Visite historique des lieux :

Un projet en forme de testament spirituel de Louis XIV

On a souvent tendance à réduire le Versailles de Louis XIV aux plaisirs de la vie de cour. Grossière erreur ! La dimension spirituelle constitue, en effet, à l’époque, une composante essentielle de la monarchie. Si, au début, cette « religion royale » s’exerçait au sein de petites chapelles provisoires aménagées au coeur du château, c’est au détour des années 1700 que le roi Soleil, affaibli par l’âge, décide de doter sa résidence d’un lieu de culte à sa mesure. Une façon pour lui de marquer que la France est bien la fille aînée de l’Église ! Le projet est confié à l’architecte Jules Hardouin-Mansart qui mourra avant son achèvement. Le plan qu’il dessine est calqué sur celui de la Sainte-Chapelle à Paris (Île de la Cité), érigée par saint Louis : un rectangle terminé par un hémicycle. Si l’extérieur, en pierre, s’inspire de l’architecture gothique avec ses élévations puissantes, ses grandes verrières et ses contreforts, l’intérieur, lui, est bâti dans la pure tradition des chapelles palatines, sur deux niveaux : à l’étage, des tribunes réservées à la famille royale, aux princes du sang et aux principaux dignitaires, au rezde-chaussée, tout le reste de la cour. La décoration du plafond de la voûte est assurée par des artistes de renom : au centre, Antoine Coypel signe un magistral “Dieu le Père dans sa gloire”, Charles de la Fosse peint quant à lui “La Résurrection” dans l’abside, tandis que Jean Jouvenet se charge de “La Descente du Saint Esprit” au-dessus de la tribune royale. L’ensemble est finalisé en 1710, cinq ans seulement avant la mort de Louis XIV. C’est dans ce magnifique écrin qu’aura lieu, le 23 février 1745, le mariage de Louis, le Dauphin, avec Marie-Thérèse, l’Infante d’Espagne ou celui de MarieAntoinette avec Louis-Auguste, futur Louis XVI. C’est aussi là que le jeune Mozart offrira une prestation remarquée sur le grand l’orgue, lors d’une visite privée, le 18 novembre 1763.