Salariés non-payés sur le chantier de la raffinerie : « Non, ce n’est pas réglé »
C’est peu dire que la déclaration de la direction concernant la situation de salariés nonpayés sur le chantier de la nouvelle unité de la raffinerie (lire notre édition de la semaine dernière) a mis Fabien Privé SaintLanne hors de lui. Le secrétaire général de la CGT n’en démord pas : « Lorsqu’ils disent que la situation est réglée, n’est pas vrai, c’est tout ».
Pour preuve, le syndicat majoritaire de l’entreprise a réussi vendredi 1er mars à convaincre deux ouvriers roumains concernés de rencontrer les journalistes pour témoigner. Gheorghe et Georgian ont 47 et 57 ans. Non, ils n’ont pas été payés depuis décembre. « Leur paie de décembre, ils l’ont reçue mi-février, sans bulletin de salaire ». Oui, s’ils avaient su comment cela se passait, ils ne seraient pas venus. Ce qu’ils veulent : retourner dans leur pays pour retrouver leurs familles qui réclament leur présence. Ils ont pris l’avion le lendemain matin.
« C’est bien Total le donneur d’ordre »
Ils ne sont pas les seuls à rester sans argent. « On sait qu’il y a également huit
Ukrainiens concernés ». Tous embauchés par la même entreprise d’intérim, C & G Multiservices, au quatrième maillon de la chaîne de sous-traitance sur ce chantier. « Mais tout en haut, c’est bien TotalEnergies le donneur d’ordre. C’est eux qui doivent payer. Ils ont suffisamment de recours juridiques pour se faire rembourser ensuite ». La CGT estime à 65 000 € la somme des salaires dus, « une goutte d’eau pour Total ».
Le problème supplémentaire, c’est que c’est la quatrième fois qu’une histoire de salariés nonpayés se produit sur un chantier de la raffinerie. Lors de l’affaire Cipa, « on avait dû intervenir à l’ambassade de Roumanie ». Fabien Privé Saint-Lanne avait même fait une grève de la faim de 16 jours lors de l’affaire Cipa. « Une ou deux fois, cela peut être de la malchance de tomber sur une entreprise défaillante. Quatre fois, c’est un système ».
Contactée, l’entreprise n’a pas donné suite.