L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
Une épave d’avion retrouvée dans une pâture
Encore un avion tombé dans une pâture, le 7 janvier 1944 au soir. Le moteur a été sorti de terre le 31 décembre à Toeufles. Pierre Ben, passionné, recherche des témoins pour situer un autre appareil tombé en même temps.
Il y avait à Behen, à la fin de la guerre, derrière le château, un des 72 sites de lancement de V1 vers l’angleterre. Les Alliés ont effectué de nombreux raids pour les détruire un à un. Ce 7 janvier 1944, de 15 à 17 heures, précisent les rapports anglais, 24 avions chasseurs-bombardiers de type Typhoon, deux fois plus lourds que les Spitfire et capables d’emporter 500 kilos de bombes, partent de Westhampnett, au Royaume-uni, pour attaquer le site de Behen.
Le pilote n’a pas survécu
La suite, Pierre Ben, un agriculteur de Warloy-baillon, près d’albert, passionné par la recherche des anciens appareils, la raconte : « Après avoir largué leurs bombes deux des Typhoon sont entrés en collision, le premier, le Typhoon, immatriculé JP 600 s’est crashé à Toeuffles. Le pilote, John Frederick Cobbett a sauté mais son parachute s’est mis en torche et il est décédé. Il est enterré à Abbeville. Le second Typhoon, JR 373, piloté par R.V. Smith s’est crashé à proximité. Son pilote a survécu : il a été fait prisonnier immédiatement par les Allemands à Behen. » Grâce aux associations du souvenir britanniques, il a même retrouvé une photo de John Frederick Cobbett.
Pierre Ben voudrait trouver où est tombé le deuxième appareil, après la collision.
Il recherche des témoignages. « Il faudrait une personne d’environ 90 ans qui aurait entendu parler ou vu un avion tomber dans le secteur entre Behen et Toeufles, ce jour-là, le 7 janvier 1944. »
« On lui avait raconté »
C’est d’ailleurs par un témoignage que le premier appareil a été retrouvé : « Une dame, la fille du propriétaire aujourd’hui décédé, a dit qu’elle savait, on lui avait raconté que dans ce coin d’une pâture, un avion était tombé. » Alain Obée, qui partage la passion de Pierre Ben cherchait alors des témoignages sur les dizaines de crashes ayant alors eu lieu autour d’abbeville…
Les recherches ont commencé le 28 décembre 2016. « On a creusé le 31 décembre et très vite, on a identifié l’avion. Par sa taille d’abord. Le Typhoon fait 6 tonnes, le Spitfire 3 tonnes. La structure est impressionnante, les tubes bien plus gros… On a tout de suite dit : c’est pas du Spit. Et le numéro de série est apparu sur une pièce : 600 JP », raconte Pierre Ben, joint par téléphone, le 18 janvier.
A partir de là, il sufisait de retrouver en archives les détails sur les escadrons 174 et 175 de la Royal Air Force, chargés de ce raid au-dessus du Vimeu.
« Sous terre depuis 73 ans »
Le moteur était enterré par 4 mètres de fond. « Depuis, on a commencé à le nettoyer, tout comme les autres pièces qui étaient au dessus. L’appareil est tombé en piqué. Dans ces cas-là, les ailes n’entrent pas dans le sol. Tous les débris sont au dessus du moteur. On les identifie en envoyant si nécessaire des photos à deux associations spécialisées, une néo-zélandaise et une canadienne. On a la roulette de train arrière, un tube de fixation d’aile. Le moteur, un gros 24 cylindres en H, très lourd, a été nettoyé de la terre qui le recouvrait mais pas encore sablé. Tout cela a passé 73 ans sous terre ! »
Il reste deux avions Hawkertyphoon dans des musées. Pierre Ben espère que quelqu’un aura vu les deux appareils qui se sont percutés à Toeufles en a parlé. Aujourd’hui, une personne qui a eu 10 ans en 1944 aurait 83 ans. Il compte donc sur les souvenirs des enfants…