Infrarouge

Vincent Perez, en plein zoom

- Par Hervé Prouteau.

Il y en a plusieurs ! Le premier Taxi, mais je n’étais pas disponible. Roméo & Juliette, avec Di Caprio et le f ilm Infidèle, d’Adrian Lyne, avec Richard Gere et Olivier Martinez. Il est l’un des comédiens français les plus complets. Depuis plus de 20 ans, il passe des comédies romantique­s aux films d’action, des films d’art et d’essai aux films populaires. Devant la caméra, bien sûr, et derrière... Avec son exposition « Matières et sentiments », il revient à ses premières amours, la photograph­ie.

Quelle est la question la plus «clichée» que l’on vous pose ?

On nous pose souvent les mêmes questions… Avant, c’était à propos de mon côté « jeune premier ». Maintenant, c’est plus souvent : « On vous voit moins au cinéma, pourquoi ? »

Avec qui vous confond-on parfois ?

Avec tous les Vincent ! On m’a même pris pour Vincent Lindon… Et avec Olivier Martinez. On croit toujours que j’ai tourné Le hussard sur le toit, alors que moi, c’est Cyrano !

Quel est le plus beau compliment profession­nel que l’on vous ait fait ?

« Merci pour ce film. Merci de parler de nous », à propos du film de ma femme (Karine Silla Perez), Un baiser papillon.

Une critique ou un conseil qui vous a fait avancer ?

L’autre jour, à l’école de mes enfants, c’était le Nouvel An chinois ; on m’offre un biscuit à message et je lis : « La vie est faite d’obstacles ». Et bien, mine de rien, ce petit message fait son chemin ! Un obstacle, ce n’est pas une fatalité, c’est ce qui amène le piment de la vie. La vie peut même devenir encore plus excitante en s’amusant à franchir les obstacles successifs.

Quel est le film que vous avez regretté d’avoir refusé ? Et celui que vous regrettez, parce que vous n’avez pas été pris ?

Je n’ai pas de regrets, je ne pense pas comme ça. J’ai été parfois un peu déçu, i l y a des jours comme ça… comme pour le film Meurtre parfait avec Michaël Douglas. Suite aux essais, les coproducte­urs et Michaël Douglas lui-même m’avaient félicité : « you are in ! »… Ce soir-là, je devais dîner avec Marlon Brando, j’étais ravi. Et puis le dîner s’est annulé, et j’attends encore la confirmati­on de leur choix pour le film, qui n’est jamais venue… finalement, j’étais devenu « trop européen » pour ce rôle ! C’est un métier où tout est merveilleu­x puis tout s’écroule, les montagnes russes !

Racontez-nous l’histoire de cette expo photo ?

La photo était mon premier métier, et cela m’a amusé de trouver une nouvelle direction en choisissan­t d ’ illustrer « les monstruosi­tés urbaines ». Je m’explique : toutes les marques indélébile­s, les empreintes et déformatio­ns du temps, les tatouages internes des murs, des monuments, les blessures architectu­rales qui forment des oeuvres d’art accidentel­les. C’est avec l’aide d’Auguste Chantrel (étudiant en architectu­re et qui exposera deux photos) que j’ai pu mieux m’approcher de la ville. C’est lui qui m’a fait découvrir « l’art accidentel ».

Faites la “promo” de votre expo-photo et de vos travaux en quelques adjectifs…

Profondeur, miroir, réf lexion, passé et projection !

Parmi les qualités que l’on vous trouve, quelle est celle qui est la plus vraie ?

La passion, l’enthousias­me… Avant, je donnais l’impression d’être « gentil », alors que je crois que j’étais juste attentionn­é. Cela m’avait d’ailleurs touché que John Malkovich - avec qui j’avais travaillé - me remercie de l’avoir aidé à progresser en français.

Qui ne pourrait-on pas vous soupçonner d’admirer ?

Nicolas Sarkozy, l’homme… Quand on stigmatise et diabolise quelqu’un, ça me donne toujours envie d’aller vers lui. Je l’apprécie vraiment en tant qu’homme ; on a été dur avec lui.

Qu’est-ce qui vous impression­ne le plus chez vous ?

Pas grand-chose ! (rires) Mais quand je vois d’où je viens, de mon Canton de Vaux, j’ai une vie extraordin­aire à laquelle je n’aurais pas osé rêver.

Et ce qui vous déçoit le plus ?

D’avoir commencé à me cultiver un peu trop tard ! La littératur­e, la culture, l’art. Il y a des tas d’ouvrages et de choses que j’aurais préféré découvrir avant ! L’art abstrait de Dora Vallier… Le Corbusier, la vie de cet homme…

Quel est le truc le plus fou que vous avez osé faire pour décrocher un rôle ?

Je n’ai jamais rien fait... C’est un handicap, mais je ne sais pas faire autrement. Encore que, maintenant, j’ose appeler ou envoyer un petit mot ou un texto ! Récemment, j’ai dîné avec Martin Scorcese. Du coup, lorsque mon agent américain m’a fait lire un scénario de lui, j’ai demandé à une copine qui le connaît bien, de lui rappeler notre dîner. Il s’en souvenait…

Le truc qui vous agace dans votre milieu ?

On est en plein succès, tout le monde nous courtise, puis dans le creux de la vague, tout le monde nous évite… C’est vrai partout, mais encore plus dans le cinéma, où l’on dépend du désir des autres.

uelle est la propositio­n la plus saugrenue que l’on vous ait faite ?

Je lis parfois des scénarios qui me tombent des mains. C’est incroyable qu’ils obtiennent le financemen­t ! Moi, j’ai de la chance ; je travaille dans beaucoup de pays ; je viens de finir un téléfilm sur la mafia, pour la Rai. Mais, en tant qu’acteur, on me dit plus souvent « non » que « oui » !

Adolescent, de qui aviez-vous le poster, dans votre chambre ?

J’aimais bien Yves Montand, il chantait, il dansait… Et puis, j’ai eu James Dean et Marlon Brando.

Pour finir, un a priori « négatif » qui se confirme ?

Le trajet de la nature humaine ; je n’ai pas l’impression que l’on aille dans la bonne direction. La surpopulat­ion, l’eau, l’énergie…

Et un a priori « positif » qui se confirme ?

Je crois à l’intelligen­ce des hommes ! Et à une certaine spirituali­té. Je pense qu’avec la nature, on trouvera les remèdes aux maux de notre société.

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