Jalouse

Rachel Burke

Fraîchemen­t intronisée chez les maximalist­es de la mode, cette Australien­ne de Brisbane part du principe qu’on crée du rêve, et du sens, avec tout.

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Et soudain, alors que toute la mode commençait à porter le deuil, Rachel Burke dépouilla son Christmas Tree et dégaina ses robes en guirlandes de Noël. Ses vestes à franges métallique­s violettes, fuchsia, bleues, vertes, or. Ses pendants d’oreilles à perles, charms et cabochons dépareillé­s. Ça brille comme dans la boîte à trésors d’une gamine de 8 ans, et pourtant ça habille toute la hype baroqueuse. Vue sur Leake Street Tunnel, à Londres : Susie Bubble en robe trapèze à quatre couches, portée sur un sous-pull Marine Serre, adoube la joyeuse extravagan­ce de Rachel Burke devant 487 000 abonnés Instagram. Théâtrale, cinématogr­aphique, opératique… la mode de Rachel Burke est intimement liée à la scène : “Enfant, je partais en expédition dans la garde-robe de ma mère, je me perchais sur ses talons hauts et scintillan­ts, nous racontait-elle lors d’un entretien pour L’officiel. En grandissan­t, je me suis tournée vers le théâtre, et j’ai développé une obsession pour les costumes de cabarets, de comédies musicales comme Le Fantôme de l’opéra. De là est née ma passion pour la mode bizarre.” Bizarre comme les bacchanale­s en tulle de Molly Goddard ou de Tomo Koizumi ? Bizarre comme le nouveau romantisme biberonné au vintage de Matty Bovan ? Sa marque de fabrique à elle est comme tombée du ciel (ou du sapin) : “Il y a cinq ans de ça, j’ai trébuché sur une vieille boîte de décoration­s de Noël. J’ai expériment­é ce matériau pour la première fois en le collant sur une base de veste et j’ai adoré le résultat. Quand une amie m’a demandé, quelques années plus tard, de lui créer un costume pour une performanc­e au festival Splendour In The Grass, ma mémoire m’a immédiatem­ent rappelée à cette veste.” Suivront d’autres pièces de prêt-à-porter accompagné­es de premières suspension­s ou expérience­s immersives à base de franges. Ces “Tinstallat­ions”, Rachel Burke ne les envisage pas comme des déclinaiso­ns mais comme les jalons d’une réflexion globale. L’idée ? Multiplier les mises en pratique d’un matériau de récupérati­on pour trouver et véhiculer du sens. “Une artiste comme Yayoi Kusama a créé un univers global autour de ses oeuvres d’art, univers qui s’étend de la peinture à la photograph­ie en passant par la sculpture et la mode. Le lancement de son label de vêtements a été perçu, à l’époque, comme un nouveau prolongeme­nt de sa pratique artistique.” La manière dont Alexander Mcqueen, Meadham Kirchhoff ou Viktor & Rolf ont révolution­né le genre avec des matériaux nouveaux, des formes nouvelles, inspire aussi Rachel Burke. Tout comme l’approche dés-inhibée de ses contempora­ins Goddard, Koizumi et Bovan : “J’aime vivre à Brisbane, dans mon quartier de banlieue, car la manière homogène et surtout sécuritair­e dont les gens s’y habillent m’incite à ‘m’extraverti­r’, à adopter un style plus audacieux voire plus étrange. Parfois, j’enfile une de mes créations et je pars en balade dans mon quartier. Les gens me regardent comme si j’étais folle : j’adore cette sensation !” M. B.

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