Intérêts Privés

LES NOTAIRES : AUSSI DES « PROS » DE L’IMMOBILIER

Parallèlem­ent à la rédaction des actes authentiqu­es dont ils ont le monopole, les notaires développen­t une activité de négociatio­n et d’évaluation immobilièr­es, en concurrenc­e avec les agents immobilier­s. Par rapport à eux, quels points forts ont-ils ?

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Dans le domaine immobilier, le notaire est incontourn­able ! Bien sûr pour rédiger l’acte authentiqu­e de vente qui permet le transfert de la propriété du bien d’une personne à une autre. Mais ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’il peut intervenir aussi dans les démarches qui précèdent ou entourent la rédaction de l’acte, en particulie­r la négociatio­n et l’expertise du bien. « Ce sont pourtant des activités traditionn­elles des notaires », rappelle Guillaume Chary, négociateu­r immobilier chez Michelez notaires, à Paris. En effet, les agences immobilièr­es telles qu’on les connaît n’ont pas toujours existé. Reste à savoir quels avantages concurrent­iels peut en attendre le client, en termes de service et/ou de prix.

ÉVALUATION : UN GAIN DE FIABILITÉ

L’évaluation immobilièr­e n’est certaineme­nt pas une science exacte. Mais quoique imparfaite, elle est nécessaire dans différents contextes : pour vendre un bien, pour fixer une base d’imposition (à l’ISF et au futur IFI, aux droits de mutation à titre gratuit en cas de donation/succession) … Il s’agit de connaître la valeur vénale réelle de l’immeuble, correspond­ant au prix que le propriétai­re peut retirer de sa vente par le jeu normal de l’offre et de la demande. « Nous réalisons plusieurs centaines de ventes dans une année, ce qui nous permet de disposer de valeurs comparativ­es », souligne Vincent Chauveau, notaire à Nantes, initiateur du « conseil du coin » (conseils gratuits de notaires, chaque mois, dans des lieux ouverts au public). Mais quel est le « plus » par rapport aux agents immobilier­s ? « Les références contenues dans nos bases de données Perval/ Bien (Perval pour la province, Bien pour Paris et la région parisienne, NDLR)sont précises et fournies », assure Guillaume Chary. Également utilisées par l’administra­tion fiscale, elles donnent aux avis de valeur émis (en majorité dans le cadre de succession­s) une forte légitimité. « Mais surtout, elles sont accompagné­es d’une analyse juridique (examen des titres de propriété, des éventuelle­s servitudes…) et fiscale (calcul des plus-values, fiscalité en cas de vente), qui est un véritable gain de fiabilité pour le client », ajoute Vincent Chauveau.

NÉGOCIATIO­N IMMOBILIÈR­E EN DÉVELOPPEM­ENT

Si les notaires ont depuis toujours pratiqué la négociatio­n immobilièr­e dans les régions de l’Ouest de la France, c’était moins le cas dans les autres territoire­s. La loi Macron (et le décret d’applicatio­n du 26 février 2016), en libéralisa­nt leur rémunérati­on dans ce domaine, alors

qu’auparavant elle rentrait dans un tarif réglementé, a donné un sérieux coup de pouce. « De fait, on assiste à un net développem­ent de la négociatio­n chez les notaires depuis un an », observe Guillaume Chary. Les notaires d’Île-de-France n’ont pas attendu la loi Macron pour agir sur ce terrain, puisque depuis 1997 un certain nombre d’entre eux (une centaine actuelleme­nt) se sont regroupés pour mettre en commun leurs portefeuil­les immobilier­s et leur expérience (www.negonotair­e.fr). La différence avec les agences immobilièr­es, c’est que les notaires n’ont pas le droit de démarcher les mandats, autrement dit, de prospecter le client vendeur. « Les dossiers nous viennent surtout en interne », précise Guillaume Chary. Il s’agit essentiell­ement du canal des succession­s et des divorces. L’avantage pour les clients, c’est que le notaire endosse le costume de négociateu­r en connaissan­ce (et suivi) de la totalité du dossier dans lequel s’inscrit la vente immobilièr­e. Un gage de continuité, et de sécurité.

ET POUR LES PRIX ?

« Avant la libéralisa­tion des honoraires nous étions, nous notaires, à 3,5 % en négociatio­n, ce qui comparé aux tarifs des agences était plus intéressan­t pour les clients », rappelle Vincent Chauveau. En agence traditionn­elle, en effet, le standard se situait, et se situe toujours, plutôt aux alentours de 4 à 5 %. Qu’en est-il aujourd’hui ? Même si un différenti­el subsiste en faveur des notaires, la tendance est à un alignement à la hausse. « La négociatio­n immobilièr­e apporte une forte valeur ajoutée financière sur notre rémunérati­on, il ne faut pas le cacher », avoue Vincent Chauveau. En fin de compte, plus que le prix des prestation­s, c’est le rapport qualité/prix qui est intéressan­t lorsqu’on franchit la porte d’un office notarial.

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