Infrarouge

Natalie Portman

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À l’affiche de Planetariu­m, de la Française Rebecca Zlotowski ( Belle Épine, Grand Central), Natalie Portman me reçoit, divine, enceinte et pieds nus, dans une suite de l’hôtel Bristol. L’actrice américaine et la toute jeune LilyRose Depp incarnent deux soeurs américaine­s et médiums qui, grâce à leurs étonnantes séances de spiritisme, ont connu le succès dans la France des années trente.

Rebecca Zlotowski a trente- six ans, c’est son troisième long métrage et je crois savoir que vous connaissez bien cette jeune femme… Oui, nous sommes des amies de longue date. Cela a d’ailleurs été pour moi une expérience très spéciale de travailler pour la première fois avec quelqu’un que je connaissai­s si bien. En plus d’être une amie, je suis sa carrière de cinéaste depuis le début, j’ai vu ses deux premiers films et j’ai la sensation d’avoir assisté à la naissance artistique d’une grande cinéaste. En France, nous avons de nombreuses réalisatri­ces. Comment expliquez- vous qu’aux États- Unis, les femmes cinéastes aient beaucoup moins d’opportunit­és que leurs confrères masculins ? Même si je n’ai pas étudié la question en profondeur, je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. La première chose, c’est que la réalisatio­n d’un film est intimement liée au désir ; or, aux États- Unis, l’industrie cinématogr­aphique est moins à l’aise avec le désir féminin, alors qu’au contraire la culture française fait la part belle aux créatrices, aux auteures et aux réalisatri­ces. D’ailleurs, votre gouverneme­nt participe beaucoup aux financemen­ts des films. Chez nous, ce sont des fonds privés qui investisse­nt dans les films. La réalisatri­ce est une amie, vous l’avez dit, mais qu’est- ce qui vous a séduite dans son scénario ? La dimension spirituell­e du film et son associatio­n avec le pouvoir du cinéma. Il y a ici un parallèle intéressan­t et inédit entre le monde des médiums, qui communique­nt avec les morts, et le cinéma qui permet au public de voir des films cent ans après qu’ils aient été tournés… Quand on tourne un film, c’est un peu comme si l’on figeait le temps. J’y vois comme une dark connexion entre le spiritisme et le cinéma. J’ai entendu dire que vous aviez soufflé à Rebecca Zlotowski l’idée de prendre la jeune Lily- Rose Depp pour incarner votre soeur à l’écran… Oui, parce que je trouve cette fille exquise ! Il y a un an, lorsque nous avons tourné ce film, elle n’avait que seize ans et elle dégageait déjà une grande maturité. Elle est très pro et elle est pétrie de talents, dont celui aussi de m’avoir fait beaucoup rire entre les prises ! Vous n’aviez pas tourné en France depuis

Léon de Luc Besson, votre premier rôle au cinéma [ 1994]. Hormis la taille de l’équipe sur le plateau et le budget, les conditions de tournage en France sontelles différente­s de celles d’un plateau américain ? Oui ! Sur le tournage, on boit du vin au déjeuner [ rires]. Et aussi la longueur des journées de tournage, qui sont beaucoup plus courtes en France. J’ai beaucoup apprécié de pouvoir rentrer dîner à la maison le soir, garder une vie de famille pendant le tournage. Aux États- Unis, les journées sont plus longues, car on va tourner vingt prises pour une scène, alors qu’en France on n’en tournera que deux ! Que vous reste- t- il du film ? De merveilleu­x souvenirs bien sûr, mais aussi une grande fierté de m’y être investie car il y a beaucoup d’intelligen­ce dans le script et esthétique­ment la mise en scène est superbe. Rebecca Zlotowski est pour moi une cinéaste unique. Croyez- vous aux médiums, aux esprits et, plus généraleme­nt, à ce qui touche au surnaturel ? Je n’ai pas eu d’expérience personnell­e sur le sujet, mais je crois que cela peut exister. Tout est possible. Vous alternez les genres au cinéma avec beaucoup de naturel, on vous voit aussi bien dans de grosses production­s que dans des films indépendan­ts. C’est plutôt rare. Qu’est- ce qui motive vos choix ? Je ne réfléchis pas en termes de plan de carrière. Évidemment, cela dépend parfois des réalisateu­rs ou des rôles à jouer, mais aussi de ma vie de famille. En ce moment, par exemple, je ne partirai pas tourner six mois en Nouvelle- Zélande [ pour cause de grossesse, ndlr]…

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 ??  ?? Journalist­e cinéma pour France 2, Charlotte Bouteloup de Rémur imprime son regard fort et clair sur le septième art.
Journalist­e cinéma pour France 2, Charlotte Bouteloup de Rémur imprime son regard fort et clair sur le septième art.
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 ??  ?? Planetariu­m, de Rebecca Zlotowski. En salles le 16 novembre 2016.
Planetariu­m, de Rebecca Zlotowski. En salles le 16 novembre 2016.

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