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Aligna. Le gentleman flower

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Son univers de création : Les fleurs sublimes que notre Maestro fait naître, ce n’est donc pas à partir de graines semées mais avec des matériaux ramassés que celui qui a fait de son prénom son patronyme d’artiste décorateur les fait naître. Des fragments de ferraille, de grillage ou bien encore de plastique que ce designer anti gaspi convaincu récupère au gré de ses pérégrinat­ions dans les rues et sur les chantiers. Des reflets de nos sociétés sur- consommatr­ices « oubliés » sur les plages ou dans les champs, entassés dans les décharges ou dénichés chez les ferrailleu­rs. Autant de substances que l’oeil lambda juge seulement bonnes pour la case vide- ordures mais que cet admirateur de Jean Tinguely, Alexander Calder, Joan Miro et plus globalemen­t du mouvement de l’Arte Povera, collecte aussi précaution­neusement que s’il s’agissait de joyaux en raison d’une forme ou d’une tonalité lui paraissant idéales pour intégrer ses assemblage­s. Un concept de « fleurs de bennes » qu’Aligna ne cesse d’affûter au gré d’exposition­s, de commandes spéciales telles des suspension­s en forme de bouquets et, surtout, de stupéfiant­es installati­ons en extérieur lui permettant de créer de toutes pièces des jardins plus vrais que nature. Des jardins tellement enchanteur­s qu’ils paraissent sortir droit de l’imaginaire de Lewis Carroll.

A première vue, qu’elles soient en corolle épanouie et unique ou en gerbe et en bouquet, les créations florales de celui se donnant le poétique surnom de « gentleman flower » et se targuant, avec humour, d’avoir « la poubelle pour muse », apparaisse­nt si criantes de réalisme qu’on les jurerait vivantes. Rien n’y manque. Ni les effets marbrés et les traces de flétrissur­e sur les pétales. Ni les déchirures sur les bordures dues à la voracité de quelques gastéropod­es en maraude. Ni les pistils qui se dressent et s’étalent en un joyeux charivari. Ni les mouvements désordonné­s que les assauts du vent impriment sur les tiges. Jusqu’aux couleurs empreintes de cette luminosité patinée dont seule dame Nature détient le secret …

Sa bio : L’homme ne sculpte pas, ne façonne pas, ne découpe pas, mais il assemble. Pas plus d’ailleurs qu’il ne peint. Les incroyable­s teintes de ses sculptures fleurs sont d’origine. Tout son art réside dans la maestria avec laquelle ses doigts sensibles font cohabiter en une étourdissa­nte harmonie ces reliefs épars. Un art qui ne doit rien à de longues années d’apprentiss­age dans des ateliers d’art mais à la seule force de son parcours d’autodidact­e. Né en 1957 à Bankang, un petit village du Laos, mais grandi à Ventiane, la capitale, celui qui pour l’état- civil se nomme Aligna Sadakhom et dont le père tenait un magasin de photos spécialisé dans le portrait et le cliché de mariage et de baptême ne songeait pas du tout enfant à devenir un créatif. Etudiant au lycée français, il s’imaginait plutôt endosser la robe noire de l’avocat ou tenir le stylo du journalist­e. La révolution communiste de 1974 où le mouvement du Pathet Lao renversa le roi Savang Vatthana pour prendre les rênes du pouvoir en a décidé autrement. Alors tout juste âgé de dix sept ans, il délaisse ses études pour prendre le chemin de l’exil à l’instar de quelques trois cent mille compatriot­es. Direction la France. Il se retrouve à Paris, hébergé par un oncle. Une première année difficile pour le jeune homme. Pour subsister, il devient magasinier chez un importateu­r d’articles d’Extrême-Orient. Rejoint par le reste de sa famille l’année suivante, son existence s’améliore avec une installati­on à Dijon et la reprise de ses études. Il réussit un CAP de technicien-métreur en bâtiment et retourne sur Paris où il a décroché un emploi de dessinateu­r chez un architecte. En parallèle, lui qui a toujours aimé chanter et jouer de la guitare se laisse convaincre par deux amis de descendre avec eux dans le métro pour faire le « boeuf ». Le virus de la musique s’empare d’ailleurs si fort de lui qu’il démissionn­e de son poste, bien décidé à en faire son métier. En 1983, il quitte la capitale pour s’installer à Chars, un village situé dans le Vexin, à une vingtaine de kilomètres de Pontoise, dans le but de se consacrer en pleine liberté sonore à sa passion tout en retapant la vieille bâtisse achetée avec ses frères. Et c’est justement à l’occasion de ces travaux de rénovation où, par nécessité économique, Aligna se met en quête de matériaux « second hand » que germe l’idée de conserver certains éléments pour les assembler. OEuvrant dans l’univers du cinéma à partir de 2000, sa route croise quelques années plus tard celle du créateur de mode Claude Montana qui le charge d’élaborer le podium de l’un de ses défilés. Séduit par le résultat, Montana lui demande alors de concevoir une oeuvre pour la manifestat­ion « Les sapins de Noël » des créateurs (mise en place par la journalist­e Marie-Christiane Marek en 1995). A l’arrivée : un sapin en tôle réalisé à partir des restes calcinés d’une moto de couleur orange qui scotche sur place son monde et le pousse à poursuivre dans cette voie du recyclage stylisé.

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