Infrarouge

AMANDA MILLE, À CENT À L’HEURE

Force et caractère. À la tête de la Direction Marketing Clientèle, mais aussi pilote amateur, la fille de Richard Mille incarne très exactement la devise de la marque horlogère, « une machine de course au poignet ». Entretien.

- Par Judith Spinoza

Amanda Mille, 43 ans, ne se contente pas d’être la fille de. Entrée sur le tard mais portée par un vrai choix dans le giron de la marque qu’a fondé son père en 2001, initiée par hasard aux sports mécaniques pour lesquels elle s’est prise de passion, l’aînée de la fratrie Mille défend l’image, le caractère et la féminisati­on d’une maison à la technicité si sensuelle.

Vous êtes à la tête des Relations Extérieure­s, Cécile Guenat à la tête de la création, la gamme féminine ne cesse de s’étoffer, vous venez de créer la Richard Mille Racing Team, une équipe de course 100% féminine. Les femmes prennent-elles le pouvoir au sein de la maison ?

Je dirais qu’elles prennent leur juste place. Celle qui leur est dévolue. Cela faisait très longtemps que la maison avait à coeur de démontrer que la femme a un rôle essentiel à jouer et que les montres Mille sont bien plus que de jolis accessoire­s.

Cette équipe de course 100% féminine, la première à concourir en LMP2, souligne-t-elle le virage féminin de la marque ?

C’est un choix très symbolique qui n’a rien d’un combat féministe. C’est pour mon père, fou de courses, un moyen de donner une réelle opportunit­é à celles qui désirent sublimer l’art de la conduite au volant.

À l’origine, votre père souhaitait créer LE bijou pour les hommes. En 2005 sort la RM 007, la première montre femme puis en 2018, la marque développe le premier Tourbillon Automatiqu­e maison pour la femme, avant l’homme.

Depuis la création de la marque, l’objectif est de développer des montres issues de différents univers aussi bien pour l’homme que pour la femme. L’obsession de mon père a toujours été de ne pas être uniquement une marque de niche. Au fur et à mesure des années, nous sommes devenus une marque généralist­e qui couvre des niches. Des mouvements maison, de nouvelles complicati­ons ont été initiées aussi pour les collection­s mixtes et les collection­s femmes. La RM 018 Tourbillon Boucheron, montre mixte présentée en 2008, utilisaien­t des pierres précieuses et ornemental­es comme partie intégrante du mouvement. Les pierres s’éloignaien­t ici de leur rôle principal de décoration pure. Le tout premier calibre maison, CRMA1, qui anime la RM 037 Automatiqu­e a été créé en 2012. La RM 19-02 Tourbillon Fleur en 2015 était le premier automate et tourbillon volant divulguée par la marque pour une montre femme. La RM 71-01 Tourbillon Automatiqu­e Talisman introduisa­it, quant à elle, le premier mouvement tourbillon automatiqu­e maison en 2018. Créer des mouvements maison féminins ou encore une équipe 100% féminine telle que la Richard Mille Racing Team, ce sont à la fois une conviction et des engagement­s forts de la marque.

En septembre dernier, vous avez aussi lancé la RM 72-01 Chronograp­he Lifestyle Maison, une pièce mixte…

Je pense que cela est venu naturellem­ent, il n’y a pas toujours un besoin de « genrer » des produits, c’est finalement souvent la clientèle qui s’approprie les collection­s. Il est vrai que la RM 72-01 était voulue comme un modèle « à partager », mais certaines pièces comme les RM 037 et RM 07-01 restent bien plus féminines pour répondre à une demande de la clientèle : des montres aux lignes plus douces, une « Ode à la femme », des pièces aux lignes plus fines, pour mettre en valeur les poignets de nos clientes.

Ce choix est-il une façon de dépasser la féminisati­on des collection­s ? De réunir le masculin et le féminin ?

Je pense qu’il s’agit tout simplement d’une envie de partage autour d’une montre et nous garderons quoi qu’il arrive des développem­ents féminins, comme nous pouvons avoir des collection­s masculines. Finalement, notre plaisir est de créer des montres à vivre, des objets qui suscitent des émotions à notre clientèle, et peu importe qu’ils se plaisent à porter les montres femmes ou hommes, du moment qu’ils les portent fièrement.

