L'Écho de l'Armor et de l'Argoat
Delfim da Silva : son parcours rocambolesque
Delfim et Christine da Silva, entourés de leurs 6 salariés, ont fêté les 20 ans de leur entreprise. Une très belle aventure, qui débute à des centaines de kilomètres d’ici…
« Nous avons dû prendre des passeurs pour arriver en France »
« Nous avons créé notre entreprise en mars 1997, à Kerny, en Plouagat et c’est également cette année-là que nous nous sommes mariés.»
1997, sacrée année pour Delfim et Christine. En réalité, leur rencontre remonte à 1975 quand lui vint en vacances en Bretagne.
Né au nord du Portugal
Ce rayon de soleil est tombé à pic pour Delfim quand ses débuts dans la vie ne furent pas des plus faciles. « Je suis né dans le nord du Portugal. Nous étions 11 gosses âgés de 21 ans à 11 mois. Mon père était maçon. » Alors pour contribuer à faire bouillir la marmite, Delfim doit s’y mettre aussi : « De 10 à 12 ans, j’ai fait des journées entières de travail. Je n’allais pas à l’école. »
Puis le père a réussi à trouver du travail en France. Pas la fortune, plutôt un salaire de misère, insuffisant pour nourrir une famille si nombreuse restée au pays. Du coup, un jour la décision tombe : direction la France. Facile à dire mais à faire, car si le père avait des papiers, « nous n’en n’avions pas pour franchir légalement la frontière et nous étions 14. »
Il leur a donc fallu d’abord esquiver les douaniers espagnols puis français. « Nous avons dû prendre des passeurs. » Ce qui n’arrangea pas leurs faibles économies.
« Ce dont je me souviens est que nous sommes passés du côté d’hendaye et qu’après la frontière nous avons été hébergés deux jours chez… des policiers », raconte Delfim avec le sourire.
A 15 dans une DS Break
Tout aussi incroyable est le trajet ensuite vers Paris « car nous l’avons effectué en DS Break. Super-confortable, me direz-vous, sauf que nous étions 15 à bord. Vous imaginez ? » C’est l’arrivée en région parisienne dans deux cabanes de chantier plantées au milieu d’un champ.
« Ma chance est d’avoir eu affaire à une assistante sociale d’origine brésilienne.» Donc qui comprenait le Portugais. « Comme je m’occupais de la paperasse, des contacts, c’est comme ça que j’ai appris le français en deux mois ! »
C’est avec la même ardeur que Christine et lui démarreront leur entreprise de bâtiment (enduits, joints, isolation par l’extérieur). « L’un de nos premiers chantiers a été une maison de 200 mètres carrés à talocher… ». Pas de quoi s’ennuyer.
Leur attachement à Plouagat s’est retrouvé également dans l’engagement de Delfim au service des autres en tant que conseiller municipal, fonction qu’il assure depuis des années avec dévouement.