LES IRRÉDUCTIBLES NIÇOIS
Les figures de l’escalade à Nice sont des personnages de roman. Vous en doutez ? La preuve vous attend dans cette série de portraits savoureux qui ne se prennent pas au sérieux !
Le coin niçois est d’une densité impressionnante en termes de falaisistes. Sa concentration de grimpeurs de très haut niveau est cependant encore plus remarquable. Le 06 est-il le meilleur coin pour devenir fort ? Ou est-ce qu’on reste là quand on est fort ? Assortiment d’expatrié et de pur produits locaux, une chose est sûre, les Niçois sont persuadés qu’ils ne trouveront pas mieux ailleurs !
Reprenons les mots, si justes, de Patrick Berhault dans la préface de la première version du topo de la région : « L’escalade (dans les Alpes-Maritimes) a atteint un niveau de difficulté exceptionnel. Les huitième et aujourd’hui presque neuvième degré… semblent de véritables « tours de magie », tant leurs grands dévers en apparence dépourvus de prises, paraissent, par des moyens naturels, insurmontables. Et pourtant… les « nouveaux grimpeurs » ont su se préparer et s’adapter. Quelle évolution extraordinaire ! »
On a tenté de m’expliquer qu’il fallait dépasser l’idée reçue que les Niçois étaient des mulets « Les Niçois ont cette réputation parce que les grimpeurs médiatisés comme Cédric (Lo Piccolo) sont des marmules, c’est une construction médiatique ». Cette “construction médiatique” semble pourtant bien légitimée par le profil des voies de haut niveau : beaucoup, beaucoup de gros dévers. Même si les Alpes-Maritimes ont été quelque peu délaissées par les grimpeurs étrangers (et français) au profit des nouveautés espagnoles, les locaux ont su entretenir un niveau incroyablement élevé. Ainsi Petr (Blaha) chante qu’« Ici, 9a c’est pas grand-chose », et qu’une dizaine de locaux ont enchaîné des voies de ce niveau-là. « Ici, quand tu vas à la salle y’a toujours quelqu’un qui a fait 8c ». Voici quelques portraits de ces grimpeurs experts qui en ont dans le biceps !
Max Clerc, le bon copain toujours motivé
Max, c’est le mystère niçois ; s’il peut paraître au premier abord peu expansif, vous serez très vite séduit par son déhanché d’échauffement toujours plus sexy au pied des falaises. Mais ne vous méprenez pas, derrière ses ravissants yeux verts se cache un torrent d’histoires à raconter. Nous avons demandé à quelques-uns de ses amis de nous confier quelques faits d’armes marquants parmi la nébuleuse de ses aventures. On peut dire que le loustic en a inspiré plus d’un, comme en témoignent les noms de voies à son honneur : “Max la biflette” au Blavet (poétique !), “Panoramax le druide” à St Léger,
“Fantomax” à la Ramirole… ou encore certaines de ses expressions à immortaliser : « moi plus ça penche, plus je suis à l’aise », « je sais que je suis affûté quand les veines qui apparaissent en bas de mon ventre rejoignent les veines du haut de mon corps et de mes épaules ». En tant que grimpeur, on peut qualifier le Max de boulimique de falaise dont la force démesurée sur pince lui donne une nonchalance ahurissante lorsqu’il se trouve
sur des colos. Max est un vrai fanatique, qui a toujours soif de nouvelles voies, toujours motivé pour aller grimper dans un endroit inconnu. Ses années d’escalade passionnée ont laissé sur son corps des marques indélébiles : des doigts gros comme des andouillettes et un dos aussi large que haut. Il compte parmi l’élite des grimpeurs niçois et fait partie de ces grimpeurs du 9e degré que l’on a peu médiatisé. À son actif : presque un millier de voies dans le 8e degré ; une ribambelle de 8c+ ainsi que Trip Tik Tonik, un 9a majeur à Déversé qui ferait partie des plus belles voies du monde.
