La vie en rose
Le rose cache bien son jeu. Honni et adoré, c'est la couleur de l'ambivalence : une teinte rassurante, qui fait du bien, qu'on croit connaître mais qui dévoile peu à peu sa force. Bien sûr, il y a les premières impressions. Celle de l'enfance pour les filles, Barbie et la barbe à papa, la couleur des caprices de la reine de l'eau de rose, Barbara Cartland, ou de Marie-antoinette, surtout quand elle est revisitée par Sofia Coppola. Mais au-delà de ces pink-addicts basiques se trouve un rose plus violent, plus licencieux : le shocking pink de Schiaparelli, celui de l'excentricité, le rose poussière du chapeau de Lady Gaga sur son dernier album, Joanne, brandi comme un étendard, le rose de l'érotisme, le rose décalé de Wes Anderson, qui a inspiré notre tour du monde du rose, le ruban rose de la lutte contre le cancer du sein, contre l'homophobie, le rose que s'est réapproprié le féminisme, détourné de son usage marketing comme le montrent les installations de l'artiste américaine Portia Munson. Ce rose militant n'interdit pas le rêve : le rose est la couleur par excellence de la comédie musicale – de retour en janvier avec La La Land, un moment de pure nostalgie avec Emma Stone et Ryan Gosling. Comme le chantait Kay Thompson en rédactrice de mode extravagante dans Funny Face : “Think Pink !”