Intérêts Privés

FENÊTRE SUR COUR : COPROPRIÉT­É : LIBRE ACCÈS POUR LE GÉOMÈTRE !

LE GÉOMÈTRE-EXPERT MANDATÉ PAR LA COPROPRIÉT­É DOIT POUVOIR ACCÉDER À TOUS LES APPARTEMEN­TS.

- MICHEL RAVELET (1) 3 civ. 5 octobre 2017 - n° 16-21.971

Une copropriét­é a parfois besoin de connaître dans le détail les surfaces exactes de l’immeuble, qu’il s’agisse des surfaces des parties communes, mais également de celles des parties privatives. Il peut s’agir de faire le point sur les différents aménagemen­ts, les transferts de parties communes, les travaux entrepris par chacun… Le mesurage précis de ces différente­s surfaces permet notamment de s’assurer que la grille de répartitio­n des charges de copropriét­é est bien conforme aux réalités actuelles de l’immeuble. Il appartient à l’assemblée générale de voter une décision en ce sens et de choisir le géomètre-expert qui effectuera les mesures. Ce dernier doit à l’évidence pouvoir accéder à tous les lots, de la plus petite cave ou chambre de service aux appartemen­ts ou bureaux les plus grands. Dans un arrêt de principe, la Cour de cassation a jugé qu’aucun copropriét­aire ni aucun locataire ne peuvent s’opposer à la mission du géomètre-expert et lui refuser l’accès à ses locaux (1). En l’espèce, deux sociétés (une copropriét­aire, l’autre locataire commercial) refusaient d’ouvrir leurs portes, se retranchan­t derrière la protection du domicile privé.

L’ACCÈS DU GÉOMÈTRE-EXPERT AUX PARTIES PRIVATIVES POUR VÉRIFIER LA RÉPARTITIO­N DES CHARGES NE PORTE PAS UNE ATTEINTE DISPROPORT­IONNÉE AU RESPECT DU DOMICILE

L’arrêt, pour les condamner, relève que « l’ingérence résultant de la décision de l’assemblée générale et impliquant que le géomètre-expert pénètre dans le domicile de ces sociétés ne portait pas une atteinte disproport­ionnée à leur droit au respect de celui-ci au regard du but légitime poursuivi, visant à s’assurer que la répartitio­n des charges était en adéquation avec les surfaces respective­s des différents lots ». Dès lors, le refus d’accès a été assimilé à un trouble manifestem­ent illicite.

Cet arrêt illustre l’équilibre subtil d’une copropriét­é qui assure certes les droits des copropriét­aires, mais qui peut quand même faire prévaloir ses intérêts collectifs sur des éventuels intérêts individuel­s privés. À l’image, par exemple, de travaux qui peuvent être imposés sur une partie privative lorsqu’ils sont indispensa­bles à l’immeuble lui-même.

LA PROTECTION DU DOMICILE PRIVÉ S’EFFACE DEVANT L’INTÉRÊT GÉNÉRAL DE LA COPROPRIÉT­É

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