Infrarouge

Emmanuel de Rohan Chabot au galop

- Par Victoria Bouteloup-McInnes.

291 millions d’euros ont été joués online, en France, sur les courses de chevaux depuis le 1er janvier 2012. Pas mal, non ? Ils sont plusieurs opérateurs à se partager cette « paille »… Rencontre avec Emmanuel de Rohan Chabot, PDG fondateur de ZEturf.fr, un aristochic au franc-parler percutant et à la success story étonnante.

Vous avez bataillé ferme contre le monopole du PMU.fr, avant d’obtenir gain de cause en 2010, avec l’ouverture du marché des paris hippiques en ligne. Comment se sent-on dans la peau de David contre Goliath ?

Plutôt bien ! C’est beaucoup plus drôle, à mon sens, d’être David contre Goliath que le contraire. Je préfère 100 fois me bagarrer contre un système inique que d’être obligé de m’y adapter. Pas vous ?

Cette bataille vous a valu 48 h de garde à vue pour organisati­on illégale de paris. Comment avezvous vécu cette situation plutôt imprévisib­le pour un ex-Science Posard et gestionnai­re de fonds ?

Très bien. Moralement, j’étais absolument convaincu que le droit européen était du côté de ZEturf. La suite des événements l’a d’ailleurs prouvé. Physiqueme­nt, ma garde à vue fut plutôt confortabl­e et les policiers qui m’ont interrogé se sont avérés parfaiteme­nt charmants. Pas de scénario à la Midnight Express à déplorer !

10 ans après la création de ZEturf, vous employez 26 personnes, vous dégagez 25 millions d’euros de produit brut et vous êtes le challenger le plus sérieux du Pmu.fr. Quel conseil donneriez-vous aujourd’hui à un jeune loup qui veut monter son propre business ?

Mon Dieu... Rien de tout ça n’était prévu ni prévisible. Au regard de mon expérience, le conseil que je pourrais donner sera it sans doute celu i de réagir vite, très vite, quand les choses bougent. Un dernier pour la route : soyez tenace.

La plus noble conquête de l’homme a toujours véhiculé une image chic et choc, mais les paris ? C’est pour les bobos ou les gogos ?

Pour tout le monde, mon Général ! Quand vous pariez, le cheval sur lequel vous avez misé devient « votre » cheval. D’autant plus lorsque vous pariez sur ZEturf.fr, vous suivez votre course en direct ou en replay et l’émotion est là. Par ailleurs, les très chics propriétai­res de chevaux parient, eux aussi ! Les joueurs français sur ZEturf sont plutôt masculins, quoique nous ayons 25 % de femmes qui jouent et ils sont plus jeunes que ceux du PMU, génération internet oblige. Le portrait robot du parieur hippique est transversa­l : vous avez des parieurs d’origine modeste, comme de très riches industriel­s. Ils ont tous en commun la passion des chevaux et des courses.

Les jeux d’argent ont plutôt mauvaise presse, vous assumez d’être le mouton noir dans les dîners en ville ?

C’est une vision très française des paris hippiques ! Et qui vient sûrement de l’image des arrière-salles des cafés PMU d’antan. Aujourd’hui, avec le pari sur internet, les soupçons de blanchimen­t d ’argent n’ont plus l ieu d ’ êt re. En Angleterre, des gens extrêmemen­t respectabl­es siègent aux conseils d’administra­tion des grands bookmakers. Pour répondre à votre question, je ne me sens pas mouton noir du tout ! Mais si je devais l’être, j’assumerais.

Vous connaissez l’adage : Heureux au jeu, malheureux en amour… Vrai ou Faux ?

Je ne peux pas vous répondre ! Pour des raisons déontologi­ques, je ne joue pas !

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