Malgré l’engouement des marques références de l’outdoor pour sa personne et sa plastique d’athlète grec, ce dernier a délaissé tout éventuel sponsor de grimpe leur préférant la marque Lidl. Grimper avec lui, c’est « des sueurs froides les 1res fois que tu l’assures et qu’il zippe 3 fois avant de clipper la 1re dégaine ». Il fait partie du club maudit des grimpeurs qui s’ouvrent plusieurs crevasses dès lors qu’il faut serrer une réglette. Max, c’est « un pote capable de se positionner avec franchise et de se mouiller pour un ami. Un gars qui t’appelle régulièrement quand tu es blessé et loin des falaises, et un grimpeur curieux, ce qui est appréciable quand tu équipes des voies. Bouse ou base, l’avis sera tranché et il n’attendra pas forcément qu’il y ait des traits blancs pour y aller, contribuant à fignoler la voie ». « Un sensible qui sous ses airs de rustre est attentif aux mal-être des autres » mais surtout : « Un bon vivant, une soirée sans Max n’en est plus une ! »
Il est reconnaissable par « son goût pour le doux son de la hard tech et de l’electrodub de bon matin quand tout le monde a la tête dans le cul » et sa légère tendance à l’exhibitionnisme au moment de prendre sa douche glacée quotidienne. Vous serez peut-être surpris par sa dangereuse manie de faire pourrir des fromages dans un Tupperware au soleil derrière le pare-brise de son camion, laissant des traces olfactives indélébiles dans son trafic. Couramment appelé « le druide », il est considéré unanimement comme une pointure du milieu de la grimpe et conseille les meilleurs. La communauté lui reconnaît une grande expertise en compléments alimentaires et autres substances récupératrices ainsi que de multiples expérimentations en matière d’entraînement et d’alimentation. La légende dit qu’il eût été capable de manger 9 oeufs avec Tabasco à la falaise avant la découverte de myproteine.com (en passant par les sardines qui ont laissé place au thon, une mode chassant l’autre). Parmi les autres faits notables, on ne peut pas passer à côté de ses performances de dresseur animalier : il est la toute première personne ayant réussi à apprivoiser un cochon sauvage du Verdon. Peggy, pour les intimes, lui a tenu compagnie un été durant, avant de disparaître le jour de l’ouverture de la chasse… Il est également connu pour avoir fait une montée de calage du bas de son projet muni d’une corde volontairement courte ; montée qui s’est transformée en un véritable run d’enchaînement a muerte… jusqu’au 6b final à 5 m du relais, qu’il n’a pas pu atteindre car la longueur de sa corde ne le lui a pas permis.
Petr Blaha, le pilier de Déversé
Petr, c’est un des locaux que les non-niçois connaissent le plus. La raison ? Ce grimpeur est un véritable pilier de Déversé. Ainsi, quiconque venant y traîner ses chaussons a deux chances sur trois de le croiser, un livre à la main, au pied des voies (en effet, il y grimpe deux jours sur trois). En falaise ou à l’entraînement, Petr est un vrai laborieux. Programmeur informaticien, c’est pour des raisons professionnelles qu’il émigre de République Tchèque et atterrit dans la région il y a une vingtaine d’années. Très fier, cet ancien compétiteur n’a pas encore totalement digéré le fait de s’être fait battre par un jeune Adam Ondra encore pré-pubère lors d’une compétition nationale tchèque en 2003. Véritable stakhano de l’entraînement, Petr, dans sa recherche de performance ne fait pas les choses à moitié, rien n’est laissé au hasard. Il entretient sa forme toute l’année quoi qu’il arrive, comme en témoigne son programme durant le confinement. Sa motivation débordante lui a donné l’énergie de réaliser jusqu’à 3 entraînements journaliers ! Et pas de façon occasionnelle, non non, même s’il s’agissait de “3 petites séances de poutre” (ne pas prendre exemple, au risque de se blesser… rapidement). En temps normal, son programme se décline entre falaise 3 fois par semaine, poutre et salle, pour être prêt à muler !
On peut résumer sa brève carrière d’équipeur par l’anecdote suivante : une dizaine de voies à Deversé ont vu le jour grâce à lui et à un seul nouveau point au beau milieu de la falaise ! Bien sûr, par nouvelles voies, on entend de nouvelles connexions. Un minimum d’effort pour un maximum de plaisir !
En tant qu’athlète, ce monument des gorges du loup est réputé pour les multiples connexions dans lesquelles il navigue sans jamais se lasser, ainsi que par sa pose de pied plus qu’approximative qui en impressionnera plus d’un. Ce passionné semble ne jamais s’arrêter, avec à son compteur plus de 325 voies dans le 8 ! Ses plus grosses perfs : la first ascent de “la constante de Boltzmann” à Deversé. Pour les amateurs de physique, à l’instar de Petr, cette constante exprime la relation entre la température et la puissance rayonnée par un corps noir et sert à définir l’entropie. Cette voie consiste en une connexion de 4 voies différentes. On peut aussi relever son enchaînement d’Abyss (ex 9a décoté à 8c+), faisant de lui un grimpeur “Moving from the category” “He has never done 9a” to the category
“That’s never 9a what he has done” d’après son commentaire 8a.nu. Si vous vous rendez à Deversé, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’oeil à ses autres commentaires, riches, développés et couvrant la quasi-intégralité des voies et connexions existantes du secteur.
