Philippe Hui : «Je base la relation avec les musiciens sur l’amour de la musique et de l’humanité»
Onze ans après sa création, la Philharmonie des Deux Mondes continue d’aller de succès en succès. Son créateur, le Nazairien Philippe Hui, a pu ainsi concrétiser ses envies de transmission. Un projet de coeur qu’il imaginait depuis longtemps.
Voilà onze ans que le nom de Philippe Hui circule dans la vie culturelle nazairienne. Avec un autre, accroché comme un trophée : celui de la Philharmonie des Deux Mondes. Une ambition folle de vouloir amener la musique classique dans les coursives de mondes où l’on n’a pas l’habitude de l’écouter. Le succès est là à chaque fois. Rencontre avec le chef d’orchestre, en remontant le fleuve des souvenirs.
Venu de l’orchestre de l’opéra de Paris
La rencontre entre le Parisien et la cité navale s’est produite en 2007. « Tombé amoureux d’une Nazairienne », Philippe Hui s’installe en bord de Loire. Il aime d’emblée « l’identité forte » de la ville mais souffre d’une étiquette de la capitale qui lui colle à la peau. Celui a qui a passé treize ans à l’Orchestre national de l’opéra de Paris a bien des projets en tête mais sent surtout de la méfiance « voire de la défiance» quand il les confie aux Nazairiens. Pourtant, «cela faisait longtemps que j’y pensais». À quoi? À une idée hors des clous : aller jouer là où les orchestres ne jouent pas d’habitude. Les écoles, les quartiers.
Loin en tout de l’orchestre national de l’Opéra de Paris, dont le musicien ne s’est pourtant jamais lassé — il y est d’ailleurs régulièrement invité. «J’ai eu de la chance de participer à des productions extraordinaires. Avec au-dessus de tout Orphée et
Eurydice de Gluck, chorégraphié par Pina Bausch en 2009. Une émotion comme j’en ai rarement ressentie. L’opéra, c’est une récréation formidable, mais il existe une vie à côté ».
Chef d’orchestre, « il faut être fabriqué pour ça »
Était-ce le rêve de Philippe Hui que de diriger cet orchestre ? «Je ne sais pas répondre à cette question. Ce que je voulais, c’est être musicien». Le pianiste s’est néanmoins vite découvert des qualités de leader qui mène à ce pupitre particulier dans l’orchestre. « Il faut être fabriqué pour ça. Et je crois que je l’étais ». Il trouve ainsi un équilibre entre les différentes parties de sa personnalité, sociable, curieux, évidemment passionné mais aussi avec l’envie de convaincre et inspirant la confiance. « Oserais-je le dire ? Je base la relation avec les musiciens sur l’amour, celui de la musique, celui de l’humanité. Cette dimension est fondamentale pour moi ».
L’amour de la musique, lui, est là depuis toujours. Avec un père qui jouait du piano en rentrant du travail le soir, « à 5 ans, j’ai simplement voulu faire comme lui. Apparemment j’étais doué. Je n’ai jamais quitté le piano ». Même dans Épitaphe, le groupe du rock, auquel il participe entre l’âge de 15 et 20 ans avec des amis de son groupe de scouts.
L’après-Philharmonie
Après l’avant, passons à l’après. Aujourd’hui, le succès de la Philharmonie des Deux Mondes le «bouleverse. J’ai beaucoup de fierté d’avoir réussi à créer quelque chose qui ressemble tout à fait à ce que j’avais espéré ». Quel avenir pour la formation de 35 musiciens ? « Le plus important, c’est qu’elle puisse exister sans moi. Ce sera la réussite ultime ». Le chef d’orchestre ne veut pas dire quel délai il se donne, mais on sent bien chez lui d’autres envies. « J’ai de multiples centres d’intérêt dans ma vie, la littérature, le cinéma, la politique. ». Il y a aussi une vie à côté de la Philharmonie.
■ Prochains concerts avec Vivaldi, Mozart et Roussel au Théâtre Jean-Bart à SaintNazaire vendredi 12 janvier à 20 h 30, samedi 13 janvier à 20 h 30 avec la participation de la Philharmonie des quartiers et dimanche 14 janvier à 16 h. Tarifs : 22 € plein,
10 € moins de dix ans. Rens. 06 75 50 63 03.