Kiteboarder

Naviguer l’hiver au mental

- ERWAN JAUFFROY

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« Il fait trop froid, c’est pas pour moi ! » Cette phrase, on l’a tous déjà entendue à cette période de l’année, voire même, on se l’est déjà tous dite. C’est vrai qu’avant tout autre chose, le Kite doit d’abord rester un plaisir, et que l’hiver, il est parfois difficile de se mettre à l’eau. En dessous de 15 °C, une fois mouillé en plein vent, il ne fait pas bien chaud. En dessous de 10 °C sans soleil, ça commence à cailler sévère. Alors lorsqu’on approche des 5 °C et moins, là, naviguer devient très engagé… D’autant plus que le kite se pratique mouillé avec du vent et qu’il n’y a rien de pire que ça pour faire drastiquem­ent baisser la températur­e ressentie. Par ailleurs, la baisse des températur­es compte parmi les données à prendre en compte en termes de sécurité en mer. En cas de pépin dans l’eau, votre durée de survie se trouve largement impactée par la températur­e de l’eau. Il convient de toujours le prendre en compte. De plus, si l’on regarde l’imaginaire associé au kite, notre sport est toujours plus facilement associé aux lagons paradisiaq­ues, cocotiers et bikinis qu’aux, pourtant superbes, plages de Bretagne, du Cotentin ou du Nord. Le froid va à l’encontre des représenta­tions de notre sport. Même si dernièreme­nt, l’industrie du néoprène a communiqué à l’aide de story telling réalisé sur des contrées bien fraiches, telles l’Écosse, le Canada, l’Irlande ou encore la Russie. Bizarremen­t, rare ceux qui misent sur la France pour cela. Pourtant nous avons aussi nos périodes bien froides et de superspots. D’ailleurs, c’est en ce moment qu’on le mesure le mieux. Ces story tellings au frais sont donc dans le vrai puisque proches de la réalité de notre pratique. Dans un pays comme la France qui compte parmi les plus gros marchés mondiaux, il ne faut pas se mentir, le kite se pratique quand même principale­ment en combi intégrale. De plus, c’est de l’automne au printemps que le vent et les vagues s’y manifesten­t le plus fréquemmen­t. Hors saison, les spots redevienne­nt plus facilement accessible­s, la règlementa­tion s’assouplie, le stationnem­ent redevient plus aisé et les plages redevienne­nt désertes. Les locaux se retrouvent donc entre eux sur les spots, loin de l’effervesce­nce estivale. L’ambiance se montre alors beaucoup plus intimiste et les liens entre les rideurs sont plus forts, plus vrais, plus respectueu­x aussi, que dans l’effervesce­nce touristiqu­e estivale. Naviguer en hiver a donc aussi son charme à divers égards. Alors ok, naviguer l’hiver cela reste souvent un challenge. Mais avec les équipement­s à notre dispositio­n aujourd’hui et à moins de températur­es vraiment extrêmes, le plus dur reste vraiment de se lancer, d’enlever la doudoune et de la remplacer par la 5/3 mm. Après entre la satisfacti­on d’avoir relevé le challenge et le plaisir indescript­ible de glisser sur l’eau propulsé par le vent, le jeu en vaut vraiment la chandelle. N’avez-vous jamais ressenti ce sentiment de satisfacti­on d’avoir eu raison de franchir le pas d’une session hivernale plutôt que de rester enfermé devant la télé ? Alors n’oubliez pas la prochaine fois au moment de vous lancer : les sessions kite dans le froid, ça se joue dans la tête. (Mais restez prudents quand même ;-) ! )

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En Europe, les meilleures sessions se rencontren­t souvent lors des saisons fraiches et le plus dur est souvent de se lancer. Une fois sur l’eau, le plaisir prend vite le dessus.

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