Blaise Faugeras alias le discret
Blaise entre dans la catégorie de ceux que l’on qualifie de vrai grimpeur passionné. Cet ingénieur de recherche au CNRS et occasionnellement enseignant à la fac de Nice passe en effet la plus grande partie de son temps libre au contact du rocher. Installé à proximité des Gorges du Loup (encore un !), ce père de famille a laissé une empreinte conséquente au sein de la région niçoise en y équipant de nombreuses lignes. Un secteur majeur de St Cézaire porte d’ailleurs son surnom “le discret” au sein duquel il a pu exprimer son plein potentiel d’équipeur en y laissant un grand nombre de voies, toutes plus belles les unes que les autres. Ce surnom, il le doit à son tempérament car il ne fait pas partie des grimpeurs que vous entendrez hurler de l’autre bout de la falaise après avoir chuté dans son projet. Incarnant la force tranquille, son escalade calme et fluide est le reflet de nombreuses années d’expérience acquise sur le rocher. Avec un carnet de croix assez conséquent, et ayant clippé le relais d’une grande majorité des voies de la région, Blaise est sans cesse à la recherche d’une nouvelle ligne qui pourrait le tenir en haleine quelque temps. Pour cela, il en passe régulièrement par des périodes d’équipement. Anecdote amusante le confortant dans le port de son surnom : après sa disparition du monde de la grimpe niçoise pendant quelques semaines, un secteur entier des gorges du loup a vu le jour suite à son travail titanesque : l’Arche de Déversé. Elle se situe à 15 minutes de marche après avoir longé le secteur classique et abrite une dizaine de voies, mais surtout l’un des plus beaux 8c du sud de la France. Parcourant l’intégralité du profil déversant de l’arche, les 40 m de “La Sorcière aux dents vertes” présentent une escalade ultra-physique sur un rocher d’une qualité exceptionnelle comme savent l’offrir certains secteurs des gorges du loup.
Ayant habité à Avignon pendant quelques années, il a également parcouru un bon nombre de voies de la région et en a profité pour en équiper une grosse dizaine à Saint Léger dont certaines devenues classiques comme la Malaxe ou l’Aigrefin.
Bref, vous l’aurez compris, passer une journée à grimper avec Blaise est un moment aussi agréable qu’enrichissant. Pour sûr, les Niçois n’en ont pas encore terminé avec l’opportunité d’évoluer sur de nouvelles perles équipées par ses soins.
Cédric Lo Piccolo : la machine locale
(Par Matteo Ceresola)
Cédric est né à Nice en 1982. À ses débuts en escalade sous l’aile D’Axel Franco, il commence dès ses 15 ans à enchaîner les 8b du 06 à la pelle.
Quelques années plus tard, il intègre l’équipe de France jeune au Creps paca où il fera sa plus belle rencontre: Stéphanie Crouvizier, sa femme depuis. Tous les deux partagent cette passion pour la grimpe chaque jour de leur vie. Très peu médiatisés, ils sont totalement méconnus du grand public. Pourtant, Cédric à un carnet de croix à ne plus en finir avec au-delà de 1 000 voies enchaînées dans le 8. Il réalise également plusieurs voies dans le 9a, (Punt’X, Trip Tik Tonik, Chocoloco…), des croix datant d’une période où le cercle de grimpeur ayant ce niveau était bien plus restreint qu’aujourd’hui… À noter aussi sa participation à plusieurs étapes de coupes du monde de difficulté avec des résultats tout à fait honorables. Ce qui est impressionnant chez Cédric, c’est sa motivation pour la grimpe en général, peu importe le support ou le lieu. Chaque séance doit être d’une intensité extrême, pour le suivre, il faut une sacrée caisse. Ainsi, ses classiques séances d’entraînements à Déversé sont le but de toute une vie d’entraînement pour le commun des mortels. Lorsqu’il ne grimpe pas, la casquette d’entraîneur lui sied à merveille, c’est lui qui encadre avec beaucoup d’implication la team de l’USC escalade, dont quelques grimpeurs comme Jules Marchaland ou Pierre Le Cerf ont connu une forte progression grâce à ses conseils et entraînements.
On lui doit l’équipement de nombreuses très belles lignes dures (Kickass, Borat, Punt’X…) notamment à Déversé, sa deuxième maison, ainsi qu’à Gréolière. Pour résumer, un partenaire de grimpe en or, motivant et valorisant chaque personne autour de lui. Ses conseils
d’expert et le fait qu’il connaisse toutes les falaises du 06 comme sa poche en font probablement un des meilleurs guides locaux.
Benjamin Guigonnet le multitâche
Ben est né en 1988 en Savoie puis a rapidement migré avec sa famille dans les Alpes Maritimes. Passionné d’escalade depuis sa plus tendre enfance, ce jeune père de famille a rapidement élargi son panel d’activités liées à la verticalité pour finalement réussir à en faire son métier. Pris sous l’égide de Stéphane Benoist, guide phare du département qui a grandement oeuvré quant au développement de l’escalade autour de Nice, il a acquis et solidifié de nombreuses compétences qui lui ont permis aujourd’hui de devenir un grimpeur accompli. Il empoche son diplôme de guide de haute montagne à 23 ans et excelle désormais dans tous les domaines. Que ce soit en l’escalade de bloc, en grandes voies, en falaise, en passant par la cascade de glace ou l’alpinisme, Benjamin a, chaque fois, fait preuve d’un niveau qui force l’admiration. Il a d’ailleurs été honoré d’un piolet d’or suite à son ascension en compagnie du “gang des moustaches” de la face sud du Nuptse. Habitant à l’entrée des Gorges du Loup, il en a fait son terrain de jeu de prédilection, pour grimper, mais a également participé à l’équipement de voies et de secteurs dont la réputation n’est plus à faire (l’étage de déversé, le palais, chez Benji). Sa plus belle croix en falaise est sans doute la sublime Trip Tik Tonik à Déversé. Si vous veniez à passer dans les gorges du loup en voiture, il y a de grandes chances qu’il vous double le pied au plancher à bord de sa Clio sport customisée. Si une course en montagne, une grande voie ou un canyon en sa compagnie vous fait envie, n’hésitez pas à le contacter par le biais du site internet guides06, sa motivation débordante et sa bonne humeur ne pourront que combler vos envies d’évasion verticale.
