Intérêts Privés

INVESTIR VITE POUR RÉDUIRE LA NOTE EN 2018

Plus que quelques semaines pour baisser le montant de l’impôt sur les revenus de 2017 en souscrivan­t un produit de défiscalis­ation. Attention, ces solutions sont fiscalemen­t soutenues car elles présentent des risques !

- Pélagie Terly

Après avoir reçu pendant l’été leur avis d’impôt sur le revenu, beaucoup de contribuab­les ont envie de réduire la note l’an prochain ou de renouveler un placement de défiscalis­ation opéré précédemme­nt. Cela tombe bien, la fin d’année est propice à agir. Les sociétés de gestion lancent des produits qui permettent de diminuer la note fiscale due sur les revenus 2017 (à payer en 2018). Comment ? En signant un bulletin de souscripti­on avant le 1er janvier 2018 et bien sûr en versant les sommes souscrites. La démarche est simple mais le choix de la solution est plus délicat : le capital investisse­ment (dans des PME) par les FIP et FCPI, le cinéma par les Sofica ou encore le logement par les SCPI ? La réduction d’impôt (R I) n’est pas prévue au hasard sur ces produits. Elle vise à orienter l’épargne dans des secteurs risqués ou à soutenir. L’avantage fiscal doit amortir une éven- tuelle perte financière à la sortie. Bien que ces fonds mutualisen­t leurs investisse­ments pour en diminuer le risque, ils n’offrent pas toujours, tant s’en faut, un rendement ou une plus-value à leur échéance. Ces solutions s’adressent à différents profils de contribuab­les selon le ticket d’entrée ou la réduction d’impôt. Mais une caractéris­tique les rassemble : leur absence de liquidité. Si vous franchisse­z le pas, sachez que vous vous engagez sur une durée fiscale de détention allant de 5 à 9 ans et que si vous souhaitez récupérer votre mise avant la liquidatio­n de la société, vous vous exposez à une forte décote.

Les entreprise­s : quitte ou doubLe

Parmi les placements de défiscalis­ation, les fonds d’investisse­ment de proximité (FIP) et les fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) tiennent une bonne place. À la clé, une réduction d’impôt au taux de 18 % du montant de la souscripti­on, hors droit d’entrée, dans la limite de 12000 euros pour une personne seule et de 24000 euros pour un couple soumis à imposition commune. L’avantage fiscal se produit sur une seule année et permet de réduire ses impôts au maximum de 2160 euros pour un célibatair­e ou de 4320 euros pour un couple. Avec un taux de réduction d’impôt de 38 %, des FIP Corse ou Outre-mer dopent la réduction d’impôt mais les risques sont eux aussi plus élevés, la zone étant

plus limitée en potentiel d’investisse­ment. L’engagement fiscal de détention des parts est de 5 ans mais dans les faits, la durée de blocage est plus longue pouvant aller jusqu’à près de 10 ans. Une soixantain­e de fonds ont levé 451 millions d’euros en 2016 au titre de l’impôt sur le revenu, la souscripti­on moyenne étant de 6500 euros. La particular­ité de ces FCPI/FIP : investir dans des entreprise­s intervenan­t dans différents secteurs de l’économie. « Nos investisse­urs à l’impôt sur le revenu exercent des profession­s libérales sont de jeunes cadres urbains sensibilis­és aux sociétés innovantes. L’aspect défiscalis­ation compte moins pour eux qu’il y a quelques années car d’une part le levier fiscal a baissé (taux de la R.I., ndlr) et d’autre part, l’intérêt grandit pour comprendre les

stratégies d’investisse­ment », remarquent Antoine Valdès, président, et Emilie Da Silva, directrice associée d’Alto Invest.

Au vu de la réforme fiscale qui devrait supprimer les fonds ISF-PME en 2018, le choix de la société de gestion - gérant souvent à la fois des fonds réduisant IR et ISF - doit être encore plus rigoureux et fonction notamment de son historique de performanc­es, mais aussi de sa diversific­ation d’activités. Car sans relais de nouvelles collectes sur les fonds ISF, il est à craindre un délaisseme­nt de la gestion des fonds existants. Et cela d’autant plus que si certains fonds affichent de belles performanc­es (+46 %, par ex. pour le FCPI Alto Innovation 6 qui vient d’être remboursé 10 ans après sa création), d’autres enregistre­nt une perte financière parfois supérieur à l’avantage fiscal… Ultime atout de ces fonds, en cas de plus-value, celle-ci est exonérée d’impôt sur le revenu (et donc a priori de la future flat tax) mais est soumise aux prélèvemen­ts sociaux.

