Intérêts Privés

LIVRET A : ANNIVERSAI­RE RADIN

- Serge Florentin Rédacteur en chef

Le livret A vient de fêter ses 200 ans le 22 mai dernier. Un évènement un brin décalé au moment où il n’est pas un jour sans que l’on chante les louanges du changement et des start-up qui révolution­nent le quotidien. Mais notre bon vieux livret A fait de la résistance… à moins que nos dirigeants ne souhaitent pas lui donner un coup de jeune ? Tout juste est-il question d’instaurer un taux plancher du livret A à 0,50 % … Le genre de cadeau qui ne fait saliver personne… Et qui risque de ne jamais servir, les taux d’intérêt ayant atteint un point bas historique et ne pouvant, en principe, que remonter alors que croissance et inflation repartent. Mais, même poussif au possible, le livret A garde ses nombreux adeptes qu’il faut bien rassurer. Car comme beaucoup d’entre nous, ils préfèrent ne prendre aucun risque pour mettre leurs économies de côté. C’est un fait, les Français plébiscite­nt toujours la sécurité quand ils choisissen­t un placement (premier élément pris en compte par 57 %, devant la liquidité : 39 %, selon un baromètre de l’épargne immobilièr­e PERIAL-IFOP décembre 2017). Et si, en plus, les prélèvemen­ts (impôt, CSG…) sont à zéro comme pour le livret A, alors la messe est dite ! En témoigne la collecte du livret A et de son clone le LDDS qui atteignait 3,9 milliards d’euros en janvier, niveau record ! Et pourtant le livret A ne couvre même plus l’inflation depuis un an (dont le taux atteint 1,6 % en avril, voir p. 54) alors que sa rémunérati­on bloquée jusqu’en 2020 n’est que de 0,75 %. Cherchez l’erreur…

Plutôt que d’inventer un parachute au livret A (taux plancher à l’étude pouvant être inférieur à l’inflation), le gouverneme­nt ferait mieux de lui faire prendre l’ascenseur en en dopant la rémunérati­on pour que cette épargne toujours abondante car populaire (381 md€ d’encours) finance davantage l’économie tout en étant profitable aux ménages qui n’ont pas forcément les moyens ou les connaissan­ces pour miser sur d’autres placements plus performant­s comme les SCPI (notre dossier). Ces dernières investies dans l’immobilier ne servent pas à placer une épargne de précaution comme les livrets, mais visent à préparer la retraite (les SCPI complètent les pensions en versant un dividende). À ce titre, elles figurent en deuxième place des placements privilégié­s pour la retraite derrière l’assurance-vie (baromètre PERIAL – IFOP). Comme le livret A, les SCPI répondent au besoin de sécurité des Français grâce à leur rendement rassurant. Mais ils ne sont que 48 % à connaître ce placement sélectif. Pour tout un chacun qui a un livret A, le gouverneme­nt pourrait envisager une réforme… un peu moins radine que celle qui doit en changer la donne en 2020.

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