Infrarouge

Sabrina Ouazina

- Par Olivia de Buhren

CINÉMA

Son sourire fascine tandis que son énergie insuffle la bonne humeur. Révélée par Abdellatif Kachiche dans L’Esquive, elle a tourné devant la caméra de Danièle Thomson, Cédric Kaplisch ou encore Asghar Farhadi. Elle est actuelleme­nt à l’affiche de Break, réalisé par Marc Fouchard. Rencontre.

Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Sabrina Ouazani, j’ai 29 ans – j’allais dire 28… il faut que je comprenne que j’ai passé un cap. J’habite à la Courneuve, je suis actrice et, depuis peu, réalisatri­ce. Ma priorité, c’est ma famille. J’aime le sport et, bien sûr, par-dessus tout, j’aime jouer.

Trois qualités qui te définissen­t ?

Je dirais que je suis passionnée, perfection­niste et généreuse.

T’a-t-on déjà confondue avec quelqu’un d’autre ?

Confondre ? non, mais il m’arrive d’entendre « oh, vous savez que vous avez des airs de… ». On m’a dit plusieurs fois que je ressemblai­s à Salma Hayek.

Quel est le truc le plus fou que tu as osé faire pour décrocher un rôle ? Je suis prête à faire plein de choses, mais je n’ai jamais fait de truc « incroyable ». Je pense que, le plus fou, ç’a été pour Break. Je me suis battue pour avoir ce rôle, car le personnage était censé être beaucoup plus jeune que moi. En plus, je devais danser, alors que je ne suis pas danseuse profession­nelle dans la vie. Mais j’ai voulu prouver que j’en étais capable.

Le pitch du film ? C’est l’histoire de Lucie qui, à la suite d’un accident, tombe dans le coma pendant quelques jours. À son réveil, elle se souvient d’un homme qui est venu à son chevet. De là démarre sa quête d’identité. À la recherche de son père biologique, qu’elle n’a jamais vraiment connu, elle part en banlieue et y rencontre Vincent, un ancien danseur interprété par Kevin Mishel. Elle tombe amoureuse de lui et de son art, le breakdance, qu’elle va alors essayer d’apprendre.

Qu’est-ce que tu partages avec ton personnage ?

La rage de vaincre, le fait de ne jamais abandonner et de ne jamais se laisser impression­ner, quitte à se casser les dents.

Comment définirais-tu le breakdance ?

C’est une danse qui est issue de la rue et qui comprend de nombreuses discipline­s différente­s : du popping, de la danse au sol… Contrairem­ent à d’autres danses, cette discipline est beaucoup pratiquée en battle, c’est-à-dire face à des adversaire­s, mais toujours avec fair-play et bienveilla­nce.

Aimes-tu la danse ?

Oui, j’ai toujours aimé ça. Quand j’étais plus jeune, j’ai fait un peu de danse classique, du modern jazz et pas mal de danse orientale. Chaque été, et ce depuis toujours, je vais voir les films de danse. Il y en a peu en France, et encore moins des bons. J’ai eu la chance de tomber sur Break et de rencontrer Marc Fouchard qui, en plus d’être un excellent réalisateu­r, est un ancien breakeur.

Il paraît que tu as fait une école de cirque, c’est vrai ?

Oui. Je fais toujours du tissu aérien, d’ailleurs. En termes de posture, cela se rapproche de la danse classique : il faut sortir la poitrine, se tenir très droite, être très gracieuse. Le break, c’est tout le contraire ! Il faut rentrer la poitrine, courber le dos, être plus ancrée dans la terre. Ça m’a plutôt pénalisée pour le film.

T’es-tu beaucoup entraînée avant le tournage ?

Oui, huit heures par jour, sept jours sur sept pendant dix mois. Mes deux coachs, des pionniers du breakdance, m’ont beaucoup apporté. Ce qu’ils m’ont surtout appris, c’est

à me détacher du regard des autres.

Y a-t-il une danse que tu apprécies moins ?

Peut-être la danse contempora­ine. Mais je ne suis fermée à rien, bien au contraire. J’adore les nouveaux challenges !

Et une danse que tu pourrais pratiquer au quotidien ?

Le breakdance. Ce n’est pas facile, c’est très physique, mais je pourrais en faire tous les jours.

As-tu un souvenir de tournage à nous raconter ?

L’un des moments les plus forts, c’est la scène que j’ai jouée avec Maxime Pambet, à treize mètres de haut. J’ai l’habitude d’être en hauteur avec le tissu aérien, mais là, au lieu de dépendre de mes bras et des noeuds que je me fais, je dépendais d’un simple harnais. J’ai dû gérer ma peur tout en réalisant des chorégraph­ies.

Et quelle serait ta faiblesse ?

Mon « accent ». Mais c’est aussi ma force et j’en suis fière. Pendant longtemps, je devais jouer la beurette ou la banlieusar­de de service, parce que je viens de la Courneuve. Ça m’a fermé certains rôles, c’est vrai, mais les choses s’améliorent.

Quels sont tes projets ?

On pourra me retrouver en octobre 2019 dans Les Footeuses, un film de Mohamed Hamidi, avec Kad Merad, Alban Ivanov et Céline Sallette. J’y joue une footballeu­se profession­nelle. Mon nouveau challenge, c’est donc d’apprendre à jouer au foot. J’ai aussi tourné dans Zone franche, un autre film de Mohamed Hamidi, avec Gilles Lellouche et Malik Bentalha, qui sortira en février.

« Je me suis battue pour avoir ce rôle. »

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