il que les grimpeurs sont trop nombreux ? Oui, d’une certaine manière, mais non, si nous acceptons de nous responsabiliser en arrêtant de considérer les abords de parkings comme des sanitaires. Le geste de base est pourtant simple, il consiste à toujours se munir d’un sac en papier par exemple pour ramasser ses propres déchets (et ne surtout pas le faire brûler !) et éventuellement ceux laissés par d’autres.
Il faut bien comprendre que refuser de se plier à ces maigres contraintes pourra amener à ce que le bivouac y soit interdit.
Ce problème pourrait cependant être réglé, car des travaux ont débuté au niveau du col des Guérins pour que soit créée La Maison de la Montagne (voir encadré : Le mot du maire de Sigoyer). Celle-ci accueillera les sanitaires tant attendus. Pour le reste, si l’usage exact de cette Maison de la Montagne reste à déterminer, la création d’un bar/restaurant pour se réfugier après une journée de grimpe, associé à une épicerie de produits de première nécessité et locaux, transformerait Céüse en eldorado pour grimpeurs !
Faune et flore de Céüse
La flore de Céüse est incroyablement belle et diversifiée. Le spécimen le plus emblématique est peut-être la Benoîte de Céüse, une fleur que l’on trouve sur le massif et nulle part ailleurs. C’est notamment pour préserver ce trésor local qu’il a été décidé, en accord avec le syndicat mixte de collectivités Natura 2000, que l’équipement de la falaise ne se poursuivrait pas au-delà de “Natilik”. Une situation où tout le monde trouve son compte, des grimpeurs jusqu’aux petites fleurs !
Côté faune, et plus particulièrement chez les oiseaux, lorsqu’un faucon ou autre rapace décide d’installer son nid dans une voie, les deux premiers points sont retirés et un petit panneau est installé au pied de la ligne le temps que les petits prennent leur envol ; la falaise est assez grande pour tout le monde !