Enzo Oddo L’enfant Turbulent du 06 !
(Par Adrien Boulon)
Encore un phénomène de plus dans le milieu de l’escalade Niçoise. Personnage mystérieux, nous allons tenter d’éclaircir dans ce portrait en 2 points clés :
1 : Comment un « minot » a pu arriver aussi précocement à un tel niveau en escalade sportive ?
2 : Pourquoi à l’heure actuelle a-t-il complètement disparu des différents supports médiatiques ?
Le jeune Enzo, dans ses premières années de vie jusqu’à ses 5 ans, avait une énergie débordante. Si ses parents lui avaient mis un Piano dans les mains à ladite période, il aurait probablement terminé… à la pointe du déménagement de charges lourdes chez les Déménageurs Niçois. Au lieu de ça, la famille Oddo, fervente pratiquante d’escalade et de montagne, a préféré opter pour un sac à pof et des chaussons. Né d’un père médecin mais aussi fort grimpeur de l’époque et d’une mère monitrice d’escalade, le jeune Enzo a très vite pris la direction du caillou qui par chance abondait dans sa zone de résidence. C’est donc sur les falaises niçoises que le jeune Oddo a fait fumer ses premières paires de chaussons. Très doué, la 8e dimension n’a pas tardé à céder à ses assauts à l’âge de 12 ans. Enzo enfant avait déjà un caractère bien trempé, sa langue était aussi leste qu’un présentateur de JT sur BFMTV. Il avait la particularité d’exprimer oralement tout ce qui lui passait par la tête ! Un mix auditif très intéressant oscillant entre un match de foot commenté sur une radio espagnole et un concert de Death Métal vocalisé par un Castrat.
Son attitude à l’époque était plutôt frivole, un combo qui, avec son talent, le rendait attachant pour certains, insupportable pour d’autres. On pourra noter que se prendre des leçons d’escalade par un « chiard » pas plus grand que Mimi Mathy, avec un corps aussi filiforme qu’un tibia de langoustine, ça pouvait irriter plus d’un grimpeur à l’égo surdimensionné. En réponse à cela le petit Enzo a compris de manière très précoce ce qu’étaient l’humour et les sarcasmes pour contrer certaines attaques. Son niveau de connerie augmenta exponentiellement au fil de son enfance puis de son adolescence, au même titre d’ailleurs que son niveau de grimpe.
Il plie son premier 9a (8c+/9a actuellement) « Sankukai » à Entraygues à l’âge de 14 ans, avec toutes ses dents… À 15 ans, pour fêter son premier poil de barbe, il réussit son premier 9a+. Sans choisir la facilité puisqu’il s’est attelé au 9a+ référence de l’époque : Biographie.
C’est à l’âge de 16 ans qu’il décide de confirmer le niveau
en enfonçant le clou pour de bon.
L’élément déclencheur : les propos d’un certain Jean Ben Rachid Chmeulinof (nom modifié pour respecter son anonymat) qui aurait répété à maintes reprises, « Biographie ! C’était un coup de chance, pas plus tard qu’hier au Yams j’ai fait 4 fois les 6… C’est pas pour ça que je suis allé le crier sur les toits… » fin de la citation. Enzo a décidé de donner une réponse par les actes à JeanRa ! Il prend enfin la décision de se sortir les doigts de l’appareil défécatoire. Il torpille entre mai et décembre 2011 pas moins de trois 9a+ !
La Rambla à Siurana, Aubade directe à la Sainte Victoire, et La Moustache qui fâche à Entraygues… De quoi laisser le commun des grimpeurs rêveur, mais aussi d’augurer des années futures sur le devant de la scène grimpesque. L’Enzo ado était une vraie tornade dans le milieu de l’escalade sportive :
Il arrête l’école à 15 ans pour se dédier 100 % à l’escalade ! Un peu comme les stars du foot mais avec le cerveau en plus… À ses 18 ans, tout le monde l’attendait sur le devant de la scène ! Le petit prodige français que Sharma en personne avait qualifié de « plus doué qu’Adam Ondra » n’avait presque personne dans le rétro. Il avançait dans le monde de la performance en falaise comme un Bulldozer dans un magasin de porcelaine. Les challenges de l’escalade sportive sont vite devenus insipides, l’étincelle avait disparu. C’est à ce moment précis, autour de ses 18 ans, qu’il a décidé de prendre une orientation différente. Cette décision s’apparentait à de la désinvolture pour certains, à du je-m’en-foutisme pour d’autres, alors que pour Enzo c’était juste un besoin d’aller voir ailleurs.
