Infrarouge

Jean-Baptiste Grange, l’ultime virage

Pour ses derniers JO, le champion du monde de slalom espère bien aller décrocher une médaille olympique qui lui fait défaut. Avant de réfléchir à l’après-carrière.

- Par Hugo Mazeaud

Pourquoi les JO sont-ils si importants pour les athlètes ?

C’est un peu particulie­r de mon côté, parce que mon grand frère a allumé la flamme olympique en 1992 avec Michel Platini. C’était l’enfant qui courait à ses côtés… J’étais dans les tribunes, forcément cela rend l’événement encore plus à part.

Au niveau de la course en elle-même, elle se déroule sur un jour. Il y a donc une pression supplément­aire du fait qu’elle est unique. Cela rend nerveux, car des choses importante­s se jouent.

Est-ce excitant que tout soit joué sur une journée ? Oui, tout est remis à plat. La dose de stress et d’adrénaline est d’autant plus conséquent­e. C’est plus simple d’être dans la peau d’un outsider que d’être très attendu, parce que, dans ce cas, une deuxième ou troisième position ne suffit pas. Cette année, je sens que j’ai les clés et les recettes pour faire quelque chose de bien. Après, tout peut aller dans un sens comme dans l’autre.

C’est ce stress qui vous a conduit à une contreperf­ormance à Sotchi en 2014 ?

Oui, mais c’était un peu particulie­r. Je finis cinquième à la première manche, et on a eu une seconde manche particuliè­re avec un tracé hyper tortueux, j’ai voulu saisir ma chance. Il n’y a que la médaille qui compte. Je n’ai pas eu de regrets, je ne me serais pas vu y aller pour assurer et finir quatrième.

Avez-vous un rituel avant les courses ?

Pas vraiment. Étant donné que notre épreuve se déroule dans les derniers jours, il faut profiter de l’événement et, en même temps, rester dans sa course. On voit tout le monde qui termine les épreuves, qui se relâche, ce n’est pas évident. C’est une des raisons pour lesquelles on essaye de retarder au maximum notre arrivée sur le site pour ne pas trop baigner dans cette ambiance-là.

Quel repas pour un skieur ?

Le matin, c’est petit déjeuner autour de 6h30, plutôt salé : des oeufs, du jambon, du fromage, du pain. Durant la journée, j’ai toujours des complément­s alimentair­es avec moi, depuis plus de dix ans. Tout comme ma boisson d’effort que je bois un peu toute la journée. Et des cakes hyperproté­inés, durs à manger et qui calent, que je prends entre les manches, parce qu’on a souvent trois heures de pause entre deux courses. Avant les manches, je prends également des gels coups de fouet.

Après une épreuve, à qui va votre première pensée ? Quand tu arrives en bas de la piste, tu penses d’abord à toi, ensuite à ceux qui t’entourent, que ce soit le côté familial, privé, ou le côté profession­nel avec les coachs. Enfant, vous rêviez de quoi ?

Je voulais avant tout réussir dans le ski, je regardais les champions à la télévision et je voulais faire comme eux. J’avais cette soif de compétitio­n, mais je ne me disais pas : « Je serai champion olympique ou champion du monde. » J’étais très admiratif de champions comme Alberto Tomba et, forcément, Luc Alphand.

En tapant un piquet, vous pensez à quoi ?

Cela dépend, on ressent plein d’émotions différente­s. Parfois, on est totalement dans notre course, très concentré, on parle à ce moment-là de « flow ». C’est la zone où tu es dans l’action, tes pensées sont positives, tu vas vers l’avant, tu attaques. À d’autres moments, tu vas presque te regarder skier. On peut même avoir des pensées complèteme­nt hors sujet. Le plus souvent, ce sont des encouragem­ents à soi-même du type : «

Allez, accroche-toi ! »

Votre vie hors du ski ressemble à quoi ?

Toujours beaucoup de sports, des activités, sans être non plus un hyperactif. J’aime beaucoup la moto trial, aller à la chasse durant l’automne, les balades en montagne l’été… Je vis à Valloire, en Savoie, donc je reste assez proche de la nature.

En Corée, l’extinction des feux se fera à quelle heure ? Je ne suis pas forcément un couche-tard, ce sera donc entre 22h30 et 23h00. Je regarde pas mal de séries parce que ça ne dure pas des heures. Je suis assez friand des production­s françaises comme Le Bureau des légendes, une série que j’ai adorée. Sinon, plus récemment, j’ai dévoré Narcos.

Avez-vous déjà une idée de reconversi­on ?

J’ai quelques idées, mais rien de très précis. J’ai envie de vivre jusqu’au bout ma passion. Je préfère vivre ce que j’ai à vivre maintenant et prendre le temps de me poser avant de choisir ce que je ferai par la suite.

« C’est plus simple d’être dans la peau d’un outsider que d’être très attendu. »

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Yongpyeong Resort, Ski
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