L'Écho de la Presqu'île (PG)

Vol et recel : le futur papa part en prison, son coprévenu ressort libre

Interpellé­s en flagrant délit de recel de vol le jour de Noël, deux Nazairiens ont comparu trois jours plus tard devant le tribunal correction­nel.

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Dans le box des accusés du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire, ils sont deux en cette fin d’après-midi du jeudi 28 décembre. L’un vient d’avoir 19 ans. Il ne sera pas là dans quatre mois pour la naissance de son enfant, car à l’issue de son procès, il est maintenu en détention. Un univers qu’il connaît puisqu’il a déjà séjourné 23 mois derrière les barreaux. Il est libre depuis avril 2023.

Son coprévenu a 18 ans. Lui aussi a déjà été incarcéré. Ils ne sont pas en bons termes, le plus jeune disant craindre le premier parce qu’il est « le plus faible ». S’ils sont jugés en comparutio­n immédiate, c’est parce que le 25 décembre, vers 18 h 30, rue de l’Ile du Pé, des policiers ont remarqué un véhicule volé deux jours plus tôt. Ils ont appelé la dépanneuse et attendaien­t sagement, lorsqu’un individu a essayé en vain de démarrer le Nissan Qashqai… Ils sont formels : gants, bonnet, capuche… ne les empêchent pas d’identifier le plus âgé. Un second, qui serait son coprévenu, arrive et prend la fuite. Trop d’incertitud­es dans le dossier font que ce dernier n’a pas été poursuivi pour ce recel.

Lors de la perquisiti­on au domicile de la maman du principal mis en cause, où il vit avec la future maman de 18 ans, les policiers trouvent un pistolet automatiqu­e. Selon la présidente, Marine Jan, il s’agit d’une arme de catégorie D bricolée, passée en catégorie B et donc plus dangereuse, offerte par son père, comme ce dernier le reconnait. La juge s’en étonne et interroge le prévenu qui répond : « C’était pour me protéger, pour intimider, car quand vous avez dix à quinze personnes au bas de chez vous… » « Vous aviez des dettes ? », poursuit la présidente. « En quelque sorte ! », dit le Nazairien qui allègue « ne pas savoir qu’elle était trafiquée ». Il n’est pas bavard, mais concède que tout cela était en rapport avec « ses histoires du passé ».

Accusation­s mutuelles

En ce qui concerne le deuxième épisode jugé, il s’est déroulé le 28 octobre. Le plus jeune explique qu’avec un troisième larron, son coprévenu est venu le chercher chez lui. Ils se sont rendus chez le troisième, où ils ont bu… mais les vivres manquant, ils ont décidé d’aller faire le plein dans un hypermarch­é. Selon leur hôte, c’est le plus âgé qui a pris le volant de son véhicule. Les deux coprévenus se sont dirigés vers le rayon des alcools, alors que leur hôte allait chercher les diluants. Sauf qu’il pourrait les attendre encore près de la caisse… car le duo a préféré partir avec sa Peugeot 307. Elle sera retrouvée endommagée, rue Robespierr­e.

Les deux prévenus se sont accusés mutuelleme­nt. Le plus jeune ayant précisé : « J’ai peur qu’il m’envoie des gens. Le 18 décembre, il a cassé la voiture de ma mère parce que je ne lui parlais plus ». L’autre affirme qu’il n’a jamais conduit, qu’il n’y a que des mensonges.

La procureure, Marie-Céline Loubaresse affiche son inquiétude : « L’un nous dit qu’il ne savait pas que le véhicule était volé, on retrouve une arme de plus d’un kilo dans sa chambre, l’autre évoque la crainte, mais pourquoi se trouvait-il encore avec lui le 28 octobre?» Elle regrette que le placement sous bracelet électroniq­ue du plus jeune ne lui a pas servi, qu’il a menti, qu’il ne prend pas ses responsabi­lités. À ses yeux, la situation des prévenus « est désespéran­te ». Certes, poursuit-elle, le plus âgé évoque «ses histoires du passé, mais à l’issue de son incarcérat­ion, il n’a pas fait le choix de sa réinsertio­n… »

Son avocate, Me Clémentine

Riffaud plaide pourtant la relaxe, tant pour le recel de la Nissan que pour le port d’arme, ajoutant que depuis qu’il sait qu’il va être papa : «il veut vous prouver que vous pouvez lui faire confiance ».

Sa consoeur, Me Sophie Guillermin­et, argue que non, il n’était pas là le 25 décembre : « il est resté en famille toute la journée», faits pour lesquels il n’est pas poursuivi, mais ajoute : « On veut lui rajouter ceux du 28 octobre, alors que c’est son coprévenu qui avait les clés. Les textos relevés sur son téléphone montrent combien il était sous pression». Elle précise que depuis juillet, il a toujours travaillé, qu’il n’a jamais été condamné pour violences, et décrit la peur qui le hante.

Les deux jeunes ont été reconnus coupables des faits du 28 octobre. Celui de 19 ans est maintenu en détention, condamné à douze mois de prison ferme auxquels s’ajoutent les cinq qu’il avait au-dessus de la tête. Il a interdicti­on de port d’arme pendant cinq ans. L’autre ressort libre, avec une peine de six mois de prison ferme aménageabl­es.

Les intérêts civils des deux victimes, absentes à l’audience, seront débattus ultérieure­ment.

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