Après plus 10 ans à serrer exclusivement des prises de m **** dans des dévers aux angles indécents, il s’est rendu compte qu’il y avait d’autres modalités et disciplines en escalade. Celles qui l’animaient davantage comportaient toutes un dénominateur commun : l’Aventure ! La grande voie, l’artif, la montagne, le trad, le bloc extrême et l’highballing (bloc méga haut). Des domaines qui lui font tout bonnement « mousser l’anguille ». C’est le changement de direction : aux chiottes le star-system, Enzo va sauter les pieds joints dans l’escalade underground !
Cette décision est mûrement réfléchie d’autant plus que l’avènement des réseaux sociaux amène les sponsors à demander aux athlètes une implication sur ces médias. Socialisation virtuelle qui exaspère au plus haut point Enzo, qui est certes un homme moderne mais pas à son apogée, constatant qu’il n’a pas encore compris comment verrouiller l’écran de son 3310.
Il me sera malheureusement impossible dans ce portrait de détailler l’intégralité de ce qu’il a fait durant toutes les années où il est sorti des radars médiatiques : ça tiendrait difficilement dans l’intégralité d’un hors-série Grimper.
Mais voici les grandes lignes :
À partir de ses 18-19 ans, il se jette donc corps et âme dans l’escalade comme dans l’ouverture de big wall : Au Groenland en Terre de Baffin qu’il qualifie comme « La Mecque absolue ».
En Patagonie à plusieurs reprises et ce malgré des conditions météorologiques délicates.
Avec les années, Enzo gagne en polyvalence et excelle finalement dans tous les domaines de l’escalade jusqu’à la haute montagne ce qui finalement est loin d’être courant. Il fera un séjour remarqué aux USA, sur le site de fissure d’Indian Creek où il défouraillera littéralement la zone ! En l’espace de deux mois, il a plié, devant des Américains médusés, presque toutes les fissures en 5 13 (dans le 8) : Le plus souvent à vue et dans un style épuré, avec 4 friends au baudard, souvent sans gants et bien entendu avec une aisance déconcertante.
La légende dit que plusieurs Ricains ont d’ailleurs revendu leurs Rack de friends sur Leboncoin après son passage… La fissure selon Enzo « c’est facile, tu fais toujours le même mouv, si t’arrives à lever ton cul du sol tu fais la voie… ». Simple et radical !
On ne va pas épiloguer sur ses réalisations en escalade artificielle qui intéressent plutôt la frange de population de type : canne, cheveux blancs et couche pour adultes mais sachez que presque toutes les voies du Verdon y sont passées. Enzo a passé des mois voire des années entières à tirer sur des plombs ou des pitons véreux le sourire aux lèvres. Il a enfilé (et continue à le faire) les voies en A4/A5 comme des perles sur un collier. Un magnifique chapelet de voies toutes plus effrayantes les unes que les autres : le genre d’itinéraire où tu n’enverrais même pas pour rire ta belle-mère ou le mec qui t’a piqué ta gonzesse !
Bref, touche à tout, l’Enzo adulte a bien mûri mais, rassurez-vous, il est toujours aussi redoutable qu’avant en falaise et ce malgré ses 80 kil de muscle #moncorpsestunebaramine.
Il est toujours capable de s’enfiler 4/5 voies à vue par jour dans le 8a-8c. Il libère d’innombrables projets dans le 9 toujours cotés humblement par ses soins à 8c+ et donc souvent par la même occasion jamais répétés. L’animal équipe dorénavant des voies d’escalade comme par exemple à l’Oreille de St-Auban où il a ajouté un paquet de king lines. Boulimique de toutes les actions
qui lui font gonfler les biceps et chauffer la boîte à cerveau, il a développé différentes passions annexes à l’escalade : le soulevé de terre appelé aussi deadlift avec un record perso à 220 kg, les Grippers (poignées avec des ressorts à résistance variable qu’il faut serrer comme une mule pour arriver jusqu’à une flexion maximale), mais aussi le Tarot, la Coinche, ou le Baggamon.
À seulement 26 ans, L’Oddo a beaucoup de cordes à son arc et paraît déjà avoir vécu plusieurs vies. Je vous souhaite de le rencontrer sur une falaise ou en montagne pour vous rendre compte que ce que je vous ai raconté sur lui n’est pas une légende mais que l’homme lui-même s’en rapproche !
A muerte Bichos
Kevin Aglaé, Animal d’Origine Protégée.
(Par Adrien Boulon et Mathieu Menoud) Encore une figure inébranlable du 06. Kevin dans son enfance mangeait beaucoup de terre souvent agrémentée de multiples fourmis et de quelques lombrics. Pur produit du terroir, Kevin appréciait les choses simples de la vie. L’escalade ne fut que la continuité d’une enfance heureuse passée le plus souvent en pleine nature avec ses parents et ses collègues.
