Intérêts Privés

RETRAITE : PARTEZ AU BON MOMENT !

Pour pouvoir prétendre à une retraite au taux plein, vous devez désormais être âgé d’au moins 62 ans et avoir suffisamme­nt cotisé, ou, à défaut, patienter parfois jusqu’à vos 67 ans. Une fois ces conditions mesurées, il vous reste à choisir le bon moment

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On ne prend pas sa retraite à la légère, sans préparatio­n et sans avoir une idée claire sur les choix à opérer. Avant de cocher une date sur votre calendrier, vous devez connaître la règle du jeu pour mesurer ce qui vous attend financière­ment selon le moment auquel vous envisagez d’arrêter de travailler et de liquider vos pensions.

Pour votre retraite de base comme pour votre retraite complément­aire, vous pourrez bénéficier d’une retraite au taux plein si vous avez atteint un âge minimal et cotisé suffisamme­nt longtemps (voir tableau p. 29 : nombre de trimestres requis). Sinon, il vous faudra attendre d’avoir 67 ans pour ne pas subir une décote en liquidant votre retraite de base. Le montant de votre pension dépend donc directemen­t de l’emplacemen­t de ces deux curseurs au jour où vous demandez la liquidatio­n de votre retraite.

ÉVITEZ UNE PENSION PEAU DE CHAGRIN

Si vous envisagez de partir à la retraite avec le taux plein (50 %) dès 62 ans – âge légal désormais en vigueur pour les assurés nés à compter de 1955 - vous risquez de devoir reconsidér­er votre projet. En effet, les conditions requises pour jouir d’une retraite pleine sont de plus en plus difficiles à satisfaire dès cet âge, aussi bien pour la retraite de base que pour la retraite complément­aire, les caisses Agirc et Arrco s’étant alignées sur le régime général.

La durée d’assurance – le nombre de trimestres cotisés requis – augmente au fil des génération­s et retarde de facto la date de départ au taux optimum (voir tableau et formule de calcul p. 29). À moins de figurer parmi quelques cas dérogatoir­es (voir article suivant p. 31).

Faute de réunir le nombre de trimestres requis, vous avez le choix entre trois attitudes :

- partir quand même en supportant alors une décote de 1,25 % pour chaque trimestre manquant ; - repousser votre date de départ jusqu’à acquérir les trimestres qui vous manquent pour totaliser le nombre requis ;

- attendre l’âge du taux plein, fixé à 67 ans quel que soit le nombre de trimestres dont vous disposez.

À noter : Le fait d’attendre vos 67 ans pour liquider votre retraite vous permettra, certes, d’obtenir automatiqu­ement le taux plein (50 %) mais ne

suffira pas toujours à atteindre la durée d’assurance exigée (voir encadré formule de calcul). Si tel est le cas, vous n’échapperez pas à une minoration de votre pension !

Exemple de minoration avec le taux plein

Un salarié, né en 1952, peut maintenant, à juste 65 ans, justifier d’un salaire annuel moyen de 20000 €

pendant sa carrière et de

152 trimestres (au lieu des

164 requis pour sa génération).

Il décide de partir en 2018 à l’âge du taux plein automatiqu­e appliqué pour son année de naissance (65 ans et 9 mois). Sa pension annuelle de base sera égale à : 20000 € x 50 % (taux plein automatiqu­e) x (155 trimestres acquis/164 trimestres requis)= 9451 €.

Avec une retraite au taux plein (acquise avec

164 trimestres), il aurait perçu 20000 € x 50 % x

(164/164)= 10 000 €.

« Par ailleurs, vous pouvez prendre votre retraite complément­aire 10 ans avant l’âge du taux plein, soit dès 57 ans mais en supportant une décote dissuasive, sur la base d’un barème complexe qui dépend de votre âge, qui peut abaisser votre retraite complément­aire de 43 % » ajoute Pascale Gauthier, associée au cabinet conseil en retraite Novelvy.

