Grimper

Avec Philippe Martinez, la face ouest

- CouloirBon­atti. paradis, DirecteAmé­ricaine. LesStrapon­tinsdu Directissi­meHarlin-Robbins, Allain, Motörhead. 1. Cette voie mythique, réalisée en 1962, par Gary Hemming et Royal Robbins, le long d’une ligne naturelle exceptionn­elle, est devenue une référenc

Pour dire à quel point le Dru nous hante, Yves et moi abandonnon­s un projet d’expédition à l’étranger avec des amis anglais pour concrétise­r notre rêve sur la face ouest à droite de la Au vu de sa hauteur et de sa raideur, nous envisageon­s d’y consacrer plusieurs jours en installant une sorte de camp de base au Rognon du Dru, avec de quoi bien manger et bien dormir. Philippe Martinez, qui grimpe régulièrem­ent avec nous, est aussi de la partie. Finalement, Patrick Berhault n’est pas libre. Nous serons donc trois. Nous démarrons l’itinéraire au point le plus bas du Dru par de l’escalade libre. Peu après un pas à l’aide d’un crochet, c’est la valse sur des étriers le long de fissures qui nécessiten­t un matériel varié, du plus petit coinceur au plus gros coin en bois ainsi que des pitons, sur quatre longueurs. Puis la voie continue essentiell­ement en libre sur coinceurs, en fixant çà et là quelques rares pitons et des pas d’artif. Après quatre jours, nous arrivons aux Terrasses, à bout de matériel et de nourriture. Nous profitons de notre retour à Chamonix pour ramasser des déchets au Rognon, que nous descendons dans la vallée.

Suite à des prévisions météo erronées, nous faisons un aller-retour aux Terrasses dans le mauvais temps, par le

Plus tard, la voie est terminée lors d’une dernière journée. Nous avons la chance de suivre de grands dièdres qui aboutissen­t au Bloc coincé. Les six cents mètres de notre nouvelle voie,

s’arrêtent là : continuer au-delà semble exiger trop d’artif. Pensifs, nous admirons à droite l’incroyable ligne de la réalisée en 1965, sans corde fixe, en quatre jours. Quelle audace inouïe ! Chapeau très bas à ces deux grands messieurs !

Avec Christophe Profit, à nouveau dans la face nord

En juillet 1981, nous sommes à nouveau sur le Dru, cette fois avec Christophe Profit, aussi obsédé que nous par cette montagne. Nous démarrons à droite de la dans un dièdre évident qui conduit à la vire du socle. Au-dessus, nous passons à gauche de la voie de 1935 afin de franchir le raide ressaut sous la Niche et gagner son bord droit : déjà cinq cents nouveaux mètres gravis en une journée. Nous installons le bivouac sur un replat que nous débarrasso­ns de sa neige tout en regardant la suite, pensifs. Nous projetons franchir le grand surplomb rocheux du haut de la Niche par son évidente fissure déversante. Hélas, de l’eau de fonte des névés supérieurs y coule. Nous espérons que le froid de la nuit va la stopper, ce qui ne sera pas le cas. Le lendemain, déterminés, nous remontons le petit glacier, sûrs de pouvoir continuer. En vain ! Tout est mouillé loin à la ronde sous un jet constant d’eau qui rend toute approche impensable. Yves reste le plus stoïque tandis que nous laissons échapper quelques larmes de déception. La mort dans l’âme, nous gagnons le sommet par la Allain, certains de revenir. Ce ne sera pas le cas ! Christophe va ensuite se lancer avec brio dans des ascensions rapides en solitaire et réalisera des films impression­nants, d’abord sur la face ouest du Dru puis sur d’autres parois des Alpes. Quant à nous, nous porterons de plus en plus notre attention sur le granit de Suisse centrale où, la semaine précédente, nous avons ouvert des voies à l’Eldorado, parmi lesquelles

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Yves Remy dans Les Strapontin­s en face ouest du Dru, Chamonix, 1980.

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