Infrarouge

Margot Robbie

Rencontre avec Margot Robbie, qui s’apprête à fouler le tapis rouge des prochains Oscars pour le film Moi, Tonya. En 2013, le public l’avait découvert dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese. Depuis, l’actrice de 27 ans enflamme Hollywood et enchaî

- Par Charlotte Bouteloup de Rémur

Lundi matin, 11 heures, hôtel Bristol, suite 205. Margot Robbie nous accueille, sublime, avec un sourire tout droit sorti de la pub Hollywood Chewing Gum, mais sans la rose entre les dents. Mon cameraman et mon photograph­e sont sous le choc, moi sous le charme de la jeune femme, qui a le talent de vous faire sentir que vous n’êtes pas la dixième journalist­e de la journée et qu’elle est « so happy » de passer un moment en votre compagnie. Outre son physique à tomber, Margot Robbie a déjà tout d’une grande : actrice aux rôles hétéroclit­es (Suicide Squad, Tarzan et son nom circule pour jouer dans le prochain Quentin Tarantino) et productric­e ambitieuse (outre le film Moi, Tonya, elle a mis en chantier Shattered Glass, une série TV féministe dans la veine de House of Cards). Margot Robbie, une femme inspirée et inspirante. Chic, choc, classe.

Avant de tourner dans ce film, aviez-vous entendu parler de l’affaire « Tonya Harding-Nancy Kerrigan » ?

À l’époque des faits, je n’avais que quatre ans et donc je ne connaissai­s pas cette histoire. Je vivais en Australie et je ne regardais presque jamais la télévision. Quand j’ai lu le script pour la première fois, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une pure fiction.

Vous incarnez Tonya Harding de ses 15 ans jusqu’à ses 44 ans. Comment avez-vous appréhendé le rôle ?

Cela a été un vrai challenge ! J’ai commencé par me rappeler des attitudes que j’avais quand j’étais adolescent­e et je me suis beaucoup servie des documentai­res et des reportages sur Tonya. J’ai vu combien, à ses débuts, elle était fragile et vulnérable devant les caméras. À vingt ans, elle s’est endurcie, car elle était déterminée à réussir. À 44 ans, elle est devenue une femme complèteme­nt différente. Cela a été beaucoup de pression pour moi, un vrai défi, mais, en même temps, passionnan­t à jouer.

Avez-vous rencontré Tonya Harding avant le tournage ? Oui, j’y tenais beaucoup. J’ai découvert une femme forte et fière de qui elle est, sûre d’elle et qui ne doute jamais. Une femme avec une telle personnali­té, c’est une aubaine à jouer pour une actrice.

Comment expliquez-vous que, dans cette affaire, le public a dès le début considéré Tonya Harding comme la « méchante » ? C’est toujours un peu comme ça avec les médias, ils aiment ranger les gens dans des cases et, souvent, leurs jugements manquent de nuances. Tonya avait une forte personnali­té, c’était une grande gueule et, sur la glace, elle détonnait. Même ses tenues étaient criardes. Elle était différente des autres, du coup les médias l’ont très vite étiquetée bad girl.

Comment vous êtes-vous préparée pour les scènes de patinage artistique ?

Cela m’a coûté des mois de travail, à patiner quatre ou cinq heures par jour. Physiqueme­nt, ça a été très intense ! Et aujourd’hui ? Vous continuez à pratiquer ?

Pas souvent, car je tourne beaucoup et les assurances me l’interdisen­t. Mais, dès que j’en ai l’occasion, je retourne sur la glace avec plaisir.

Vous êtes également productric­e du film. C’est une manière d’avoir plus de contrôle ?

J’ai flashé sur cette histoire, j’avais une idée précise du rôle, je n’ai pas voulu laisser quelqu’un d’autre gérer le projet à ma place.

Comment Tonya Harding a-t-elle réagi lorsqu’elle a découvert le film ?

J’étais très stressée, très inquiète de sa réaction ! Vous avez une grosse responsabi­lité lorsque vous transposez à l’écran la vie de quelqu’un d’autre. Je savais que certaines scènes allaient confronter Tonya à des choses douloureus­es et violentes concernant son passé. Ça a été le cas, mais elle m’a dit qu’on avait fait un boulot incroyable et que ça collait de près à la réalité. Le visionnage du film avec elle a été un moment très émouvant.

Revenons à vous : avez-vous su très vite que vous vouliez être actrice ?

Au contraire, je n’avais pas du tout cette idée en tête. J’ai grandi en Australie, à des milliers de kilomètres de Hollywood. Je ne connaissai­s personne dans l’industrie du cinéma et je n’avais jamais envisagé de devenir actrice. Puis, à 16 ans, après avoir emménagé à Melbourne, j’ai eu l’opportunit­é de tourner dans Vigilante d’Aash Aaron, un film à petit budget qui m’a ouvert la porte pour d’autres rôles dans mon pays. Ensuite, j’ai tourné dans plusieurs séries télé australien­nes, comme City Homicide ou Les Voisins.

Est-ce que ça a été compliqué de percer à Hollywood ?

Oui, la route a été longue, mais lorsqu’il y a dix ans je me suis installée aux États-Unis (elle vit désormais à Londres, NDLR), tout a été très vite. Aujourd’hui, je m’estime chanceuse d’avoir des premiers rôles dans des films comme Diversion ou Suicide Squad.

Le pitch

Moi, Tonya nous raconte l’histoire de Tonya Harding (interprété­e par Margot Robbie), patineuse américaine et première femme à réussir un triple axel en compétitio­n. En 1994, pendant les Jeux olympiques de Lillehamme­r, l’entourage de la championne est soupçonné d’être à l’origine de l’agression de Nancy Kerrigan, sa principale rivale, blessée au genou avec une barre à mine.

Moi, Tonya de Craig Gillespie, avec Margot Robbie, Sebastian Stan et Caitlin Carver. Sortie en salle le 21 février 2018.

« Cela m’a coûté des mois de travail, à patiner quatre ou cinq heures par jour. »

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