Infrarouge

Çava la famille?

- Aude Bernard-Treille

Dimanche après-midi, 17h. Sur fond de grisaille, les bambous du balcon sont perlés par quelques gouttes de pluie, alors, bien calée dans un canapé confortabl­e, pendant que les volutes de mon Lapsang Souchong parfument mon salon, je me projette dans un futur proche, quand je serai focus sur les boules du sapin et que ses premières épines tomberont sur le tapis. A ce moment-là, c’est sûr, ma famille sera réunie dans cette bulle d’intimité qu’on intègre parfois de force une fois par an. La famille… tiens, la revoilà ! On pense à ses histoires, son esprit, ses fêtes, ses dîners entre engueulade­s et fous rires, celle qui nous étouffe, nous sermonne, nous juge, nous réconforte aussi. Finalement, on l’adore, sa famille ! C’est d’ailleurs en regardant chez les autres qu’on se rassure très vite. Nos familles recèlent toutes des mêmes figures : celui qui a l’esprit de famille, en général c’est lui qui nous reçoit, celle qui la néglige, celui qu’on aimerait renier, celui qui voudrait récupérer la maison des grands-parents, ou encore celui qui, à défaut de le laver, lorgne sur le linge de famille… Et puis il y a celui qui n’en a pas encore fondé et qui rêve, lui aussi de chérir une petite famille, la sienne cette fois ; enfin il y a celle qui voudrait en faire partie et agrandir ainsi la belle famille ! Famille, je vous aime, même si vous n’êtes pas : Une famille en or, qui n’a pas validé les 5 chiffres et les deux étoiles de l’Euromillio­n du vendredi 13 novembre. La malchance au jeu : une tare de famille ! Ni la Grande Famille, composée, comme un plateau télé de midinettes, d’intellos et d’artistes au verbe un peu pompeux. Encore moins la famille politique, qui se dispute la part de la bûche et discute TVA sociale sur les grands crus. Vous n’êtes pas la famille aristo consensus, qui à force d’éviter les sujets qui fâchent, ne parle plus de rien. Ni la famille connectée, qui, malgré les distances, entretient des liens interactif­s toujours plus intrusifs. Vous êtes ma famille, celle que je ne quitterai jamais car, lorsque rien ne va vraiment plus et que je rêve de faire partie d’une autre, je repense à nous. Certes, la machine à laver le linge sale tourne trop souvent, mais on a un puissant adoucissan­t. Alors, celui qui me verra laisser mon linge au pressing n’est pas encore né. Quel que soit le programme que vous suivrez : court, délicat ou repassages faciles, je vous souhaite de belles fêtes pour vous réchauffer tous ensemble, surtout en cas de basse températur­e.

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