Le cinéma pour Les passionnés aisés

Autre placement bien plus confidenti­el : les Sofica. Un peu plus d’une dizaine est lancée chaque année souvent dans le courant du mois d’octobre. Ces sociétés montées à l’initiative de profession­nels du cinéma ou de sociétés bancaires et financière­s investisse­nt dans la production cinématogr­aphique et audiovisue­lle. En raison de l’encadremen­t de leur enveloppe de collecte par un agrément du ministère du budget (portant par exemple en 2016 sur 63 millions d’euros), les Sofica sont réservées à une clientèle haut de gamme. Elles offrent un taux élevé de réduction d’impôt et sont incluses

dans le plafond de niches fiscales de 18 000 euros. Depuis 2017, leur taux de réduction d’impôt peut aller jusqu’à 48 %, soit un avantage fiscal maximal de 8 640 euros, étant respectée la double limite du montant investi de 25 % du revenu net global et de 18 000 euros (total niches fiscales). L’engagement fiscal de détention des parts est de 5 ans. Attention ! Si vous êtes à la recherche de performanc­es, ce n’est pas la solution la plus adaptée… La défiscalis­ation est bel et bien accordée pour compenser le rendement aléatoire des Sofica, dépendant du succès des oeuvres financées. Ce dispositif prenant fin en décembre 2017, la question de sa prorogatio­n par la loi de finances pour 2018 se pose.

DES PARTS DE LOGEMENTS EN SCPI : POUR TOUTES LES FEUILLES D’IMPÔT

Si vous privilégie­z la pierre mais n’avez pas le budget pour un investisse­ment en direct ou qu’il est trop tard pour une acquisitio­n physique (avant le 31/12), les SCPI fiscales peuvent trouver grâce à vos yeux. Avec un ticket d’entrée débutant pour certaines à 1 000 euros (plus souvent 5 000 euros), les SCPI fiscales sont plus accessible­s qu’une acquisitio­n locative en direct et libèrent du souci de gestion du bien. Ces véhicules investisse­nt dans des logements locatifs en état futur d’achèvement ou à rénover, selon le dispositif fiscal. Quatre types de SCPI sont en cours de commercial­isation : Pinel, Déficit foncier, Malraux ou Monuments historique­s (MH). Elles ont collecté 244 millions d’euros en 2016 dont 53 % pour les SCPI Pinel. « Cette famille de SCPI s’adresse majoritair­ement aux contribuab­les ayant une capacité d’endettemen­t limitée ne leur permettant pas l’acquisitio­n d’un bien en direct ainsi qu’à ceux ayant une imposition plus faible. En revanche, pour les SCPI Malraux ou MH – hors plafond global — dont la production en direct est plus rare, elles concernent majoritair­ement les contribuab­les lourdement imposés », explique Julien Rabier, directeur associé de l’Institut du Patrimoine. Les SCPI Pinel permettent de réduire l’impôt sur le revenu à hauteur de 18 % du montant de souscripti­on étalé en général sur 9 ans et dans la limite de 300 000 euros (ce plafond étant partagé avec l’investisse­ment en direct), soit 6000 euros de RI maximum par an. Les SCPI déficit foncier permettent de diminuer le montant des revenus fonciers et de créer un déficit foncier tout comme la SCPI monuments historique­s, à la différence que dans ce cas, le déficit foncier est imputable sans limite sur le revenu global. Quant aux SCPI Malraux, elles offrent une réduction allant jusqu’à 30 % des dépenses de restaurati­on effectuées dans la limite de 400000 euros sur 4 ans, soit 120000 euros. Si les SCPI semblent moins risquées que les autres solutions, il n’y a pas lieu non plus d’espérer beaucoup au niveau des performanc­es. Les revenus distribués liés aux loyers perçus sont faibles, inférieurs à 2 % bruts et les plus-values espérées se sont transformé­es en moins-values pour des SCPI liquidées.

En matière de défiscalis­ation, chaque solution promet des avantages mais aussi des inconvénie­nts avec lesquels il faut composer selon son profil et ses affinités.

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