L'Écho de l'Armor et de l'Argoat

Vague rose à Ploumagoar

Dimanche 8 octobre, Jennifer Derrien montera sur la scène de la Rose Espoir pour apporter son témoignage. L’occasion de rendre hommage à sa maman, Eveline Toinen, disparue en mars dernier après quinze années de lutte contre le cancer.

- Gaël ARCUSET

Du stress. Beaucoup d’émotion. Et sûrement quelques larmes. Dimanche 8 octobre au matin, Jennifer Derrien se retrouvera devant 6 000 femmes, tout de rose vêtues. Sur la scène de Ploumagoar, micro en main, elle parlera du combat de sa mère, de ces années de souffrance, mais délivrera « un message d’espoir et d’encouragem­ent ». Un moment fort, sans aucun doute. Sa maman, Eveline Toinen, a rendu son dernier souffle le 29 mars 2017 ; après avoir passé le quart de son existence à mener un rude combat contre le cancer. Elle avait 61 ans. « Je pense souvent à elle, témoigne Jennifer. Je lui ai promis et j’ai envie de me battre pour ça. »

Car de son vivant, Eveline Toinen n’a cessé de se mobiliser en faveur de la recherche sur le cancer, sur l’aide aux malades et à leurs proches. Le combat d’une vie… « Elle a participé aux quatre éditions de la Rose Espoir, appuie sa fille. Elle est montée deux fois sur scène pour témoigner. L’an dernier, elle a marché 4,5 km. C’était déjà très dur pour elle. Peu de temps avant, on avait appris qu’elle était condamnée. Mais elle se battait. Elle disait toujours : « Abandonner est un mot qui n’existe pas… » » Une phrase qui, aujourd’hui encore, résonne dans l’esprit de sa fille.

Sportive avertie, membre de Courir à Ploumagoar, Eveline Toinen était capable de boucler un semi-marathon en 1h45min. « C’était une grosse battante, lâche Jennifer. Une femme de caractère » à qui Jennifer veut rendre un vibrant hommage.

Une vie construite autour de la maladie

Agée de 29 ans, elle a connu davantage sa mère malade qu’en bonne santé. « Notre vie s’est construite autour de sa maladie, dit-elle sans détour. Elle a vécu jusqu’en 2009 à Grâces avant de déménager à Langueux pour se rapprocher des centres médicaux. Pour moi, il était hors de question que ma mère parte sans voir mes enfants. Par chance, elle a vu les deux. Pour mon mariage, c’est pareil. Je la voulais auprès de moi. Mais cela ne veut pas dire qu’on a mal vécu, bien au contraire ! Nous n’avons eu que des instants de bonheur. »

« Après son décès, les bénévoles de la Rose Espoir m’avaient demandé si je voulais témoigner, raconte celle qui a longtemps vécu à Grâces. J’ai réfléchi… Il fallait savoir si j’étais capable. J’avais toujours dit que je ne pourrai pas parler le jour de son enterremen­t, mais je l’ai fait. Alors, pour la Rose Espoir… Ma mère m’avait fait promettre de continuer à me battre pour le bien des malades. »

Ce que Jennifer fait avec la déterminat­ion chevillée au corps. « Quand ma mère est décédée, nous avons récolté près de 1400 euros de dons que nous avons reversés à différente­s associatio­ns, dont la Ligue contre le cancer. » Aujourd’hui, celle qui est aussi membre du bagad de Bourbriac continue le combat. Devant les quelque 6000 femmes présentes à la Rose Espoir, elle mettra en avant le réseau Oncarmor qui « aide les malades, mais aussi leurs proches » : « On ne parle pas souvent d’eux, mais moralement, ils subissent aussi la maladie. L’an dernier, on m’a découvert une tumeur au muscle abdominal. J’ai été aidée par Oncarmor. Aujourd’hui, je suis suivie régulièrem­ent. »

Pas un tabou

Ce qui a le plus marqué la Bretonne depuis plusieurs années ? « La réaction des gens, explique-t-elle. Quand ils se retrouvent face à une personne qui a un cancer, ils ne savent pas quoi dire. Il y a des préjugés qu’il faut combattre. Si certaines réflexions peuvent blesser, parler du cancer avec une personne malade ne doit pas être tabou. Cela peut faire, au contraire, du bien. C’est aussi le message que je voudrais transmettr­e. »

« Ma mère m’a fait promettre de me battre pour le bien des malades »

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Jennifer Derrien, au premier plan, avec des bénévoles de la Rose Espoir : « J’avais toujours dit que je ne pourrai pas parler le jour de l’enterremen­t de ma mère, mais je l’ai fait. Alors, pour la Rose Espoir… »

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