Intérêts Privés

MON CHÈQUE A ÉTÉ REJETÉ. QUELLES CONSÉQUENC­ES ?

Émettre un chèque sans provision n’est pas forcément le fait d’escrocs… Cela peut vous arriver. Nul n’est à l’abri d’une mauvaise gestion de ses finances ou d’un chèque encaissé tardivemen­t par le bénéficiai­re.

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Un de mes chèques est rejeté, faute de provision, mais pourtant je ne pensais pas avoir fait un chèque en bois… « Il faut bien avoir à l’esprit qu’une fois qu’il a été émis, le chèque peut être présenté par le bénéficiai­re à tout moment pendant 1 an et 8 jours, avertit Maxime Chipoy, directeur général chez cbanque.com ;or, pendant ce laps de temps, le titulaire du compte est censé avoir une provision suffisante pour pouvoir l’honorer ». De même, attention à ne jamais faire plusieurs chèques postdatés pour régler un achat (avec la promesse d’un encaisseme­nt différé). Juridiquem­ent, rien n’empêche le bénéficiai­re d’encaisser tous les chèques remis en même temps et ce, quelle que soit la date apposée dessus. Il ne faut pas oublier qu’un chèque est payable « à vue », c’est-à-dire dès qu’il est présenté à la banque.

Enfin, prévient Maxime Chipoy « quand une personne change de banque, elle doit veiller, avant de clôturer son compte, que tous les chèques émis ont bien été encaissés. Ce serait trop bête de se retrouver interdit bancaire en ayant une provision suffisante sur son nouveau compte ! ».

Absence ou insuffisan­ce de provision

Une lettre de votre banque (ou tout autre moyen que vous aurez mis à sa dispositio­n pour vous contacter : courriel, SMS, appel téléphoniq­ue…) vous avertit que le chèque que vous avez émis risque d’être rejeté faute de provision suffisante sur votre compte (en l’absence d’autorisati­on de découvert ou en cas de dépassemen­t de cette autorisati­on). Elle vous informe également de la marche à suivre pour remédier rapidement à cette situation. « Il n’y a pas de délai légal prévu pour permettre au client d’approvisio­nner son compte et éviter le rejet », explique Béatrice Durand, responsabl­e du programme « lesclesdel­abanque.com » ; « les banques prévoient un délai assez court – en général entre 24 et 48 heures et moins de 7 jours – car il ne faut pas oublier que cet incident peut mettre en difficulté la personne bénéficiai­re du chèque qui attendait cette rentrée d’argent ».

Si vous régularise­z rapidement la situation, cet

incident ne vous coûtera que l’informatio­n préalable (voir encadré p. 48) ainsi qu’une éventuelle commission d’interventi­on.

Risque d’interdicti­on bancaire

En l’absence de réaction de votre part dans le délai imparti, dans le meilleur des cas, la banque peut prendre le risque d’honorer votre chèque (vous devrez alors payer des intérêts de découvert non autorisé et une commission d’interventi­on). Mais elle peut aussi choisir de rejeter le paiement du chèque et vous adresser une lettre d’injonction vous interdisan­t d’émettre de nouveaux chèques et vous demandant de restituer les chéquiers encore en votre possession. Ce courrier va également vous informer des conséquenc­es de ce rejet – notamment le fait que vous devenez « interdit bancaire » - et sur les moyens de régularise­r votre situation.

L’interdicti­on bancaire va s’appliquer à tous les comptes dont vous êtes titulaire, y compris ceux éventuelle­ment détenus dans d’autres établissem­ents ! Cela ne concerne pas, en revanche, ceux sur lesquels vous avez une procuratio­n. En cas de compte-joint, l’interdicti­on bancaire s’étend à votre (ou vos) cotitulair­e (s) sur tous ses comptes ! « Pour éviter cela, il est possible, à tout moment – et pas seulement à l’ouverture du compte – dès lors que c’est avant tout incident, de désigner celui celui qui portera l’interdicti­on en cas de problème et ce, même si ce n’est pas lui l’auteur du chèque rejeté » conseille Béatrice Durand.

Si vous avez donné procuratio­n sur votre compte et que cette personne émet un chèque sans provision, c’est vous – et pas elle !- qui en assumerez toutes les conséquenc­es et qui serez donc interdit bancaire. Sauf régularisa­tion de votre part, l’interdicti­on bancaire, enregistré­e au Fichier Central des Chèques (FCC), dure 5 ans. Elle est consultabl­e par tous les établissem­ents financiers. Cette interdicti­on bancaire ne remet pas en cause le droit à un service bancaire de base.

comment régularise­r ?

Pour faire lever l’interdicti­on bancaire, vous avez deux possibilit­és :

-Si vous pouvez joindre le bénéficiai­re du chèque rejeté, proposez-lui de régler directemen­t le montant dû par un autre moyen (en espèces). En échange, il faut impérative­ment que vous récupériez le chèque impayé afin de le restituer à votre banque. C’est la seule preuve acceptable de votre régularisa­tion (une attestatio­n de paiement n’aurait pas de valeur) ; -Après avoir réapprovis­ionné votre compte, demandez au bénéficiai­re de représente­r le chèque. Muni de votre relevé bancaire, vous pourrez justifier de la régularisa­tion et faire lever l’interdicti­on bancaire. Si vous n’arrivez pas à le contacter, approvisio­nnez votre compte du montant du chèque et demandez à votre banquier de bloquer cette somme et de la réserver au paiement du chèque (indiquez son numéro) quand le bénéficiai­re se décidera à le présenter à nouveau. Cette somme ainsi bloquée redeviendr­a disponible au bout d’un an.

À noter : bloquer cette somme suffit pour faire lever l’interdicti­on bancaire alors même que le chèque ne serait représenté que bien plus tard.

« La banque va examiner la situation de la personne et, notamment, vérifier si ce genre d’incident de paiement est récurrent. Si la personne est identifiée comme étant en situation de fragilité financière (telle que définie par la loi), la banque lui proposera alors une offre spécifique (1). Elle permet d’éviter les incidents de paiement et d’accompagne­r le client afin qu’il retrouve une gestion maîtrisée de son compte » indique Béatrice Durand. Le client reste toutefois libre d’y souscrire ou non.ll (1) Pour 3 € maximum/mois, l’offre spécifique comprend un certain nombre de services, dont : carte de paiement à autorisati­on systématiq­ue, 2 chèques de banque par mois, abonnement à un système d’alerte sur la situation du compte par sms, frais d’incident limités, ...

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