Kevin montra son intérêt pour l’escalade dès son plus jeune âge. « Petit, je jouais avec les cordes de mon père, pour essayer de tendre des tyros, ou parfois pour attacher ma soeur au poêle à bois, afin de voir si elle fondrait comme une pizza 4 chaussures… »
Malgré des habilités certaines dans le maniement des cordes, ses parents ont toutefois attendu avant de l’inscrire dans un club d’escalade…
Jusqu’à ses dix ans, il s’attachait à grimper tous les supports imaginables de la vie quotidienne. Autodidacte en escalade dans ses premières années, le petit Kevin avait beaucoup d’énergie. Il semblerait qu’EDF voulût même effectuer des branchements et le connecter au réseau pour alimenter en « elec » l’intégralité du quartier. L’inscrire dans un club d’escalade était devenu inéluctable. C’est au sein de grimp’Azur que Kev fera ses premières armes, chapeauté par « les anciens » qui lui feront découvrir les falaises locales : la Turbie, Saint Jeannet, Peillon, Castillon et tant d’autres.
À ses débuts, la compétition l’intéressait au même titre que le Kouign Amman ou les octogénaires fripés sur les plages nudistes. On retiendra que Guy Thaon, son entraîneur, l’inscrivit tout de même au championnat départemental ; il y finira deuxième, guronsé par l’adrénaline et le dépassement de soi. Les pupilles dilatées par les flashs des paparazzis, une passion naît : la soif de tout ce qui accompagne la victoire : feux d’artifice, rigolades et fiesta… L’entraînement peut donc commencer avec un seul objectif : la première place ! Champagne pour tout le monde !
Comme un vrai sitcom américain c’est là que le bât blesse ! Le petit Kevin est sujet à l’asthme, à un stade plutôt préoccupant, puisqu’il sera hospitalisé plusieurs fois. Ce n’est pas ça qui va l’arrêter, bien au contraire ça sera même un catalyseur.
C’est lors de ses premières escapades avec son oncle, à 13 ans, qu’il réalise : « la boîte à coucou » : 8a à Saint Jeannet. La machine est lancée ! Kev est bien entouré, ce qui n’est finalement pas étonnant vu l’énergie qu’il dégage. L’homme en question a un entrain et une simplicité naturelle, qui, couplé avec un rire inimitable, le rend attachant et indispensable.
Sa famille le soutient à 100 %, c’est d’ailleurs son principal fan-club et sponsor, avec en deuxième place le club de bridge de Bourgoin-Jallieu. Julie, sa petite soeur, a même avoué « vouloir faire tout comme lui, excepté si possible son épilation mensuelle du dos… ». Bien dans ses basques c’est le début de la razzia. Il part avec son père pour son premier voyage à l’étranger tâter les douces courbes des colos grecques à Kalymnos. Il réalise une flopée de voies à vue entre 8a et 8a+. La légende dit même que c‘est lui qui serait à l’origine du concept de « soldes sur dégueulis de calcite »… À l’âge de 16 ans, il poursuit le massacre avec Alien Carnage à Castillon coté 8c+.
Dans la foulée, tel un pilote de rallye ou un fan de tuning, Il fonce dans l’extension avec « WRC » pour s’adjuger son premier 9a.
Polyvalent, il signera la même année la pole position du championnat de France de difficulté cadet.
Entre ses 18 et 20 ans, il fait un BTS conception de produits industrialisés « spécialité explosion butane »… Il passera en parallèle son Brevet d’état d’escalade qui naturellement se conclura par un statut d’indépendant. Il jongle ensuite habilement entre l’encadrement dans les différents clubs départementaux (Grimpe Azur, Cagnes Sur Mer, Contes…) et le brassage de chignoles (alias clients ou patients) dans les multiples canyons des alentours comme les Gorges du Loup ou la Maglia.
Kev évolue dans ses aventures le plus souvent avec un acolyte de renom : Enzo Oddo.
Ensemble, ils forment un binôme explosif… Leur objectif est simple : bouffer de la caillasse goulûment jusqu’à implosion ! Ils tournent énormément en région Paca mais aussi explorent le monde : Australie, États-Unis et j’en passe, toujours en quête de nouvelles réalisations. Sa passion ne se limite pas simplement à grimper des itinéraires existants.
Comme “un bon niçois qui se respecte”, il fait aussi fumer le perfo. II équipera un paquet de « king lines », mais aussi quelques belles bouses proches du BTP sponsorisées par Mr Bricolage. Au sommet de son art, il équipe dans les Gorges du Loup, avec son acolyte Enzo, la mythique « Naturalia », un 8c+ ne comportant qu’une seule prise naturelle. Fan de bling-bling, il envisage même de disquer la roche pour y créer une section sur fissure artificielle, une première mondiale selon ses dires… Du grand Kevin !
Insouciant et provocateur pour certains, d’autres le décriront comme un mec avec le coeur sur la main, touche à tout, et particulièrement doué en escalade. Tout comme Enzo, il n’est pas méga connecté… Il n’aime pas se faire mousser sur les réseaux et ce malgré un tour de biceps qui ferait pâlir n’importe quel culturiste anorexique. Malgré un bon paquet d’actions délirantes ces 30 dernières années, Kev est devenu un grand garçon sans trop s’en rendre compte. ll vient en effet de fêter ses 30 ans cette année.
