Les Méduses
La Méduse a envahi les plages françaises après la guerre, puis s’est hissée sur les podiums des défilés du monde entier. Les petits n’y échapperont pas non plus cet été. Et nous, avec un jean et un panier, on ne se privera pas de les rechausser. Happy sum
La gentille, la légendaire, la colorée... la méduse avec un grand M.
Pasquestion de remercier les vilaines bestioles qui s’acharnent à envahir nos plages et à gâcher notre été. « Maman ! Y a plein de méduses ! Je ne veux pas me baigner ! » Ou pire. « Maman ! Je me suis fait piquer par une méduse ! Maman, j’ai mal ! » Là, on récupère son petit en mode sang-froid, parce qu’on maîtrise parfaitement la situation (enfin, presque). On en profite au passage pour faire preuve de pédagogie et rappeler au petit : « Mais non, mon chéri, la méduse ne pique pas, elle brûle ! » Étrange idée, qui n’arrange absolument pas la situation, parce que ça, le petit l’avait déjà bien compris. « Oui, maman, ça brûûûûle ! »
Eau douce ou eau de mer ? On frotte avec du sable ou une carte de crédit ? On garde un air assuré, mais le doute s’installe… Jusqu’à ce que les voisins de transats rappliquent les uns après les autres pour y aller chacun de leurs conseils… À cet instant précis, on pourrait les tuer. Est-ce qu’on est venu leur expliquer, nous, comment s’occuper de leurs mômes ? On remercie tout ce beau monde, on plonge la zone brûlée de notre petit bout dans l’eau de mer, évidemment, et on frotte après avec du sable « ou » une carte de crédit pour finir d’enlever les filaments de la méchante méduse venue s’en prendre à ce qu’on a de plus cher… Ça, on ne risque pas de la remercier, cette méduse-là !
Non, nous, on veut parler de l’autre ! La gentille, la légendaire, la colorée… la Méduse avec un grand M. Celle qui sécurisait nos premiers pas sur la plage, déséquilibrait nos premiers mouvements de brasse. Celle qui accompagnait nos sessions de pêche aux mini-crabes sur les rochers, ou nos interminables plongées, fesses à la surface et visage quasi noyé dans le masque qui laissait chaque fois passer l’eau… Elles circulaient entre frères et soeurs, se refilaient entre cousins et cousines. Roses, rouges, bleues, vertes ou transparentes, on avait le choix de la couleur, mais certainement pas celui de partir sans elles au bord de la mer. Et puis, à l’adolescence, on a dit stop, se croyant assez grands, et nos pieds désormais prêts à affronter le monde et ses dangers. Pas faux. Pourtant, l’âge de la contradiction passé, les adultes que nous sommes devenus glisseraient volontiers de nouveau leurs pieds, avec bonheur et fierté, dans nos Méduses, cet été. Parce que l’enfance, c’est pour l’éternité. Merci, nos Méduses adorées !