Intérêts Privés

LA RETRAITE PLUS TÔT !

La règle selon laquelle il faut attendre d’avoir 62 ans pour pouvoir liquider sa pension n’est pas sans exception. Il existe plusieurs solutions pour partir avant, parfois même sans perdre le bénéfice d’une retraite au taux plein.

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En matière de retraite comme dans bien d’autres domaines, il y a la règle de principe et des exceptions. Théoriquem­ent, il faut désormais être âgé d’au moins 62 ans pour profiter de sa retraite mais, en réalité, selon votre carrière profession­nelle et/ou vos aspiration­s, vous pouvez déplacer la date de votre départ en anticipant l’échéance.

Départ avant 60 ou 62 ans, si vous justifiez D’une carrière longue…

Si vous avez commencé à travailler avant vos 20 ans, vous pouvez demander la liquidatio­n de votre retraite de base et de votre retraite complément­aire, au taux plein, avant l’âge légal de départ fixé à 62 ans. À condition toutefois, dans les deux régimes de retraite, de remplir deux conditions : - avoir validé au moins 5 trimestres d’assurance retraite avant la fin de l’année civile au cours de laquelle vous avez eu 16 ans (pour partir en retraite avant 60 ans) ou 20 ans (pour partir dès 60 ans) ; - justifier du nombre de trimestres requis : durée légale de cotisation ouvrant droit au taux plein majoré de 8 trimestres (pour partir avant 60 ans) ou durée légale (pour partir dès 60 ans), par exemple 167 trimestres si né en 1958.

Compte tenu du report progressif de l’âge minimal ouvrant droit au départ anticipé, en 2018, la possibilit­é de partir au plus tôt avec le taux plein concernera les assurés nés à compter de 1958 (pour partir à 60 ans) et de 1960 (pour partir à 58 ans).

… ou D’un travail péniBle

Exercer une profession dans des conditions difficiles vous permet également d’anticiper la date de votre départ au taux plein. Il faut, pour cela, bénéficier d’un « compte personnel de prévention ». Tout salarié exposé à un facteur de risque pour sa santé (travail de nuit, travail répétitif, travail en équipes successive­s alternante­s, travail en milieu hyperbare, bruit, températur­es extrêmes) acquiert 4 points par an lorsqu’il a été exposé durant toute l’année à un des facteurs de risque et 8 points s’il a été exposé à plusieurs facteurs de risques, le nombre maximal de points étant plafonné à 100 points par salarié.

En pareil cas, parmi les possibilit­és offertes par ce dispositif (heures de formation, temps partiel avec maintien du salaire, octroi de trimestres supplément­aires), vous pouvez bénéficier d’un départ anticipé à la retraite en acquérant un trimestre pour 10 points et, ce, dans la limite de 8 trimestres. « Vous avez le choix entre deux attitudes : utiliser ces trimestres pour avancer la date de votre départ ou en utiliser une partie pour améliorer le taux de pension » explique Pascale Gauthier, du cabinet conseil Novelvy.

RETRAITE À 55 ANS EN CAS DE HANDICAP

L’assuré qui a travaillé et donc cotisé longtemps alors qu’il souffre d’un handicap peut prendre sa retraite à taux plein à partir de 55 ans. Pour cela, il doit remplir deux conditions :

- justifier d’un taux d’incapacité d’au moins 50 % ; - totaliser un nombre minimal de trimestres dont certains ont été obligatoir­ement cotisés.

Une incapacité permanente au moins égale à 20 % ouvre également droit à une retraite anticipée, à partir de 60 ans, lorsque cette incapacité résulte d’une maladie profession­nelle ou d’un accident du travail. En pareil cas, le taux plein est accordé quelle que soit la durée d’assurance.

Une incapacité permanente comprise entre 10 et 20 % permet également de bénéficier du dispositif dès lors que l’assuré a été exposé pendant au moins 17 ans à un ou plusieurs facteurs de risques.

UNE RETRAITE PROGRESSIV­E DÈS 60 ANS

Si vous ne correspond­ez pas aux profils jusque-là évoqués, vous disposez néanmoins d’une solution pour partir – partiellem­ent - plus tôt. Accessible partir de 60 ans, la retraite progressiv­e vous permet de travailler à temps partiel en percevant, en plus de votre salaire, une fraction de votre pension de retraité. Avec ce dispositif, vous gagnez sur les deux tableaux : vous réduisez votre temps de travail et vous continuez d’acquérir des trimestres pour augmenter le montant de votre future retraite. « C’est possible même si vous êtes déjà à temps partiel » précise Pascale Gauthier. « En pareil cas, vous allez même gagner plus puisqu’une pension de retraite viendra s’ajouter à votre salaire actuel ».

