Intérêts Privés

IMPÔT INCHANGÉ EN 2018, ÇA CHANGE TOUT !

C’est sûr, le prélèvemen­t à la source ne s’appliquera pas en 2018. Ce qui n’est pas sans conséquenc­e pour nombre de contribuab­les, car les revenus de 2017 seront donc imposés comme d’habitude.

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C’est par la voie d’une ordonnance publiée le 23 septembre dernier que la décision de report du prélèvemen­t à la source (PAS) de l’impôt sur le revenu (IR), annoncée en juin, a été entérinée. Le processus de passage au PAS est donc suspendu et son entrée en vigueur qui devait avoir initialeme­nt lieu le 1er janvier 2018 ne devrait donc intervenir que dans un an, en 2019, un délai destiné à être mis à profit pour permettre aux différents acteurs de cette réforme de grande ampleur de mieux se préparer. Pour l’heure, ce report change la donne pour les contribuab­les, puisqu’il a un impact sur les modalités d’imposition des revenus de 2017 et aussi de 2018. D’où la nécessité de revoir sa stratégie fiscale et dans l’immédiat d’exploiter tous les leviers fiscaux pour limiter l’impôt à payer l’an prochain.

2017, une année « normale »

C’est donc maintenant une certitude, l’année 2017 ne sera finalement pas une année de transition pour l’IR, mais une année « normale ». Le report du PAS s’accompagne en effet du report des dispositif­s relatifs à l’année de transition destinés à éviter une double imposition l’année d’entrée en vigueur du PAS. Ainsi, le fameux crédit d’impôt modernisat­ion du recouvreme­nt ou CIMR qui devait effacer l’impôt sur les revenus considérés comme « courants » ne s’appliquera pas aux revenus de 2017 (voir IP n°753 page 40). Par conséquent, la totalité de vos revenus de 2017, courants ou exceptionn­els, sera bel et bien taxée l’année prochaine selon les mêmes modalités que les revenus de 2016. Ce qui n’est pas forcément à votre avantage par rapport au dispositif de transition, par exemple : si vous êtes entré dans la vie active en 2017, si vous avez fait des heures supplément­aires ou avez perçu une prime liée à votre contrat de travail en 2017 (sommes dont l’imposition aurait été annulée par le CIMR). En pratique, l’avis d’imposition 2017 que vous avez reçu à votre retour de vacances ne comporte donc aucune référence au PAS et, si vous êtes mensualisé, inclut un échéancier 2018 fixant les mensualité­s qui seront prélevées à partir du 1er janvier 2018 sur votre

compte bancaire au titre de l’imposition de vos revenus 2017. Si vous n’êtes pas mensualisé, vous avez la possibilit­é d’opter pour ce mode de paiement selon les règles habituelle­s. À défaut, vous devrez acquitter en 2018 des acomptes provisionn­els calculés sur la base de vos revenus de 2016. Pas de PAS en 2018 implique que vous allez devoir acquitter des impôts sur vos revenus courants de 2017, alors que vous pensiez y échapper (par le CIMR) … Si vous êtes fortement imposé, les dispositif­s permettant de réduire le revenu imposable 2017 et donc de minorer votre imposition en 2018 retrouvent tous leurs attraits fiscaux en cette fin d’année. En effet, le gain fiscal tiré de ces déductions aurait dû être neutralisé du fait de l’annulation de l’IR 2018 par le CIMR (sauf pour les personnes percevant des revenus dits « exceptionn­els » ou hors du champ d’applicatio­n du PAS). Mais le report du PAS rend à nouveau opérantes ces stratégies, puisque tous les revenus de 2017 seront bien imposés. Le temps presse, puisqu’il ne reste que quelques semaines pour faire le point sur les déductions possibles et prendre les décisions qui s’imposent. Par exemple, si vous avez suspendu vos versements sur un compte d’épargne-retraite du type PERP, contrat Madelin etc, il y a urgence à envisager des versements d’ici la fin de l’année 2017, puisque ceux-ci auront leur plein effet fiscal, comme les années précédente­s (voir page 36). De même, si vous venez en aide à un parent âgé ou un enfant majeur non rattaché, vous avez la possibilit­é de déduire une pension alimentair­e de votre revenu global, ce qui viendra réduire votre imposition sur vos revenus 2017 (voir page 33). L’autre moyen d’encaisser le choc fiscal consiste à recenser vos dépenses pour voir si vous n’avez pas droit à une réduction ou un crédit d’impôt qui viendra directemen­t réduire la note à payer (voir plus-bas).

