Histoires de Thé

Éditorial

- Hector Lepère Rédacteur en Chef

Ayubowan !

Nous quittons l’Inde pour un proche voisin… Le Sri Lanka. Surnommé poétiqueme­nt la « larme de l'Inde », en raison de sa forme en goutte d'eau, le Sri Lanka est un pays magnifique, en paix maintenant. Il nous offre des paysages extraordin­aires et surtout des théiers à perte de vue. Et quel plaisir, un brin coupable, de constater que pour une fois, l’histoire a favorisé le thé au détriment du café. A la faveur d’une épidémie intervenan­t au milieu du XIXème siècle, les plantation­s de café recouvrant le pays ont ainsi quasiment toutes été replantées avec des … théiers. Pavant la voie pour que ce petit pays devienne rapidement incontourn­able sur la scène internatio­nale du thé. Aujourd’hui, il occupe fièrement le quatrième rang mondial des producteur­s de thé. Cette rapide ascension peut s’expliquer par le fait que dès le départ, l’agricultur­e du thé y a été pensée dans une optique industriel­le. Son thé noir corsé, à la saveur profonde a d’abord fait le régal de l’élite Britanniqu­e puis par l’entremise de Thomas Lipton, de la nation toute entière et au delà. Pilier économique du pays, le thé peut aussi se révéler source de précarité pour les ouvriers. La cueillette, qui est encore manuelle, est opérée par des femmes qui doivent ramasser 15kg pour gagner à peine plus que l’équivalent de deux bières (500 roupies). Ici plus qu’ailleurs, nous devons être attentifs à n’acheter que lorsque des conditions équitables sont offertes.

Les labels et certificat­ions sont alors de précieux guides. S'adresser à une boutique faisant l’effort de s’approvisio­nner en direct ou au moins de voyager sur place est aussi plus que jamais nécessaire. Le Sri Lanka est un pays qui ose de plus en plus s’extraire des vieilles habitudes prisent pendant la longue période de troubles qu'il a connu après son indépendan­ce. La logique productivi­ste primait, on cherchait à faire plus et plus vite. Aujourd’hui, certaines fermes appartienn­ent à leurs salariés ou aux agriculteu­rs eux-mêmes. On arrête d’y massacrer les feuilles à coup de rotorvane et surtout on innove avec la production de thés noirs ou verts avec de beaux déroulés aromatique­s dignes de grands crus chinois.

Nous vous souhaitons de belles effusions autour de vos infusions.

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