Laetitia Ivanez, « col chic » dans les prés
Quel est votre plus grand coup de bluff professionnel ?
Que la création de ce petit univers fonctionne ! Ne pas avoir de caisse au milieu de ma boutique… mettre en scène des artistes et des expos et ranger nos créations au sous-sol, c’est plutôt peu courant.
Quel est le défaut qui, dans votre métier, peut devenir une grande qualité ?
L’exigence révoltée. Je suis super exigeante et je fais « souffrir » ceux qui travaillent avec moi ! Mais c’est pour la bonne cause. Tout est dans le détail.
Dans la création et la mode, quelle est votre mot d’ordre ?
La sincérité. Etre en accord avec soimême, ne jamais se trahir.
Dans cette aventure, qu’est-ce qui s’est avéré plus difficile que prévu ?
Avoir sans cesse des idées, c’est difficile mais ça va, on y arrive toujours !
Et qu’imaginiez-vous de plus facile ?
Ce qui est compliqué pour nous comme pour tout le monde, c’est que même avec un bilan comptable positif, les banques ne nous aident pas !
Que jugez-vous en premier lorsque vous rencontrez quelqu’un ?
Ses yeux, puis ses pieds, j’adore les pieds !
Si vous aviez la possibilité de changer une loi française pour faciliter votre activité, laquelle choisiriez-vous ?
Baisser la TVA ! C’est trompeur, la TVA : ça rentre dans la caisse, vous croyez que c’est dans votre poche, et puis ça ressort ! Et je conserverais l’impôt Crédit-recherche qui permet d’exonérer les charges sur les salariés dans le domaine de la création.
Quelle est votre définition du mot « créer » ?
C’est un mot que je n’aime pas beaucoup. « Créer », c’est tellement fort, on pense à Dieu ou à Picasso ! Nous, on habille avec un peu de notre esprit et de notre style. On confectionne !
Que ne faites-vous vraiment pas comme les autres ?
On prend des risques sans cesse ! On n’organise pas de déf ilés. On a fait récemment des « intrusions » dans des rédactions ! Du Point au Vogue, en passant par les Inrocks et Jalouse ! Cinq f illes faisaient une « performance » en dansant parfois entre la photocopieuse et l’escalier.
Quelle est l’idée reçue la plus vraie sur la mode ?
Tout est dans l’ornement et c’est vrai ! Tout est assez superficiel.
Quelle est la plus grande contrainte professionnelle de votre métier ?
Les calendriers ! Les dates fixes à respecter alors qu’on n’est pas toujours prêts. Les « Prairies de Paris », sa petite maison de prêt-à-porter se développe bien. Les magazines de mode ne jurent que par son originalité, tant dans sa conception de la mode que par les happenings (expo, concerts) qui entourent ses créations. Déboutonnage en règle.
Quels sont les créateurs et marques qui trouvent vraiment grâce à vos yeux ?
Christophe Lemaire, pour lui, pour ses collections, pour la femme… Et puis j’aime bien Band of outsiders (USA) et Proenza Schouler.
Quelle est la tendance que vous auriez adoré inventer ?
J’aurais adoré inventer les Clarks ! C’est intemporel, c’est mixte, ça touche tout le monde.
La faute de goût qui vous insupporte ?
Les talons sur la plage, ce n’est vraiment pas possible !
La mode dont vous ne comprenez toujours pas le succès ?
Le sur-épaulage, je ne trouve pas ça esthétique de ressembler à un footballeur américain !
Juste pour rire… un homme que vous rêveriez de déshabiller du regard ?
Joaquin Phoenix… ou non, plutôt Javier Bardem !
Et d’habiller avec vos créations ? Une égérie parfaite ?
Lauren Hutton, la blonde qui jouait dans American Gigolo… Mais sinon, j’imagine aussi bien Jane Birkin, que Maïwenn ou encore Léa Seydoux.
La forme, c’est vraiment le fond qui remonte à la surface ?
Non ! Mon bureau est en bordel total alors que je suis sans cesse dans le souci du détail.