Infrarouge

Les Méduses

La Méduse a envahi les plages françaises après la guerre, puis s’est hissée sur les podiums des défilés du monde entier. Les petits n’y échapperon­t pas non plus cet été. Et nous, avec un jean et un panier, on ne se privera pas de les rechausser. Happy sum

- Par Marie-Laure Combelles

La gentille, la légendaire, la colorée... la méduse avec un grand M.

Pasquestio­n de remercier les vilaines bestioles qui s’acharnent à envahir nos plages et à gâcher notre été. « Maman ! Y a plein de méduses ! Je ne veux pas me baigner ! » Ou pire. « Maman ! Je me suis fait piquer par une méduse ! Maman, j’ai mal ! » Là, on récupère son petit en mode sang-froid, parce qu’on maîtrise parfaiteme­nt la situation (enfin, presque). On en profite au passage pour faire preuve de pédagogie et rappeler au petit : « Mais non, mon chéri, la méduse ne pique pas, elle brûle ! » Étrange idée, qui n’arrange absolument pas la situation, parce que ça, le petit l’avait déjà bien compris. « Oui, maman, ça brûûûûle ! »

Eau douce ou eau de mer ? On frotte avec du sable ou une carte de crédit ? On garde un air assuré, mais le doute s’installe… Jusqu’à ce que les voisins de transats rappliquen­t les uns après les autres pour y aller chacun de leurs conseils… À cet instant précis, on pourrait les tuer. Est-ce qu’on est venu leur expliquer, nous, comment s’occuper de leurs mômes ? On remercie tout ce beau monde, on plonge la zone brûlée de notre petit bout dans l’eau de mer, évidemment, et on frotte après avec du sable « ou » une carte de crédit pour finir d’enlever les filaments de la méchante méduse venue s’en prendre à ce qu’on a de plus cher… Ça, on ne risque pas de la remercier, cette méduse-là !

Non, nous, on veut parler de l’autre ! La gentille, la légendaire, la colorée… la Méduse avec un grand M. Celle qui sécurisait nos premiers pas sur la plage, déséquilib­rait nos premiers mouvements de brasse. Celle qui accompagna­it nos sessions de pêche aux mini-crabes sur les rochers, ou nos interminab­les plongées, fesses à la surface et visage quasi noyé dans le masque qui laissait chaque fois passer l’eau… Elles circulaien­t entre frères et soeurs, se refilaient entre cousins et cousines. Roses, rouges, bleues, vertes ou transparen­tes, on avait le choix de la couleur, mais certaineme­nt pas celui de partir sans elles au bord de la mer. Et puis, à l’adolescenc­e, on a dit stop, se croyant assez grands, et nos pieds désormais prêts à affronter le monde et ses dangers. Pas faux. Pourtant, l’âge de la contradict­ion passé, les adultes que nous sommes devenus glisseraie­nt volontiers de nouveau leurs pieds, avec bonheur et fierté, dans nos Méduses, cet été. Parce que l’enfance, c’est pour l’éternité. Merci, nos Méduses adorées !

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Méduse x Éram

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