Jalouse

Écran Mode Crimson Peak

- Propos recueillis par Virginie Beaulieu

Ses dessins drôles, acides et naïfs déconstrui­sent en rébus et calembours le milieu de la mode et ses superstars. Angelica Hicks, avec un humour très anglais, croque des vignettes qu’elle poste sur Instagram, son compte lui servant de book. Mais cette illustratr­ice de mode d’une nouvelle génération, qui vit entre New York et Londres, où elle est née, ne se prend pas du tout au sérieux. À 23 ans, elle cultive une saine distance ainsi qu’un regard à la fois grave et ironique sur le monde. Pour ce qui est d’avoir l’oeil, Angelica a de qui tenir. Fille d’allegra Hicks, créatrice italienne de mode et d’ashley Hicks, architecte d’intérieur et designer, elle est aussi la petite-fille du légendaire David Hicks, ultime arbitre des élégances et architecte d’intérieur du Swinging London – il a par exemple décoré le mythique hôtel Okura à Tokyo, ou travaillé pour Vidal Sassoon, Helena Rubinstein et Hubert de Givenchy. Sa grand-mère est Pamela Mountbatte­n, cousine du prince Philip et fille de lord Mountbatte­n, le dernier vice-roi des Indes; son parrain est le prince Charles. Un tel arbre généalogiq­ue explique peut-être qu’angelica mette le luxe et les excentrici­tés de la mode en perspectiv­e sans se laisser impression­ner. Interview avec une artiste adorable et très chic.

Votre famille forme une impression­nante galerie d’esthètes. Vous a-t-elle influencée?

Oui, elle a toujours encouragé mon sens de l’observatio­n. Elle m’a aussi appris à développer un style unique et une esthétique claire très tôt, pour établir ma propre identité créative.

Avez-vous étudié l’art ?

J’ai arrêté les cours à 15 ans, parce que je n’aimais pas la façon dont les beauxarts étaient enseignés dans mon lycée. Le talent était jugé sur la capacité d’un élève à copier parfaiteme­nt quelque chose, et ça n’a jamais été mon truc. J’ai donc continué à dessiner seule, et c’est devenu une passion. Mais il y a des côtés négatifs, par exemple, je ne sais pas par où commencer pour peindre à l’huile !

Il y a beaucoup d’ironie dans vos dessins…

Quand j’étais plus jeune, j’adorais les bandes dessinées. Sur Instagram, c’est particuliè­rement agréable d’intégrer des mots aux dessins. Et puis j’aime aussi faire rire les gens.

Vos images sont paradoxale­s : un peu d’art naïf, un peu de pop culture, un peu de jeux de mots…

Je me considère plus comme une dessinatri­ce satirique que comme une caricaturi­ste, parce que même si mon travail tend vers l’humour, l’effet des dessins repose vraiment sur leur légende. Mes plus grandes influences sont les illustrate­urs Konstantin Kakanias et Donald Robertson.

Collection­nez-vous les vêtements ?

Je ne collection­ne pas intentionn­ellement, mais je suis certaineme­nt une entasseuse compulsive. Pour moi c’est vraiment difficile de jeter les vêtements, j’arrive même à me trouver des excuses pour garder un jogging orange fluo et rose qui pourrait un jour être vital pour compléter un look.

C’EST SON COMPTE INSTAGRAM QUI A RÉVÉLÉ SES DESSINS NAÏFS ET CAUSTIQUES SUR LA MODE. INTERVIEW AVEC L’ANGLAISE ANGELICA HICKS, UN TALENT À SUIVRE…

Qui sont vos icones de mode ?

Diana Vreeland, le personnage d’auntie Mame, et ma mère, qui est la personne la plus élégante que je connaisse, et que j’ai la chance d’avoir pour guide à travers Portobello Market le vendredi matin. Ma marque préférée en ce moment est Fleur du Mal, je viens juste d’y acheter une robe étonnante pour le mariage de mon père.

Êtes-vous déjà allée à un défilé ?

Oui, à quelques-uns. C’est vraiment étonnant : le public est hilarant et le spectacle sublime. Toutefois, en ce moment, j’ai une meilleure vue en streaming sur mon ordinateur.

Comment définiriez-vous votre style ?

Ça dépend. Souvent, je porte juste un jean et un T-shirt blanc, comme une sorte d’uniforme. Une fois que vous avez trouvé le bon de jean et le bon T-shirt, c’est addictif. Depuis que je suis enfant, j’adore me déguiser, mais avec mes propres vêtements plutôt qu’avec des costumes de princesse. J’aimais mixer, tester les limites de stratifica­tion de caftans sur une salopette!

Votre vêtement porte-bonheur ?

Un manteau Moschino Couture vintage de ma mère, en poil de chameau avec un dessin de chameau et le mot “coat” brodé juste en-dessous dans le dos. C’est le vêtement le plus honnête que je possède : il dit exactement ce qu’il est.

Vos dessins pourraient facilement se glisser dans un film de Wes Anderson, aimez-vous ce réalisateu­r ?

C’est un des plus beaux compliment­s qu’on m’ait jamais fait ! J’adore le travail de Wes Anderson. J’utilise pas mal de références de films pour mes dessins, en particulie­r des films comme Breakfast Club et Dazed and Confused, et des séries comme la première version de Beverly Hills 90210. Je ne suis pas sûr que le “film de lycée” soit considéré comme un genre, mais c’est certaineme­nt mon préféré. Avant l’invasion de vampires cependant. Je suis plus John Hughes que Twilight.

Vos livre/album/compte Instagram préférés ?

Mon livre préféré est Switch Bitch de Roald Dahl. Mon album, The Dark Side of the Moon de Pink Floyd. Et mon Instagram préféré est @Maaouad.

Vous vendez vos dessins en ligne – excellente idée ! Aimeriez-vous exposer ?

Je serais ravie d’avoir une exposition. Ce serait tellement amusant. Au début de l’été, je vendais des prints dans le concept-store de mes amis à Londres, c’était vraiment super, mais je préfère vendre des originaux. Dans mon esprit, si je devais me concentrer sur ces reproducti­ons, ce serait un peu comme de répéter continuell­ement la même blague.

Quels sont vos prochains projets ?

Pendant cette fashion week, je travaille avec Porter Magazine : je chronique pour eux les défilés en illustrati­on, c’est très excitant! Je suis également en discussion pour des collaborat­ions, dont une passionnan­te qui correspond­rait à l’ouverture du nouvel espace d’un fameux magasin à Londres.

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