Éloge de la gratuité
En 1998, l’année où la France a conquis le monde (du foot), est né le journal Infrarouge. Jeunes et bien décidés à acheter notre indépendance, nous proposions, avec peu de moyens mais le sens des formules, d’offrir à nos lecteurs un magazine gratuit, distribué dans de multiples lieux de sortie et de fête.
Pour zéro franc (eh oui, à l’époque on ne comptait pas en euro), chaque mois, Infrarouge décryptait, dans la lumière vespérale, l’actualité des événements vue par ceux qui les font et par ceux qui les suivent, avec un ton impertinent, sans formules abstruses et sans se prendre au sérieux. Le « gratuit », au sens noble du terme, était né, précurseur d’une famille qui allait vite devenir nombreuse. « En vente nulle part » et « Personne ne l’achète, mais tout le monde le lit » donnaient le ton de notre marque de fabrique.
Contrecarrant l’idée qu’une information de qualité, ça se paye, ce référent en matière de lieux à la mode et d’adresses incontournables mit du temps à convaincre la doxa qui dominait à l’époque : « Quoi ? Un gratuit ? On ne donne pas cher de la presse gratuite en France ! »
Malgré cela, et sans qu’il en coûte rien, nous déclamions notre panégyrique à qui voulait bien l’entendre, multipliant les unes séduisantes : Marion Cotillard, Claudia Schiffer, Al Pacino, Jean Dujardin, Guillaume Canet…Tous ont « fait » la couverture d’Infrarouge. En pratiquement 200 numéros.
Notre journal gratuit, mais cher dans le coeur de nos lecteurs, fête aujourd’hui ses 20 ans. L’objectif n’a pas changé : interviewer avec humour et complicité des personnalités du monde de la culture, des sports ou de l’entreprise, révéler des jeunes talents et découvrir des nouvelles adresses partout sur la planète pour satisfaire les globe-trotters, amateurs de beaux endroits, plus insolites que washiwasha.
Souhaitons que l’aventure continue encore longtemps, que le contrat de lecture soit toujours distrayant et que vous soyez nombreux à nous apprécier. Merci de votre fidélité, nous sommes fiers de vous proposer ce numéro de nos 20 ans.
Nicolas Imbert et la rédaction