Infrarouge

Anaïs Demoustier se prend bien au jeu

- Par Hervé Prouteau.

Loulou de Pialat. Je le regarde souvent avant de tourner, ça me donne envie ! Ce duo Huppert / Depardieu avec Guy Marchand, c’est une leçon de jeu et de vie au cinéma. Elle n’a que 24 ans, mais déjà de nombreux rôles forts et deux nomination­s aux César. Après avoir été jurée au festival de Deauville, elle est bientôt à l’affiche du dernier film de Claude Miller, et sera également sur les planches dans la pièce de Christophe Honoré.

Présentez-vous en quelques adjectifs qui vous caractéris­ent bien ?

Enthousias­te, drôle (enfin… dans ma vie privée !), perfection­niste… et impatiente.

Une vraie date clé de votre parcours ?

Le premier jour du tournage de mon premier film Le temps du loup (de Michael Haneke). Ou plutôt le jour du casting ! Je n’aimais pas manquer l’école, j’habitais Lille et j’étais déjà venue passer plusieurs castings pour ce film, mais là c’était pour rencontrer le réalisateu­r. J’étais tellement intimidée que j’ai fait exprès de mal faire… il me faisait peur ! Heureuseme­nt, la directrice de casting m’a rappelée à l’ordre, et c’est moi qui ai été choisie.

Le film que vous avez le plus vu ? Quel est le meilleur moment dans l’aventure globale d’un film, en dehors du jeu ?

Les fêtes de fin de tournage ! Le tournage, c’est une vie de voyage, loin de chez soi, c’est une aventure humaine. La fin d’un tournage, c’est la fin de moments de vie très forts dans un temps très court.

Et quel est le moment le moins agréable pour vous ?

L’attente entre la fin d’un tournage et le montage présenté ou la sortie du film ! C’est souvent tellement long qu’on est un peu passé à autre chose.

Quel est l’acteur ou l’actrice dont vous ne pensiez pas croiser si rapidement le chemin ?

Gérard Depardieu. J’ai fait des essais avec lui. C’est tellement un mythe que lorsqu’il me regardait, j’avais l’impression que c’était un faux.

Racontez-nous un moment particuliè­rement loupé ? Casting, tournage, promo ?

Les castings sont parfois des occasions d’être au top du ridicule ! Je me souviens d’un casting pour un film d’époque. Il fallait jouer en anglais (le mien est déplorable), et surtout ma scène se passait pendant que le personnage montait à cheval. En guise de cheval, le réalisateu­r avait prévu un caddie de supermarch­é ! Je me revois dans mon caddie tentant de baragouine­r trois mots d’anglais... tout en devant me persuader que j’étais reine ! Une catastroph­e ! Je n’ai évidemment pas eu le rôle.

Une critique qui vous a faite avancer ?

Récemment, la directrice de casting du film d’Haneke m’a dit : « tu as besoin d’être dirigée ». Je crois que c’est vrai, il y a des acteurs « indépendan­ts », moi j’ai besoin d’être incitée, d’être orientée.

Une récompense dont vous rêvez ?

Le prix d’interpréta­tion à Cannes, tout simplement ! C’est la super classe et c’est quand même plus pointu que les César !

Que dit-on de vous de trop flatteur qui vous fait presque rougir ?

Mes parents me disent souvent que je suis « incroyable­ment généreuse » et que j’ai la joie de vivre. Franchemen­t, ils s’enflamment un peu !

A qui diriez-vous « oui », presque sans réfléchir ?

Au réalisateu­r belge Joachim Lafosse qui vient de tourner A perdre la raison (avec Tahar Rahim et Emilie Dequenne).

Un « beau mec » qui fait craquer toutes vos copines, sauf vous ?

Brad Pitt, ça marche pas sur moi.

Et celui que vous êtes presque la seule à trouver craquant ?

Antoine de Caunes.

Je ne suis pas sûr que vous soyez la seule ! Un politique que vous trouvez crédible ?

François Hollande. On dit tellement qu’il ne l’est pas… que j’ai envie de croire qu’il l’est !

Un compliment qui vous dérange ?

Lorsque l’on me trouve « intelligen­te » parce que je parle de mon métier avec plaisir et précision ! Je ne crois vraiment pas l’être plus qu’une autre.

Un partenaire masculin que cela ne vous gênerait vraiment pas de devoir embrasser pour une scène ?

Casey Aff leck, trop beau Gosling.

Une expression qui vous symbolise bien ?

! Et Ryan « Roule ma poule » ! J’avance et je ne me pose pas trop de questions.

Une jolie rencontre qui n’a pas encore eu lieu ?

Virginie Efira, elle a l’air drôle. Contrairem­ent à beaucoup d’actrices !

Avez-vous un truc contre le trac ?

Non ! Au théâtre, j’ai l’impression que je vais décéder dans la minute… Le seul truc, c’est de me dire qu’il est trop tard pour ne pas y aller !

Qu’est ce qui vous impression­ne le plus chez vous ?

Mon sang-froid. Sur un tournage, je suis capable de me dépasser. Ça me surprend !

A quel moment de vos journées faites-vous le plus de cinéma ?

Lorsque je mange. Je suis très gourmande, et j’en fais des caisses.

Quel est le domaine où vous avez le plus de progrès à faire dans le jeu ?

Lorsque je joue des pleurs. Ça m’angoisse toujours, j’ai peur de ne pas y arriver, bien que j’y sois toujours arrivé lorsqu’il a fallu jouer ce type de scène.

A qui voleriez-vous volontiers un brin de talent ?

A Isabelle Huppert, et plus qu’un brin !

Quel est le défaut, qui dans votre métier, peut devenir une grande qualité ?

Etre « borderline », parce qu’on n’a pas le souci de prévoir les choses.

Et inversemen­t, quelle est la qualité, qui dans votre métier, peut devenir un gros défaut ?

Avoir trop envie. C’est sans fin, et on ne sera jamais comblée.

Racontez-nous la première fois que votre notoriété vous a servi ?

Jusqu’ici, je n’ai pas encore eu l’impression d’avoir assez de notoriété pour bénéficier d’un quelconque traitement de faveur... Je ne suis pas encore Christian Clavier ! Retrouvez Anaïs prochainem­ent :

Thérèse Desqueyrou­x

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