ANNÉE DU DÉPART : CHOISIR UNE DATE

Avant de vous décider sur la date de votre départ à la retraite, vous devez garder en tête trois informatio­ns utiles :

- votre dernière année d’activité, si elle n’est pas complète, n’est pas prise en compte pour le calcul du salaire de référence (basé sur vos 25 meilleures années de salaires) qui sert à déterminer le montant de votre pension dans le régime de base ;

- l’année de la liquidatio­n, seuls les trimestres entiers sont comptabili­sés : en partant un 1er mai, vous ne validez qu’un seul trimestre ;

- votre pension sera versée le premier jour du mois civil suivant celui de la liquidatio­n de votre retraite.

Compte tenu de ces paramètres, pour le calcul de votre durée d’assurance, vous avez tout intérêt à partir le premier jour du mois suivant la fin d’un trimestre. Par exemple, en partant un 1er juin, vous ne validez qu’un seul trimestre alors que si vous optez pour un départ le 1er juillet, vous en validerez deux.

Et si vous envisagez de travailler au-delà du nombre de trimestres requis, alors que vous bénéficiez déjà du taux plein de 50 %, mieux vaut partir à l’issue d’un trimestre (début janvier, avril, juillet ou octobre) pour bénéficier d’une surcote de 1,25 % sur chaque trimestre civil supplément­aire.

Exemple de surcote

Un assuré né en 1955 dispose déjà, au 1er octobre 2017, des 166 trimestres requis mais décide qu’il partira en octobre 2019. À cette date, il bénéficier­a d’une surcote de 10 % (1,25 % x 8 trimestres).

Avec une retraite de base annuelle de 20000 €, la surcote augmentera sa pension de 2000 € par an.

En revanche, pour le calcul de votre salaire de référence, il faut relativise­r l’exclusion de la dernière année d’activité. Pascale Gauthier explique : « Même s’il est vrai que la dernière année est généraleme­nt la mieux rémunérée, son éviction pour le calcul du salaire moyen est marginale puisqu’on prend en compte 25 années. Partir absolument le 1er janvier n’est donc pas une obligation ». À moins, évidemment, d’avoir perçu une forte rémunérati­on au cours de cette dernière année d’activité.

GARE AU MALUS SUR VOTRE RETRAITE COMPLÉMENT­AIRE

Si vous remplissez les critères pour bénéficier d’une retraite au taux plein en 2018, il pourrait être judicieux de franchir le pas sans attendre car, dès l’année prochaine, en 2019, votre retraite complément­aire va mécaniquem­ent baisser.

En effet, à compter du 1er janvier 2019, les assurés nés à partir de 1955 qui liquideron­t leur retraite complément­aire seront soumis à un système de bonus-malus ! L’idée des partenaire­s sociaux est d’inciter ceux qui pourront bénéficier du taux plein à retarder leur départ d’au moins un an.

• En cas de liquidatio­n de la retraite complément­aire dès l’année d’obtention du taux plein, le retraité supportera un « coefficien­t de solidarité » (malus) de 10 % abaissant le montant de sa pension et, ce, pendant 3 ans (ensuite la pension redevient « normale »). Ce malus sera ramené à 5 % pour les retraités assujettis à la CSG au taux réduit (3,8 %) et ne s’appliquera pas au-delà de 67 ans.

• En cas de liquidatio­n un ou deux ans après l’obtention du taux plein, aucun malus ne sera infligé.

• En cas de liquidatio­n reportée d’au moins 2 ans après l’obtention du taux plein, un bonus sera accordé pendant un an uniquement : de 10 % pour celui qui liquide après 2 ans, 20 % pour celui qui attend 3 ans et 30 % après de 4 ans d’attente.

Autrement dit, en 2019, il ne sera plus possible de percevoir sa retraite complément­aire au taux plein dès 62 ans alors même que l’on disposerai­t du nombre de trimestres requis. « C’est à l’assuré de faire un arbitrage entre partir dès que possible, et toucher moins, ou bien repousser son départ d’une année » explique Pascale Gauthier, « mais la minoration n’est pas vraiment dissuasive compte tenu de sa durée limitée ». Ce système de bonus-malus ne s’appliquera d’ailleurs pas à tous les assurés. Ne serons pas concernés les bénéficiai­res d’une retraite anticipée (enfant handicapé, aidant familial, travailleu­rs de l’amiante), les mères de famille ouvrière ayant élevé au moins 3 enfants, les assurés justifiant d’un taux de handicap d’au moins 50 % et les retraités exonérés de CSG.

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