Fidèle à lui-même, Il est passionné par l’organisation de fêtes dans des lieux insolites agrémentés souvent de spectacles pyrotechniques.
Depuis 3 ans, il vit à La Palud-sur-Verdon dans la maison qu’il a lui-même rénovée avec Emma, sa compagne. Ils ont créé à eux deux un bureau des guides « l’instant Verdon », jeune entreprise fraîche et dynamique. N’hésitez pas à passer les voir si vous visitez les gorges, ou si l’envie vous prenait de tremper vos fesses dans l’eau froide. A muerte Bichos
Stéphanie Lo Piccolo, l’art de grimper motivée… ou 20 ans d’escalade impulsive
Stéphanie Lo Piccolo est la grimpeuse la plus emblématique et la plus forte de la French Riviera depuis déjà bien des années. Son credo ? Un savant mélange entre plaisir et performances, une addiction aux grosses sessions de grimpe, et surtout, une escalade sans pression, pour soi et pour se sentir bien. Maman de deux enfants, elle ne se fixe pas pour autant des objectifs moins ambitieux, on peut même dire qu’elle est à son top niveau !
Stéphanie a commencé à grimper en salle au club de Chambéry et s’est très vite lancée à fond dans les compétitions. Elle parvient particulièrement à s’exprimer lors de ses années jeunes, en catégorie cadette et junior : vice-championne de France, elle remporte deux étapes de coupe d’Europe et réalise deux troisièmes places en Championnat du monde jeunes. Elle garde un délicieux souvenir de cette époque. Son passage en catégorie sénior génère quelque frustration quant à l’exigence demandée pour monter sur le podium. Ces difficultés, ainsi que sa rencontre avec Cédric Lo Piccolo au CREPS, lui font prendre un chemin un peu différent : elle se tourne vers la falaise, qui prend rapidement le dessus. C’est ainsi le début de deux longues histoires d’amours.
Depuis lors, Stéphanie s’est largement imposée dans le haut niveau féminin en enchaînant une belle poignée de 8c, et avec dans le viseur quelques 8c+ qui risquent de ne pas lui résister longtemps, à l’instar de « Just one fixe » à Déversé où elle est tombée un nombre incalculable de fois au dernier mouv. Quant à son projet « Comité d’accueil », 9a, à Séranon, gare à lui au retour des bonnes condis car elle est très optimiste quant à ses chances d’enchaîner prochainement. Elle réalise régulièrement des 8a à vue, mais surtout flashé à la perfection par Cédric qui la connaît si bien.
Son secret ? Toujours grimper à fond, essayer plus dur, se dépasser, mais surtout, s’en mettre plein les bras à chaque séance ! Sa planif ? La motivation ! À l’écoute de ses envies, elle préfèrera grimper une fois de moins pour profiter plus la fois d’après. Grimper à moitié ? Jamais ! Plutôt en profiter pour faire d’autres choses : “Petit à petit je sens le besoin de m’ouvrir à d’autres choses, même si ce n’est pas forcément compatible avec perfer. Gentiment je me mets au vélo. J’aime bien l’effort mais des fois ça me plombe pour l’escalade. Je sens que je peux encore être à mon top niveau en escalade alors j’en profite. En ce moment je suis vraiment en forme ! De temps en temps, j’ai des pics de forme, je suis très contente de mon niveau, j’arrive à m’éclater dans des voies bien dures. Et voilà, à d’autres moments je suis moins régulière, j’ai besoin de faire autre chose. Je suis à l’écoute vu que je n’ai aucune pression de sponsor ou de quoi que ce soit. L’escalade, ça fait partie de mon bien-être, c’est un épanouissement général, un équilibre. Quand je vois que je deviens nerveuse ou que je ressens trop de frustration à cause de la grimpe, c’est que je dois me remettre en question.”
Quels sont tes points faibles, tes qualités ? Comment vois-tu ta progression sur toutes ces années ?
Je dirais le gros physique, le volume et le cardio. Je grimpe beaucoup avec les garçons à Nice, du coup j’ai l’impression que j’ai pas de force et que je ferme pas le bras… Sinon, mes qualités, je dirais la rési, la souplesse et la tonicité, la tenue de prise aussi, surtout sur arqués. Ma progression s’est faite par paliers, notamment quand j’étais jeune. Lorsque j’ai repris après avoir eu mes petits, je progressais de séance en séance. C’était génial de retrouver ça ! Actuellement, ça oscille entre des moments de patate où je me sens plus en forme et d’autres un peu moins. Dernièrement j’ai un peu pris physiquement et j’ai perdu sur certaines préhensions. Des fois je retourne dans des voies ou je n’étais pas allé depuis longtemps et je ne suis pas en difficulté aux mêmes endroits.
Es-tu une laborieuse ? Qui va travailler longtemps les voies ?
