Infrarouge

Michael Malapert

- Par Aude Bernard-Treille

Cet architecte d’intérieur a le vent en poupe et signe la décoration de nombreux restaurant­s, hôtels ou espaces de loisirs. Il cherche à travers son travail à transmettr­e l’émotion et faire vivre une expérience. À Shanghai, Bangkok, Londres, Marrakech ou Paris, il aime rappeler que ce que l’on retient d’une adresse, c’est avant tout une sensation. Rencontre.

Votre style ?

Des lieux ouverts, qui donnent de la visibilité sur des espaces qu’on cache d’habitude, par exemple les cuisines dans un restaurant. J’aime ramener le produit en salle, qu’on puisse voir comment il est préparé. Des lieux dans lesquels on vit une expérience et où il se passe quelque chose.

Le projet qui vous ressemble le plus ?

Le dernier s’appelle BAM, c’est un karaoké-bar. Nous avons repensé leur flagship dans lequel il y a neuf salles de karaoké – des petites et une pour 40 personnes –, un bar… Et il se passe vraiment un truc.

Une particular­ité qu’on trouve chez vous ?

Le végétal, un peu comme dans une forêt tropicale. Quand il n’y en a pas dans un lieu, ça me gêne. J’aime les plantes grimpantes sur les murs et le plafond… des plantes « invasives », qui portent bien leur nom.

Vos sources d’inspiratio­n pour vos projets ?

Je suis assez contextuel, c’est-à-dire que je regarde l’histoire du lieu, par qui il sera fréquenté, où il se situe. Il y a deux écoles pour ça. Frank Gehry est partisan d’une architectu­re qu’on retrouve de la même façon à Paris, Singapour, New York ou ailleurs, tandis que Jean Nouvel, lui, s’adapte à un contexte. Par exemple, avec le Louvre qu’il prépare à Abu Dhabi, il s’inspire du pays et je suis davantage dans cet esprit-là.

Chez vous, quel est le mobilier ou objet de déco qui vous a toujours suivi ?

Des choses affectives. Et sinon, côté déco, ce sont surtout des oeuvres d’art. J’aime beaucoup le street art et j’ai, par exemple, un Space Invaders que je trimbale depuis des années.

Les tendances du moment, c’est quoi ?

Le végétal est là, c’est clair, les matières brutes et, pour moi, il y a une volonté de casser les barrières

intérieur-extérieur. Les espaces sont moins cloisonnés. Il y a aussi l’idée de travailler avec des matériaux naturels, dans le cadre d’une démarche écorespons­able. On voit beaucoup de rose pâle en ce moment. On a d’ailleurs créé une « pink room » au BAM.

Une erreur à ne pas commettre en déco ? Prendre des objets parce qu’ils sont dans la tendance avant de les aimer pour ce qu’ils sont. Je suis la synthèse d’un père architecte, maîtrisant parfaiteme­nt les espaces, et d’une mère homéopathe, soucieuse des équilibres de la vie. D’eux j’ai hérité cette notion des volumes et de l’impact que l’environnem­ent a sur nous. Ainsi, nous devons être entourés d’objets qui nous correspond­ent.

Qu’est-ce qui permet de tout sublimer en déco ? La lumière. C’est primordial de bien la gérer. Cela permet de créer des atmosphère­s, intimes ou pas… Pour moi, l’espace à vivre doit être synonyme de liberté et de vitalité.

Vos projets ?

Un village pour le Club Med qui sera prêt en 2019 (chambres, bar, restaurant­s). Il s’agit de décliner toute une histoire en tenant compte, comme je vous l’ai dit, du contexte. Les raisons pour lesquelles nous avons gagné cet appel d’offres sont surtout dues au fait que nous avons complèteme­nt supprimé les frontières entre l’extérieur et l’intérieur. Davantage dans l’actualité, nous avons signé la décoration d’une grande brasserie indienne, place de la République, qui va ressembler à un Soho House. On travaille avec une chef venue d’Inde. Ce lieu aura plusieurs niveaux et espaces. Livraison en novembre !

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