Jalouse

Baby Doll 2020

Les créateurs craquent de nouveau pour le look poupée faussement sage, avec force nuisettes, robes trapèzes et talons carrés. Un petit vent sixties souffle sur les podiums.

- Par Laure Ambroise

Lors des défilés printemps-été 2020, les créateurs se sont emballés pour la Baby Doll. Sauf qu’ils ont sorti la poupée sucrée de son emballage sage et l’ont un peu bousculée. La Baby Doll 2020 joue la carte de la transparen­ce et fait preuve de confiance en elle. Elle est sensuelle en dentelle rose fluo chez Gucci, virginale chez Loewe, engagée chez Marine Serre et portée sous un tailleur pantalon chez Jacquemus. La robe trapèze s’impose, elle, en couleurs dragées chez Paul & Joe, en tulle couture chez Giambattis­ta Valli et, bien évidement, chez Miu Miu qui lui voue un culte et lui donne la part belle dans chacune de ses collection­s (collection prefall 2020). Le tulle punk régressif de Molly Goddard se veut romantique, décliné dans une collection de jupes tout en volume et légèreté. Le col rond de Louis Vuitton se la joue Belle Époque. Les babies double bride et talon carré devient la signature de la nouvelle marque de chaussures Nodaleto. Et si la Baby Doll est plus Doll que Baby, alors la crinoline s’impose, fantasmée chez Balenciaga par Demna Gvasalia qui imagine cinq robes de bal oversized, tantôt dark minimal tantôt poupée princesse version papier de bonbon plissé doré ou argenté pour la fin de son défilé.

Si l’on remonte dans le temps, le style Baby Doll, très en vogue dans les années 60, a mis fin aux robes trop longues, corsets trop serrés et tailles trop étriquées. La fluidité des matières a libéré les corps… ainsi que l’imaginaire érotique, jusqu’à s’incarner dans un film écrit d’après une pièce de Tennessee Williams et tourné par Elia Kazan en 1956 sous le titre de Baby Doll (La Poupée de chair en VF), interprété­e par la troublante Carrol Baker, alors âgée de 19 ans.

La Baby Doll de l’époque jouait la carte de la femme enfant, voire de la femme objet un peu sulfureuse, vêtue de nuisettes (Cristobal Balenciaga en signera la version couture baptisée Robe de poupée en 1958), portant des jupes ou robes trapèzes au-dessus du genou, cols rond et babies. L’actrice Mia Farrow, héroïne du terrifiant Rosemary’s Baby à l’inoubliabl­e coupe de cheveux et aux robes de petite fille sage, en est un parfait exemple.

Puis, les années 70 imposeront le pantalon flare taille haute, les cols pelles à tarte, la jupe midi, le sous-pull moulant, et mettront fin au règne de la mode Baby Doll pendant des décennies… jusqu’à cette saison où la femme enfant revient dans les collection­s. Sacré revival pour le style petite poupée. Reste à savoir qui va l’adopter !

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