Je peux oui ! Si ça me motive, j’y vais à fond. J’ai quand même tendance à changer de voie quand je stagne. Je trouve que quand tu travailles une voie, tu progresses les 5 premières séances. Après ça, tu y vois plus clair sur si tu peux la faire ou pas, et si la patate est là, alors tu mets des run à muerte ! Parfois, lorsque je ne peux pas aller sur des sites loin de la maison, alors je retourne mettre des essais dans mes bêtes noires, et sur un malentendu et avec l’émulation locale ça passe parfois !
Quelle est la raison de ton investissement dans le haut niveau depuis tout ce temps ?
Je suis peut-être drogué à l’endorphine… j’ai besoin de bourriner, de me fumer, d’avoir ma dose quoi !
Le fait d’avoir un bon niveau est aussi lié à la possibilité d’avoir du temps libre. Il y a plein de gens qui voudraient s’investir et qui ont le boulot, la vie de famille… (N.D.L.R. : Stéphanie travaille à temps partiel dans la salle Val de Grimpe à Cagnes-sur-Mer, s’est mise à l’ouverture depuis un certain temps déjà et s’y éclate. Elle a donc passé des diplômes et ouvre parfois pour des compétitions locales. Elle grimpe 3 fois par semaine en moyenne, sans vraiment suivre de planif.)
Quels ont été les effets de la maternité sur tes performances en escalade ?
Heureusement, le corps a une mémoire ! Ça revient sans problème. Moi je n’ai pas ressenti le besoin de grimper pendant la grossesse. Faut y aller doucement ! Au début, le dévers, même pas je le regardais ! Je savais que je ne pouvais pas ! Les petites prises, faut pas faire n’importe quoi aussi. Mais au début le plus compliqué c’était le gainage. Tu sens qu’il est parti en vacances ! Une fois, je suis allé dans un bloc en dévers, mes jambes sont parties à l’opposé sans que je puisse contrôler quoi que ce soit ! Tu le sens en fait. Je trouve que la reprise est bien plus facile qu’après une blessure : déjà c’est un arrêt choisi et t’as pas ressenti toute la frustration d’une blessure. Moi j’ai repris assez vite. Au début, t’as les pieds qui font mal, au bout de trois quarts d’heure t’es morte ! Un mois après je regrimpais, six mois après j’étais dans le huit. Je dirai qu’au bout d’un an j’avais retrouvé mon niveau voir plus.
Est-ce qu’être maman a changé quelque chose à ton investissement dans le haut niveau ?
Oui quand même ! Les priorités ne sont plus les mêmes. Quand j’ai eu le premier, j’ai repris l’escalade sans me dire que j’allais refaire des perfs, sans trop me prendre la tête. Petit à petit le plaisir est revenu, assez vite même ! Au début je ne voyais pas ce côté et cette envie de performance, je voulais plus m’occuper de mes petits et finalement c’est revenu ! À voir son niveau qui monte si vite, on est vite repiqué ! Des fois, il y a des pressions en moins et ça marche mieux. Tu vois les choses différemment !
Comment expliques-tu être aussi faiblement médiatisée vu ton niveau ?
C’est un peu de ma faute, je n’en ressens pas forcément le besoin. Je ne communique pas sur les réseaux sociaux. Je partage mes perfs avec les gens avec qui je grimpe sans ressentir l’envie de médiatiser plus. Forcément il y a des avantages et des inconvénients : t’as pas de sponsors mais t’as pas de pression non plus !
Selon toi, que peuvent apporter les filles au haut niveau ?
Des nouvelles méthodes ! Ça serait toujours chouette plus de mixité. Ça peut apporter que du positif, c’est toujours complémentaire ! Moi, par exemple, j’apprends aux garçons à faire des lolottes. C’est pas gagné mais bon ! Quand on arrive à être un certain nombre de filles, on se mélange et ça se passe très bien !
On ne retrouve pas beaucoup de jeunes filles en falaise. Quelques compétitrices s’expriment sur les compet nationales mais en falaise, tout de suite, ça fait peur. On a deux grimpeuses très fortes dans la région mais qui sont discrètes : Josune Olave, elle grimpe depuis une dizaine d’années et elle est à fond ! Ainsi que Roxanne Durand qui a récemment enchaîné deux 8b+ ! C’est cool d’aller grimper avec d’autres filles mais ça n’arrive pas assez souvent. À un moment, il y a eu la génération de Romane Cecchi, Anouck Even, Julie Aglaé, Madeleine Goujon qui ont fait du 8a assez jeunes mais maintenant elles grimpent plus en salle parce qu’elles n’ont pas forcément le temps. Dans ma génération, Manu Raveyre a réussi à atteindre un solide niveau dans le 8, mais depuis quelque temps elle enchaîne plutôt les blessures…
Dans les salles, la répartition filles-garçons est assez mixte, par contre si tu vas à Déversé t’as pas beaucoup de chance de voir des filles. C’est vrai que pour aller en falaise régulièrement, il faut avoir du temps dans la vie active, et ceux qui peuvent, c’est souvent des pros, des pompiers, des profs… C’est peut-être des métiers un peu moins féminins. Maintenant, le week-end dans d’autres secteurs moins élitistes tu vois pas mal de couples et des cordées de filles.