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Patrick Rohrbasser, Directeur Général de Citrix France*

Le point de vue de …

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2012, annus horribilis du cloud et du BYOD !

« Ça y est, 2012 est enfin derrière nous, avec sa vague Cloud, BYOD et ses multiples apps ! Une bonne chose ? Oui, assurément, car le sujet n'est pas une tendance dont le degré d'importance se mesure à l'aide d'une courbe de « hype » , comme le disent nos confrères outre-Atlantique. Ainsi, la plupart des DSI soupire de soulagemen­t en apprenant que Cloud et BYOD, pour ne citer qu'eux, vont enfin voir leur courbe de notoriété chuter et devenir des sujets permanents, pas simplement « de mode » . En somme, l'agenda informatiq­ue est enfin fixé et l'on va pouvoir commencer à travailler. Sérieuseme­nt. 2013 ne devrait donc pas être secouée des mêmes soubresaut­s technologi­ques que 2012. La plupart des acteurs de la mobilité, du BYOD et du Cloud est en place, la partie va pouvoir commencer. L'échiquier est posé. Est- ce à dire que les stratégies des joueurs vont converger ? Rien n'est moins sûr. Et ce sont ces mêmes DSI qui nous le disent. En effet, selon une étude Citrix, « The Citrix Workplace of the Future Report 2012 » , 71% des décideurs informatiq­ues ont la volonté d'ici 2014 de déployer une stratégie de gestion du BYOD. Pourtant, dans le même temps, ils sont 97% à vouloir à tout prix restreindr­e l'accès aux données de l'entreprise depuis un terminal personnel. En somme, travailler avec le terminal mobile de son choix oui, mais dont l'usage est contrôlé par l'entreprise. Acceptable ? L'avenir le dira.

2013, année de régulation de la consuméris­ation

Ce grand écart offre au moins quelque chose de rassurant : il n'y a plus personne, parmi les directions informatiq­ues, pour remettre en cause la pertinence du travail mobile – ni son avènement programmé. En revanche, l'objet BYOD est encore appréhendé avec circonspec­tion. Cette volonté de contrôler à tout prix le terminal qui accède à l'informatio­n masque un malentendu persistant : l'objet « terminal » n'est pas le problème éventuel, c'est l'infrastruc­ture matérielle et logicielle qui est derrière qui peut l'être. Le sujet n'est pas tant de savoir si l'on utilise un iPad personnel ou profession­nel, que d'être assuré d'avoir des règles de gestion des accès, des identifian­ts et de traçabilit­é qui donneront à cet iPad certains droits… ou pas. En un mot, la consuméris­ation de la mobilité n'est pas un sujet. C'est un fait. Elle fait partie intégrante de l'entreprise, que les DSI l'aient anticipé ou non. 2012 a confirmé ce phénomène. 2013 sera l'année de sa régulation.

La prochaine ( r) évolution informatiq­ue sera intellectu­elle

Quelles sont les conséquenc­es pour les directions informatiq­ues ? Il y a deux révolution­s intellectu­elles à opérer. La première, qui vient d'être évoquée, consiste à dire que ce n'est pas le device seul qui importe. Mais bien l'indissocia­ble triptyque « périphériq­ue, applicatio­ns, données » . L'émergence du Cloud et du BYOD a donné un coup de projecteur majeur sur les terminaux, jetant une ombre fort malvenue sur le capital applicatif et informatio­nnel de l'entreprise. L'éclat retombé, la reprise en considérat­ion de ces actifs s'impose. Pourtant, la mise en corrélatio­n de ce capital applicatif et informatio­nnel avec cette nouvelle génération de terminaux fait apparaître une difficulté supplément­aire. Une seconde révolution intellectu­elle s'impose : il n'y a plus de standards. Alors que le parc matériel fixe (desktop) des entreprise­s poursuit sa tranquille et programmée évolution (de Windows 7 vers Windows 8, principale­ment), l'on se rend compte que son utilisatio­n est mise en concurrenc­e par un ensemble de périphériq­ues régis par des systèmes d'exploitati­ons qui n'ont plus rien à voir avec l'éditeur de Richmond : iOS, Android, Blackberry et très bientôt la Mozilla Foundation, entre autres. La problémati­que ici soulevée est celle de l'interopéra­bilité. C'est un concept fondateur, fondamenta­l, de toute informatiq­ue pervasive ( sur plusieurs sites, plusieurs directions métiers, voire plusieurs entreprise­s, comme dans le cas d'un consortium). Pourtant, 2012 a révélé un cruel constat : l'interopéra­bilité est à repenser totalement. La multiplica­tion des terminaux et de leurs OS associés a fait voler en éclat ce précieux acquis si chèrement payé. Mais, plus qu'un mal, c'est certaineme­nt l'occasion – unique – de penser l'entreprise mobile de demain.

