Salons
Zoom sur... Viscom. Une fenêtre ouverte sur la communication visuelle
Lancé à une époque où l’argentique et la sérigraphie avaient valeur de « tables de la loi » pour les professionnels de l’impression, de l’édition et de la publicité, cette manifestation n’a jamais cessé de se faire le fidèle reflet d’un univers en perpétuelle mutation. Une métamorphose désormais rythmée par le digital et les nouvelles technologies.
C’est l’année même où, sur fond de parade endiablée orchestrée par ce « fou » de l’image qu’est Jean-Paul Goude pour commémorer le bicentenaire de notre très « ça ira, ça ira » Révolution française, que cet autre événement dédié à la communication visuelle a vu le jour. Non sous son actuelle appellation de Viscom, mais sous le nom de Sign. Un patronyme dont la sonorité furieusement anglo-saxonne est le fait de son « géniteur » Jacky Jaillat, alors Directeur Général de Miller Freeman France, filiale du groupe United News and Media. Des débuts, à dire vrai, modestes puisque la manifestation se résumait à vingt cinq exposants et se tenait à l’espace Austerlitz (devenue aujourd’hui la Cité de la Mode et du Design). « D’entrée de jeu, le salon s’est adressé aux acteurs de la communication visuelle et plus spécifiquement à ceux que l’on appelait à l’époque les peintres en lettres dont les réalisations fleurissaient aussi bien dans les vitrines des magasins que sur les menus des restaurants ou les plaquettes promotionnelles » ajoute Annabelle Serres, son actuelle directrice.
>> Une rapide reconnaissance du milieu
Dès l’origine aussi à tenue annuelle, celui-ci connaît un développement tel en à peine quatre ans qu’il quitte le XIIIe arrondissement pour se déployer au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Un succès qui, immanquablement, ne pouvait qu’aiguiser l’appétit des géants de l’organisation de salons tel que Reed Expositions. En 2001, le voilà qui tombe dans l’escarcelle du groupe dans le cadre du rachat global de Miller Freeman. Un changement de main qui entraîne une modification d’appellation : Sign devient alors Visual. Ainsi que tient à le souligner Annabelle Serres, « si le numérique a bien évidemment considérablement fait évoluer les techniques afférentes à la communication visuelle, le coeur même du salon sur le plan des métiers qui y sont représentés tant du côté des exposants que des visiteurs se retrouve toujours encore ». Justement, pour ce qui se rapporte aux exposants, 70% d’entre eux représentent des sociétés étrangères, en particulier originaires d’Asie ( Japon, Corée) dont le savoir-faire dans l’univers mêlant les arts graphiques aux nouvelles technologies est de notoriété mondiale. Évidemment, avec la crise qui, depuis quelques années, érode sérieusement nos rouages économiques, le salon qui connaissait jusqu’en 2008 une croissance exponentielle au niveau du nombre de ses participants a vu celui-ci connaître une sérieuse baisse sur les années 2009 et 2010. « Mais leur nombre est reparti à la hausse en 2011 et demeure depuis stable » précise Annabelle Serres. Quant au profil du visitorat, celui-ci se révèle plutôt diversifié dans la mesure où il représente la chaîne de fabrication graphique dans son intégralité. Éditeurs de logiciels, fabricants d’enseignes, de signalétiques et de machines, imprimeurs, graphistes, agences de communication, bref tous les acteurs recourant aux différents supports de communication tant digitale que papier se retrouvent chaque année dans les allées de ce qu’ils considèrent comme un passage obligé pour se tenir informé des tendances présentes et à venir et y dénicher de nouveaux fournisseurs et matériels. Des visiteurs majoritairement
issus de l’Hexagone (17% seulement d’entre eux sont étrangers, plus spécifiquement en provenance du Benelux et du Maghreb) dans les rangs desquels se recensent de plus en plus de ce que dans le jargon du milieu on désigne sous la formule de « clients finaux », autrement dit les entreprises qui s’équipent en interne afin de pouvoir créer leur propre communication visuelle.
>> Une évolution en phase avec l’air du temps
C’est en 2007 que Reed Expositions prend la décision de rebaptiser l’ensemble de ses salons dédiés à la communication visuelle – outre la française, il existe des entités allemande, espagnole et italienne – du nom générique de Viscom. Une désignation en forme de clin d’oeil à l’expression couramment usitée par la profession de dire « c’est du viscom » pour signifier communication visuelle en parlant d’affichage ou d’impression grand format. Deux années plus tard, pour des raisons de logistique, le salon est transféré au Parc des expositions de Villepinte. Si celui-ci ne comportait ni conférences, ni ateliers d’aucune sorte les premières années de son existence, les initiatives en la matière ont d’abord été très orientées sur la technique en raison des métiers représentés qui reposaient alors sur des nomenclatures extrêmement complexes. Très axés désormais sur le numérique et les nouvelles technologies, leurs thématiques (dont le choix s’effectue en concertation avec les Fédérations et les syndicats professionnels) s’articuleront principalement pour la session 2013 autour du centre commercial avec les questions de circulation et d’animations s’y rattachant ainsi que sur l’événementiel et l’interactivité afin, confie Annabelle Serres, « de pouvoir apporter des réponses aux marques de plus en plus soucieuses d’établir des liens interactifs avec leurs clients et où l’affichage dynamique occupe désormais une place de choix». Une volonté d’échanges et de transversalité que celle arrivée aux commandes de Viscom en septembre 2010 s’est attachée également à instaurer dans sa configuration même. Une optique qui l’a amené à une totale reformulation d’Imagine, un espace dans lequel les exposants y présentaient leurs innovations et réalisations, mais qui, dans la pratique de son fonctionnement était perçue comme terriblement statique et sans réel intérêt pédagogique par le visitorat. D’où l’idée d’y amener une thématique particulière puisée dans l’air du temps afin d’insuffler à la fois de « la vie » sur cet espace tout en distillant ce parti-pris sur l’ensemble du salon. Une orientation nouvelle inaugurée avec la session 2011 et baptisée par son initiatrice « Imagine the city » afin d’y présenter les dernières innovations de la communication visuelle en milieu urbain. Pour les besoins de la cause, une ville avait été reconstituée sur une superficie de 700 m2 avec un décor d’affiches géantes en trompe-l’oeil représentant des mégapoles comme New-York et Paris. Un relooking fortement plébiscité tant par les exposants que par les visiteurs amenant son organisatrice à voir plus grand encore pour la session suivante (2012) avec l’extension de cet espace Imagine sur 1000 m2 sur lequel, en collaboration avec la scénariste Laure Andrieux, a été déployée la thématique « Imagine the airport». Pour la session 2013 qui correspond aux vingt cinq ans d’existence de ce salon, Annabelle Serres a fait appel à l’agence de design « L’air de rien » dans le but de concocter des réalisations inédites autour des shopping centers. Entre autres surprises visuelles, l’espace Imagine y accueillera des vitrines spécifiquement agencées pour l’occasion et présentera des outils habituellement réservés à la sphère de la communication visuelle sous des aspects de personnalisation les hissant d’un seul coup au rang nettement plus désirable d’objets de décoration à part entière. « L’idée est d’amener le visitorat à se dire qu’en communication visuelle, ils peuvent se lâcher sans limites, par la seule ouverture de leur imaginaire » souligne Annabelle Serres. Et celle-ci de conclure sur une formule qu’elle avoue employer souvent : « Il n’y a de limite qu’à votre imaginaire puisque les technologies ne constituent plus un frein aujourd’hui ». Viscom, du 24 au 26 septembre 2013, Paris Nord Villepinte, Hall 8.