Quelle empreinte, vous et vos frères, la seconde génération Mille, comptez-vous perpétuer ?

Comme notre père nous a laissé choisir notre voie profession­nelle et n’a jamais insisté pour que nous travaillon­s avec lui, chacun de nous a trouvé sa place et son rôle naturel. Nous avons à coeur de sublimer ce qu’il a créé, tout en nous assurant d’une forme de continuité. C’est assez fluide car mes frères (Guillaume, Dimitri et Alexandre) et moi, avons fait le choix de rejoindre la marque au bon moment pour chacun d’entre nous.

Vous ne pensiez pas travailler pour Richard Mille à l’origine ? Non. Cela s’est fait par un concours de circonstan­ces qui m’a conduit à un vrai choix. Je venais de quitter la France et m’envolait pour une année en famille à Dubaï. À cette époque, le segment femme avait du mal à percer. Mon père et Peter Harrison (CEO Richard Mille Europe, Moyen Orient et Afrique) ont eu l’idée de créer un service dédié aux femmes au Moyen Orient et ont pensé à moi pour le diriger. J’ai été séduite par l’idée car j’ai entrevu quel pouvait être mon rôle. Cela avait du sens ! Nous n’avons pas grandi avec l’idée d’utiliser notre nom sans y apporter de la valeur ajoutée.

Pourquoi les clientes Richard Mille sont désormais attirées par des montres à l’ADN si masculin ?

C’était à l’origine un univers très secret, pensé par mon père comme un bijou destiné à l’homme. Désormais, grâce à des modèles qui mélangent à la fois sophistica­tion et technicité, elles peuvent se l’approprier. Nous leur proposons le même ADN que celui que nous proposons aux hommes.

Justement, comment concevez-vous l’équilibre entre la féminité, l’audace et la technicité qui caractéris­ent les montres Mille ?

Nous ne pourrons jamais délaisser la technicité et l’audace qui représente­nt notre marque de fabrique. Trouver cet équilibre n’est pas une difficulté en soi, l’arabesque de nos montres, enroulées au poignet, sont par essence sensuelles. D’autre part, les femmes recherchen­t la technicité autant que les hommes et sont parfois même plus passionnée­s !

Racontez-nous votre passion pour l’automobile ?

D’abord, c’est une histoire de hasard. Il y a 6 ans, lors d’une course organisée à Abu Dhabi pour nos clientes, j’ai eu l’occasion de conduire aux côtés de Tatiana Calderón qui fait aujourd’hui partie de la Richard Mille Racing Team. C’était ma première course. Elle m’a encouragée parce qu’elle a décelé certaines aptitudes en moi… j’ai poursuivi, en multiplian­t les circuits avec mon père. Et désormais, je suis mordue de sports mécaniques !

La marque soutien également le Rallye des Princesses Richard Mille depuis 2015 comme partenaire titre. 5 jours entre femmes, 8 heures de conduite chaque jour, y participez- vous ?

Oui, c’est un rallye de régularité au départ de la place Vendôme, et une arrivée historique­ment à Saint-Tropez. Cette année, nous devions rouler cap à l’ouest, en direction de la côte bretonne, jusqu’à La Baule. C’est une course avec énormément de technique, très compétitiv­e, mais aussi très sympathiqu­e.

Quelle montre Mille portez-vous au poignet ?

J’en ai deux. La première est une RM 016 Automatiqu­e Extraplate, en version titane. La seconde, un prototype qui sortira début janvier…

 ??  ?? RM71-01 Tourbillon Talisman, le premier Tourbillon Automatiqu­e maison femme.
RM71-01 Tourbillon Talisman, le premier Tourbillon Automatiqu­e maison femme.
 ??  ?? Aurora Straus, pilote de course profession­nelle
Aurora Straus, pilote de course profession­nelle
 ??  ?? Yuliya Levchenko, vice-championne de saut en hauteur
Yuliya Levchenko, vice-championne de saut en hauteur
 ??  ?? Premier calibre maison introduit avec la RM 07-01 Ladies
Premier calibre maison introduit avec la RM 07-01 Ladies
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