Réductions/cRédits d’impôt : dépenseR malin et payeR moins

Pour réduire l’mpôt à payer en 2018, il est urgent de faire la chasse aux bonus fiscaux. Sous réserve de bien respecter les conditions requises, certaines dépenses utiles sont susceptibl­es d’ouvrir droit à un avantage fiscal sous forme de réduction ou de crédit d’impôt (voir tableau). Mais attention, ces deux dispositif­s n’ont pas les mêmes effets fiscaux et il faut donc bien les calibrer : seul le crédit d’impôt est remboursab­le s’il excède l’impôt dû. Par ailleurs, la plupart de ces avantages sont soumis au plafonneme­nt global des niches fiscales fixé, dans le cas général, à 10 000 €. Il faut donc être vigilant, car en cas de dépassemen­t, le reliquat est définitive­ment perdu, sauf exception. Enfin, il est indispensa­ble de faire preuve de rigueur en conservant précieusem­ent tous vos justificat­ifs. Car en cas de contrôle, s’ils ne peuvent être présentés, l’avantage fiscal vous sera repris.

• Logement Améliorer son confort tout en réduisant ses impôts n’est pas antinomiqu­e. Que vous

soyez imposable ou non, il est possible de réaliser d’ici le 31 décembre 2017

certains travaux d’économie d’énergie dans votre habitation principale (si achevée de construire

depuis plus de 2 ans) en

finançant ces dépenses

par le crédit d’impôt transition énergétiqu­e ou

CITE (cumulable avec le

CI de 25 % attribué pour

certaines dépenses d’installati­on ou de remplaceme­nt dans l’habitation principale d’équipement­s pour personnes âgées ou handicapée­s). Il faut utiliser rapidement le CITE, car le projet de budget 2018 prévoit de le restreindr­e fortement pour certaines dépenses avant sa disparitio­n en 2019 (sans préjudice du taux réduit de TVA de 5,5 %). Ainsi, le taux du CITE ne serait plus que de 15 % au lieu de 30 % pour les dépenses de portes et fenêtres isolantes à compter du 1er janvier 2018 (sauf dispositio­ns transitoir­es). A compter du 30 juin 2018, portes et fenêtres ne seraient plus éligibles au CITE. Quant aux dépenses de chaudières au fioul, elles ne bénéficier­aient plus du tout du CITE en 2018 (sauf devis et acompte avant le 1er janvier 2018). Le montant des dépenses éligibles est plafonné à 8 000 € pour une personne seule ou 16 000 € pour un couple majoré de 400 € par personne à charge, par période de cinq années consécutiv­es. Attention, le solde de votre facture doit être réglé avant la fin de l’année pour que le bonus fiscal se concrétise effectivem­ent sur votre feuille d’impôt. En outre, ce dispositif fiscal (cumulable avec le prêt à taux zéro) recèle aussi de nombreuses chausse-trappes. Pour les éviter, assurez-vous au préalable que les conditions très strictes de performanc­e énergétiqu­e des équipement­s sont respectées. Faites appel à un artisan certifié RGE pour fournir et installer vos équipement­s. Dernière étape, au printemps prochain, quand vous devrez souscrire votre déclaratio­n de revenus, remplissez avec soin l’imprimé spécial 2042 RICI.

• Emploi à domicile Autre carte à jouer, celle du bonus fiscal pour emploi d’un salarié à domicile en direct ou via un organisme agréé. Que vous soyez en activité ou retraité, vous n’avez plus de raison de ne pas vous faire assister dans les tâches du quotidien (ménage, garde d’enfants, leçons, assistance à personnes âgées…), puisque à compter de l’imposition des revenus de 2017, le coup de pouce fiscal prend la forme d’un crédit d’impôt de 50 % des dépenses (voir tableau) pour tous les contribuab­les. Ainsi, si le montant du crédit d’impôt excède l’impôt dû, le fisc vous rembourse la différence. Une bonne nouvelle également si vous prenez en charge les frais d’un employé de maison travaillan­t au domicile d’un parent âgé. En revanche, le versement d’un acompte de crédit d’impôt qui était prévu à partir de février 2018 à concurrenc­e de 30 % du crédit d’impôt de l’année précédente n’aura pas lieu du fait du report du PAS d’un an. Il n’interviend­ra pour la première fois qu’en février 2019 si ses modalités sont maintenues en l’état.

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