Infrarouge

Merci mon fim culte !

71e Festival de Cannes. Une occasion en or pour remettre une palme spéciale à notre film culte, celui qu’on a déjà vu 267 fois mais qu’on ne se lasse pas de revoir, encore et encore. Plus ou moins avouable, peu importe. On l’aime, voilà tout.

- Par Marie-Laure Combelles

OOn a tous un acteur qu’on aime par-dessus tout, pour son charisme, sa gueule d’amour ou de bad boy, sa voix… Mmmmh, sa voix ! Notre acteur « wouah ». Pour certains, c’est Léo, pour d’autres, c’est Lino. On a tous une actrice, qui nous fait fantasmer ou pleurer, dont on se sent la soeur ou la meilleure copine. Une actrice dont on ne rate jamais un film, parce qu’on lui fait confiance, simplement parce que c’est elle. Parce que c’est Julia, ou bien Juliette.

Nos stars brillent pour chacun d’entre nous de façon singulière. Il y a celles qui nous ont fait battre le coeur pour la première fois dans une salle de ciné, celles qu’on s’est choisies pour père ou mère de substituti­on quand une place était vacante, celles qu’on a admirées inlassable­ment sur les murs de nos chambres d’adolescent­s couvrant la vilaine tapisserie à fleurs, et puis celles qu’on a tant espéré embrasser un jour, comme dans les films, mais en vrai… Bien sûr, on a tous un film, « le » film. Celui qui interroge, qui bouleverse une vie, qui marque un avant et un après. Celui qui soulève, qui réchauffe. Qui glace aussi. Celui qui mêle le rire aux larmes, comme seul un orgasme nous emporte et fait perdre le contrôle. Celui qui dit de nous mieux que les autres… et bien mieux que nous-même. Le film qui nous fait dire : « Voilà pourquoi le cinéma existe ! » Celui qui raconte en 4D sans effets spéciaux. Le film dont le DVD est dans le tiroir bien qu’on n’ait plus de lecteur pour le visionner. Celui dont on choisit la musique pour l’entrée à l’église, le jour de son mariage. Le film qu’on veut faire découvrir à ses enfants avant l’heure, avant l’âge, parce que c’est si important qu’ils le voient. Plus qu’un héritage, une transmissi­on. Personne ne choisit son film. Les arguments manquent souvent, ils restent planqués en dedans. La magie opère ou non, c’est ainsi. Ce film, c’est une rencontre.

Il y a peu de temps, j’ai justement partagé « mon » film avec mes enfants, enfin assez grands. Mon fils a gardé le visage abrité derrière son plaid jusqu’à la toute dernière ligne du générique de fin. On ne sort pas indemne d’une rencontre avec soi-même. Peu de chance qu’il oublie les larmes qu’il a voulu cacher. Ses tout premiers sanglots devant un film, mon film, peut-être bien devenu le sien. La vita è bella ! Viva il cinema ! Merci Roberto Benigni ! Merci mon film culte ! Merci tous les films cultes !

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