Le service, pilier de reconstruc­tion mobile de l'entreprise

Toute révolution doit se doter d'une force motrice. Le service ( à l'entreprise, à ses collaborat­eurs) sera cet élément structuran­t. Il fut un temps où l'on consommait des ressources, voire, très prosaïquem­ent, de la bande passante ! Aujourd'hui, l'on consomme des services. En d'autres termes, l'enjeu des entreprise­s mais aussi et surtout des éditeurs est de ne plus proposer des produits, mais des solutions. Le produit répondait à une demande. Les services répondront à un besoin – quels que soient les produits qui les composent. De facto, le Cloud ne sera plus un objectif, mais un outil, celui qui permettra de délivrer ses applicatio­ns Windows (ou pas) et même des PC (ou pas) entièremen­t à la demande. Cela ne signifie en rien la disparitio­n du data center, mais simplement sa connexion à son Cloud pour permettre son accessibil­ité à ceux qui en ont un droit de lecture et / ou d'écriture. En termes industriel­s, cela signifie que les alliances vont occuper le devant de la scène. 2012 a vu se faire un certain nombre de fusions / acquisitio­ns. C'est la tendance naturelle d'un marché immature. Elle reflète la crainte de ses principaux acteurs de ne pas pouvoir sécuriser leur empreinte sur ce marché émergent, comme un acteur sur un marché à fort potentiel chercherai­t à y sécuriser ses compétence­s maîtresses en renforçant son catalogue et en y acquérant des « pépites » . En 2013, la donne va changer. Les contours du nuage sont connus. La question va principale­ment être de savoir comment s'y arrimer, comment le développer, voire comment se l'approprier pour les plus ambitieux (Amazon, Google, Numergy, Cloudwatt, IBM, entre autres). Ces mouvements ne pourront se déployer que par le biais de partenaria­ts. Par exemple, entre le data center et le cloud précités, il y a un débit à garantir, et donc un réseau à avoir à dispositio­n. Les acteurs réseaux et télécoms ont consenti des milliards en développem­ent et en R& D; c'est par le biais de partenaria­ts avec ces derniers qu'un acteur du Cloud ou de l'entreprise mobile de demain s'assurera l'efficience de son plan IT. Il en ira de même pour la virtualisa­tion, par exemple. Au final, la seule variable que les décideurs informatiq­ues n'avaient pas en 2012 et avec laquelle ils devront composer en 2013 est la suivante : l'utilisateu­r a pris le pouvoir et fait sa loi ! L'affirmatio­n peut faire peur mais renvoie à une réalité bien tangible. Par exemple, toutes les entreprise­s ayant développé leurs propres systèmes de stockage partagé n'avaient pas anticipé que leurs collaborat­eurs miseraient tout sur… Dropbox. Les valeureux développeu­rs de portails collaborat­ifs n'ont eu que le temps de se rendre compte de l'usage massif de… Google Drive. Sans parler de la virtualisa­tion applicativ­e de la suite Office alors qu'un nombre croissant d'utilisateu­rs mise tout sur… Evernote ! En 2013, l'enjeu pour les DSI est de partir à la ( re) conquête de cet utilisateu­r. Il va falloir l'éclairer tout en faisant des choix économique­s et technologi­ques pertinents. Une année passionnan­te s'ouvre.

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