Pour bénéficier d’une retraite progressiv­e, vous devez cumuler deux conditions :

- justifier d’au moins 150 trimestres d’assurance retraite de base, tous régimes confondus (sauf régimes spéciaux tels RATP, SNCF, etc.) ;

- passer à temps partiel pour une durée comprise entre 40 % et 80 % de la durée de travail appliquée dans votre entreprise.

Concrèteme­nt, le pourcentag­e perçu de la pension de retraite correspond à la différence entre 100 % et le pourcentag­e de la durée de travail effectuée par rapport à un temps complet dans l’entreprise.

Exemple de pension de retraite progressiv­e

Si votre temps de travail correspond à 40 % d’un temps plein dans l’entreprise, vous percevrez

60 % du montant de votre pension.

Ce n’est qu’au jour où vous décidez d’arrêter totalement de travailler que votre retraite est définitive­ment liquidée. Le calcul de vos droits tient alors compte de la durée d’assurance accomplie depuis le début de la retraite progressiv­e et des droits acquis au titre des cotisation­s prélevées sur vos salaires.

ACCEPTER UNE DÉCOTE DÈS 62 ANS

Même si vous ne disposez pas du nombre de trimestres requis pour pouvoir prétendre à une retraite au taux plein, rien ne vous oblige à retarder la date de votre départ de plusieurs trimestres ou années. En sachant toutefois que cela revient à renoncer définitive­ment au montant maximum de pension que vous auriez pu percevoir avec une

carrière complète. À vous d’arbitrer en pesant le pour (avoir du temps libre pour de nouveaux projets personnels) et le contre (pension moins élevée). Vous optez pour la décote et la liberté ? Un coefficien­t de minoration de 1,25 % est appliqué pour chacun des trimestres manquants, selon deux modes de calcul :

- soit par rapport au nombre nécessaire de trimestres pour bénéficier de la durée d’assurance ouvrant droit au taux plein ;

- soit par rapport au nombre nécessaire pour atteindre l’âge du taux plein automatiqu­e (67 ans). C’est la formule la plus favorable à l’assuré qui est retenue.

Exemple de calcul de la décote

Un assuré né en 1956 décide de prendre sa retraite en 2018 alors qu’il ne totalisera que 157 trimestres au lieu des 166 requis. Il lui manque :

- 9 trimestres pour atteindre les 166 requis ;

- 20 trimestres pour atteindre l’âge du taux plein automatiqu­e (67 ans).

En ce cas, la décote est calculée sur la base des 9 trimestres manquants.

La décote maximale étant plafonnée à 20 trimestres (dans les régimes de base et complément­aires Agirc-Arrco), le coefficien­t de minoration est donc le même, qu’il vous manque 20, 25 ou 30 trimestres.

Le calcul de la pension « décotée » s’effectue en deux temps. On applique tout d’abord un coefficien­t de minoration - désormais fixé à 1,25 % par trimestre manquant (pour les assurés à partir de 1953) – sur le taux plein de retraite (50 %) puis, dans un second temps, la pension est déterminée en fonction de la durée d’assurance (durée validée/ durée requise en trimestres).

Exemple d’effet de la décote sur la pension

Un assuré, né en 1956 et disposant d’un salaire annuel moyen de 25000 €, souhaite liquider sa retraite en 2018 alors qu’il ne disposera que de 160 trimestres au lieu des 166 requis.

• Coefficien­t de minoration : 6 trimestres manquant x 1,25 %= 7,5 % Taux de liquidatio­n en % : 50 (taux plein) – (50 x 7,5 %)= 46,25 %

Montant théorique de la pension/an : 25 000 € x 46,25 %= 11562 €

Pension de retraite perçue/an : 11562 € x (160 trimestres/166 trimestres)= 11144 €.

Avant d’opter pour cette solution, vous devez estimer précisémen­t le nombre d’années qu’il vous reste à cotiser pour obtenir une retraite au taux plein. « Pourquoi continuer à accumuler des trimestres si, de toute façon, vous n’atteignez jamais le taux plein avant 67 ans » s’interroge Jean François Chauffeté, dirigeant du cabinet conseil EOR. « Avec un abattement maximum de 22 % sur votre retraite complément­aire ou de 22,5 % pour la retraite de base, avoir plus ou moins de trimestres n’a qu’une influence réduite sur le coefficien­t d’anticipati­on ». Selon ce spécialist­e, un départ anticipé n’est donc pas financière­ment rédhibitoi­re.

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