L'Action Républicaine

Michel s’est offert son propre village

A l’âge où certains se font plaisir en s’offrant une première voiture, un voyage, un appareil photo... lui s’est tout simplement acheté un village. Plus précisémen­t un hameau qu’il restaure depuis quarante-quatre ans.

- Laurent Rebours

L’oeuvre de sa vie, son plaisir, son sacerdoce aussi par bien des côtés tant les aléas se sont multipliés durant plus de quatre décennies. Le hameau Les Davières, sur la commune de Lamnay (Sarthe), à quelques encablures de La Ferté-Bernard et de Vibraye est le coeur de cette incroyable aventure de Michel Alteirac. Une aventure qui débute il y a quarante-quatre ans.

Découverte à la nuit tombante

Michel Alteirac a alors vingt-cinq ans. Des rêves plein la tête, une passion pour les vieilles pierres. Traducteur internatio­nal, il parcourt le monde et travaille notamment aux NationsUni­es à New-York. Un salaire confortabl­e lui permet de commencer à mettre des économies de côté. « Travailler en déplacemen­t, à l’étranger, permettait de bien gagner sa vie. J’ai pas mal été en Algérie notamment où, avec la nationalis­ation du secteur pétrolier, les ingénieurs anglais ne parlaient pas français, alors je traduisais. Je cherchais un endroit où m’installer, un endroit avec un cachet ». En ouvrant Le Monde, il tombe sur une annonce, à La Loupe (Eure-et-Loir), « une très jolie ruine ! » En poussant plus loin les investigat­ions, il se rapproche d’une agence immobilièr­e à Nogent-le-Rotrou, qui lui propose ce hameau à Lamnay.

Il ne restait que deux habitants

La visibilité n’est peut-être pas optimale mais ce qu’il voit le séduit aussitôt, un vrai coup de foudre. Tout simplement un hameau quasiaband­onné. « Il ne restait plus que deux habitants qui avaient certes l’électricit­é mais pour l’eau ils allaient à la fontaine ! » Pour 30000 F (4600 € environ) il se retrouve propriétai­re de trois bâtiments. Au fil des années il va racheter tous les autres, c’est-à-dire quatorze. Un vrai petit village. En quarante-quatre ans, il a quasiment tout refait, restauré, mis sa patte. Rien ne le rebute, jusqu’à casser lui-même les cailloux pour en faire de petits pavés qui vont agrémenter les allées.

Un mini-village

Autant que faire se peut, il préserve les maisons du XVe siècle, notamment tous les éléments qui en faisaient le charme. Deux fours à pain trônent ainsi en belle place, des lucarnes, des fenêtres avec double huisseries, etc. Chineur dans l’âme, il a décoré les lieux d’anciennes publicités en plaques émaillées. Et son « village » prend forme : boulangeri­e, salle des fêtes, jardin municipal, bar de pays… Un lieu idéal pour venir faire la fête dans un endroit décalé, les soixante couchages possible aidant ! Evidemment, les normes actuelles plutôt draconienn­es l’invitent à réaliser bien des transforma­tions pour l’accueil du public, ce qui a le don de l’exaspérer, « on traite un Sofitel dernière génération sur le même pied que ces maisons du XVe siècle ! » Alors, du coup, il aimerait vendre le site de huit hectares. Un endroit totalement atypique, décalé, qui irait à merveille pour un investisse­ur porteur d’un projet autour d’un patrimoine de pays et ayant soif d’authentici­té. Dans ce décor de cinéma on pourrait aussi presque y voir la possibilit­é d’un musée du patrimoine vivant accueillan­t à demeure des artisans à l’image de ce qui peut exister dans d’autres régions en France.

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Un site unique, authentiqu­e et atypique

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