Je suis devenue artoolique
Quel est l’objet le plus arty que vous ayez chez vous et qui aurait sa place dans une galerie ? Un ancien trumeau de famille peint à la feuille d’or qu’on verrait au PAD ? Un nu au fusain de Cassigneul digne d’être accroché dans une galerie du carré Rive Gauche ? Plus moderne, une création de JonOne ou de Space Invader, une vraie, dont l’accrochage dans votre couloir ne fera l’objet d’aucune question ? Un sublime Rimbaud par Troy Henriksen, encore abordable à la Galerie W il y a quelques années ? Peut-être un tirage original signé Jean-Marie Périer ou Sacha Goldberger ? L’engouement pour la déco nous a donné l’occasion de nous soucier du grand potentiel qu’offraient nos murs blancs. Aujourd’hui, on veut tous un bel appart, de beaux objets dedans et, si possible, une ou deux très belles pièces qu’on ne verra chez aucun de nos amis, aussi férus de déco fussent-ils. Exit les appliques qu’on croise partout, les fauteuils design et la suspension qui se retrouvent dans n’importe quel resto branché. Les offres des galeries nous donnent le pouvoir d’avoir de la personnalité. Peu importe nos moyens, il y en a pour tous les prix, tous les goûts, et c’est en cherchant notre inspiration dans les FIAC et autre Art Paris que nous aiguisons notre envie d’afficher nos artistes préférés. Profitons d’octobre, le mois de l’art à Paris, avec son marathon de vernissages des galeries parisiennes, qui cherchent à séduire les amateurs auxquels il reste quelques milliers d’euros à investir. Peut-être vous et moi ? L’art contemporain et son lot de pièces et de tableaux mystérieux, dont les interprétations relèvent parfois de la plus obscure psychanalyse, m’ont toujours donné le sourire. Et cette année sûrement plus que d’habitude, depuis que j’ai vu au cinéma The Square, la Palme d’Or décernée en mai dernier à Ruben Östlund, qui « croque » le petit monde de l’art contemporain dans une critique décapante de ses acteurs et défenseurs. En sortant de la projection, j’ai eu une furieuse envie d’acheter une oeuvre. Vous verrez, ça commence par une commande chez YellowKorner ou chez Muzéo, qui font entrer l’art chez les particuliers à moindres frais, puis, un jour, vous vous surprendrez à enchérir chez Artcurial ! Comme Charles Saatchi ou moi, vous deviendrez un bel « artoolique » !